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OUESNEL. DISCUSSIONS AUTOUR DE LA BULLE

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mandements épiscopaux qui la firent connaître aux fidèles ne terminèrent point les discussions soulevées par le cas de conscience. Les jansénistes trouvèrent des distinctions qui leur permirent de se soumettre à la bulle, sans pourtant abandonner leurs positions. L’Histoire du cas de conscience, t. vii, p. 197-250, rappelle un grand nombre d'écrits qui parurent presque aussitôt après la bulle et qui, sous des formes diverses, en combattent la doctrine, les principes ou les conclusions, et d’autres qui s’appliquent à en défendre les thèses.

Les défenseurs.

La lettre du chanoine Denys,

théologal de Liège, qui avait eu des démêlés avec les jésuites, avait pour but de faciliter la signature du Formulaire, imposée parla bulle ; elle avait pour titre : Epistola theoloyi cujusdam Leodiensis de subscriplione /ormulani.

Cette lettre fut vivement attaquée par la Dénonciation d’une lettre latine qui commence par ces mots : Révérende admodum, du P. Bekman, jésuite de Liège, d’après lequel la lettre du chanoine « est un dangereux écrit, où il y a du venin artificieuseinent répandu, car la lettre autorise le parjure, rétablit le silence respectueux sous une forme équivoque et porte le caractère de l’esprit janséniste » ; en effet, elle ne reconnaît pas l’infaillibilité de l'Église dans les faits dogmatiques, sans laquelle on n’est pas obligé de croire ce qu’elle décide, puisqu’alors la chose décidée reste toujours incertaine. Fénelon répondit au même écrit du chanoine Denys dans sa Lettre à un théologien servant de réponse à un libelle latin et anonyme, 1706, dans Œuvres de Fénelon, t. xiii, p. 449-494. L’archevêque de Cambrai reconnaît que la lettre du chanoine Denys est douce, insinuante et bien écrite », mais il ajoute qu’elle est pleine d'équivoques lorsqu’elle conseille à ses amis de signer le formulaire, soit qu’ils n’aient jamais entendu parler du fait de Jansénius, soit qu’ils aient des doutes au sujet de la signature, car l'Église est une grande autorité, soit qu’ils aient quelque scrupule sur le serment, car le serment ne signifie qu’une chose, à savoir qu’on souscrit avec sincérité. Ainsi on condamne les cinq propositions, par obéissance et avec leur mauvais sens, quel qu’il puisse être, que l'Église prétend trouver dans Jansénius. (Test aussi à cette date, le 10 décembre 17(15, que fénelon répondit à la première lettre de l'évêque de Saint-Pons. L'écrit intitulé La justification du silence respectueux, en 1707. consacrera presque tout le t. m à réfuter les thèses de Fénelon sur l’infaillibilité de l'Église dans les faits dogmatiques.

lui 170b' parut un recueil intitulé : Divers écrits toui liant la signature du formulaire par rapport à la dernière constitution de N. S. P. le pape Clément XL En tête se trouvent les Nouveaux éclaircissements sur la signature du Formulaire et des Réflexions sur la lettre latine écrite de Liège, V avril 1706. Dans ce dernier écrit, on lit qu’on doit examiner un ouvrage avant de signer, afin de savoir à quoi on s’engage ; sans cela on est exposé au parjure, que l’ignorance n’excuse point ; d’autre part, l’obéissance qu’on doit à l'Église a des limites, et une croyance commandée reste suspecte. Après avoir dit que les constitutions des papes ne sont point par elles-mêmes des jugements canoniques, l’auteur conclut : « Je demeure donc persuadé plus que jamais qu’on ne peut signer en conscience le Formulaire, sans commettre un mensonge, un faux témoignage et un parjure, à moins qu’après un examen suffisant on ne soit convaincu que le livre de Jansénius contient les erreurs des cinq propositions, que celles-ci en sont extraites et qu’elles y sont dans le sens propre et naturel que ces propositions présentent à l’esprit. » La seconde partie des Nouveaux éclaircissements contient un petit écrit composé par Nicole, en 1668, à propos d’une thèse de M. Dumas, l’auteur

présumé de l’Histoire des cinq propositions. Dans cette Histoire on affirmait qu’on doit croire, non de foi divine, mais de foi humaine ecclésiastique, les faits décidés par l'Église. Or, Nicole réfutait par avance tout ce qu’on venait d’affirmer tombant l’infaillibilité de l'Église sur les faits dogmatiques. Si d’ailleurs cela était vrai, on devrait croire de foi divine, et non point simplement de foi ecclésiastique ; enfin, même en admettant l’infaillibilité de l'Église, un ne saurait obliger à croire le fait de Jansénius, car cette décision n’est pas un jugement de l'Église ni un jugement reçu par le consentement de toute l'Église.

Les thèses du théologal de Liège sont encore attaquées dans un écrit qui parut sous le titre : Réponse à la lettre de M.**, où l’on réfute les raisons qu' il allègue pour prouver que, depuis la nouvelle constitution de S. S. P. le pape Clément A'/, on peut et on doit signer parement et simplement le Formulaire ; cette Réponse est datée du 20 avril 1706. Elle discute en détail les thèses de Denys et montre que le fondement en est frivole, car le consentement des évêques n’est qu’apparent. Ceux qui agissent sur la seule parole du pape ne sont pas exempts de mensonge et de parjure, et les jansénistes qui refusent de signer ne sauraient être accuses de mépriser l’autorité de l'Église et de préférer leurs propres jugements à celui de l'Église, puisque celle-ci n’a pas parlé. L'écrit de Nicole intitulé Examen d’un écrit de M. Direis, docteur île Sorbonne, louchant la soumission qu’on doit aux jugements de l'Église sur les livres, avait été composé en 1664, mais il était resté inédit et il ne fut publié qu’en 1706 pour réfuter la thèse du théologal de Liège : les jansénistes qui refusent de signer ne sont ni présomptueux ni téméraires, et ceux qui ne veulent pas admettre le fait de Jansénius ne sont nullement hérétiques.

Les écrits se multiplient et s’opposent avec une extraordinaire rapidité sur la question de l’infaillibilité de l'Église touchant les jugements qu’elle porte sur les faits dogmatiques, et l’on tire les conclusions des thèses soutenues : les uns déclarent qu’on doit signer le formulaire imposé par la bulle Yineam Domini, les autres qu’on ne saurait le souscrire, à moins que la bulle ne soit préalablement acceptée par l’ensemble des évêques. L’archevêque de Cambrai fut le principal avocat de la première thèse dans les écrits qu’il publia a cette date et dont voici les plus importants : Réponse et un évêque sur plusieurs difficultés qu’il lui a proposées au sujet de ses instructions pastorales, 1706 {Œuvres, I. xii, p. 241-288), et Réponse èi lu deuxième Ici Ire de M. l'évêque de Meaux du II septembre 170(i (ibid., t. xii. p. 301-376). Lettre à un théologien au sujet

ileses instructions pastorales [ibid., t.xii, p. 379- U0). Réponse a lu première lettre de Mgr l'évêque de Saintl’ons. 10 décembre 1705 (ibid., t. XII, p. 113-172), et Réponse éi la seconde lettre (ibid., t. XII, p. 173-588). — Lettres èi l’occasion d’un nouveau système sur le silence respectueux {ibid.. I. xiii. p. 149-622) : ce sont quatre lettres dont la première est adressée à un théologien au sujet de l’ouvrage du théologal de Liège ; la seconde répond a une Relire île Liège et à un ouvrage intitulé Defensio auctoritatis Ecclesise (p. 195550) ; la troisième (p. 551-585) est adressée à S.A.S.E. Mgr l'évêque de Cologne, au sujet de la protestation de. l’auteur anonyme d’une lettre latine et du livre intitulé Defensio auctoritatis Ecclesise ; enfin la quatrième (p. 585-622) est adressée à Monsieur N… sur un écrit intitulé Lettre èi Son Altesse serénissime électorale l'électeur de Cologne, au sujet de la lettre de M. l’archevêque de Cambrai à Son Altesse électorale de Cologne, contre une Protestation d’un théologien de Liège. Ces quatre lettres lurent écrites à l’occasion’du système de l’abbé Denys, théologal de Liège. — Enfin et surtout l' Instruction pastorale sur le livre intitulé