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REMI DE REIMS — RENAUDOT (EUSÈBI- ;


nous a été conservé en deux versions différentes. La plus longue, citée par Flodoard, i, 19, est sûrement interpolée ; la seconde, donnée par Hincmar, peut être authentique dans l’ensemble, bien que le texte tel qu’Hincmar le transcrit ait été altéré en plus d’un endroit. Cependant B. Kruseh, dans un article du Nettes Archiv, t. xx, 1895, p. 538 sq., combat même l’authenticité de la recension brève. Ce testament n’est pas sans intérêt pour l’histoire de la propriété ecclésiastique aux temps mérovingiens. Il n’ajoute pas grand’chose à notre connaissance de la physionomie spirituelle de saint Rémi.

Au temps d’Hincmar, on croyait connaître une lettre du pape Hormisdas à saint Rémi, lettre par laquelle le pape instituait l'évoque de Reims son vicaire pour la Gaule. Jaffé, n. 866. Cette lettre, destinée à favoriser les prétentions de 1 Église rémoise n’a pas de valeur historique : ce n’est pas au moment où saint Césaire d’Arles venait de voir reconnues, dans une certaine mesure, les prérogatives de son siège, que l'évêque de Reims aurait pu obtenir pour lui-même un privilège encore plus étendu.

Saint Rémi mourut en 533, laissant une très grande mémoire. Sa fête est marquée au 1 er octobre dans le martyrologe hiéronymien : elle n’a pas cessé d'être célébrée à Reims et dans l'Église de France.

Acla sanctorum, octobre t. i, Paris, 1866, p 88-196. Les lettres et le testament de saint Rémi figurent P. L., t. lxv, col. 963-975 ; une nouvelle édition des lettres a été donnée par W. Gundlach, dans Mon. germ. hisi., Epist., t. iii, p. 112-116.

G. Bardy.

RENAUDOT Eusèbe (1648-1720), né à Paris, le 22 juillet 1648, était (ils du médecin Eusèbe Renaudot et petit-fils de Théophraste Renaudot, fondateur de La Gazelle de France ; il lit ses études à Saumur et entra d’abord à la congrégation de l’Oratoire ; il étudia les Pères et les langues orientales et fut professeur à Juilly ; mais il quitta bientôt l’Oratoire et revint dans sa famille. Tout en s’occupant avec son père de la Gazette de France, il poursuivit ses études sur les langues orientales. Grand ami de Bossuet, qu’il encouiagea à combattre Richard Simon, il fut en relation étroite avec Boileau, Racine, La Bruyère et entra à l’Académie française en 1689 et a l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1691. Ami des bénédictins, des théologiens de Port-Royal, il fut le conclaviste du cardinal de Noailles, en 1700. Après l'élection de Clément XI, qui l’exhorta vivement à poursuivre ses études, il resta à Rome jusqu’en septembre 1701. Il revint à Paris, où il mourut, le 1 er septembie 1720, laissant aux bénédictins de Saint-Germain-des-Prés, tous ses ouvrages imprimés et manuscrits. Renaudot fut un ardent partisan du gallicanisme, un ami des jansénistes, en particulier d’Arnauld et de Nicole, et plus tard du cardinal de Noailles et de Quesnel.

Eusèbe Renaudot fut un travailleur extraordinaire : sorti de l’Oratoire, le 1 er avril 1672, épuisé de fatigues et âgé seulement de vingt-cinq ans, il collabora à La perpétuité de la foi, qu’Arnauld et Nicole avaient publiée en 1663. Le pasteur Claude avait répliqué parla Réponse aux deux traités intitulés : La perpétuité de la foi de l'Église catholique touchant l’eucharistie, Paris, 1665, in-8°. Pour réfuter l’ouvrage du ministre Claude, Arnauld et Nicole firent appel à Renaudot, qui leur fournit la traduction de plusieurs documents orientaux ; Arnauld, dans la préface du t. iii, fit un grand éloge de la traduction et du traducteur. Le grand ouvrage fut terminé par Renaudot en 1713 : c’est un recueil précieux de théologie positive sur les sacrements et, en particulier, sur l’eucharistie. Parmi les écrits de Renaudot, il faut citer aussi le Jugement du public et particulièrement de M. Renaudot sur le Dic tionnaire critique de M. Bayle, in- 4°, Rotterdam, 1697, publié par Jurieu, et auquel Bayle répondit par des Réflexions sur un imprimé qui a pour titre : Jugement du public ; Jurieu, réfuta l'écrit de Bayle dans une Lettre. — Défense de la Perpétuité de la foi contre les calomnies et les faussetés du lit>rc intitulé : Monuments authentiques de la religion des Grecs, Paris, 1708, in-8°, dirigé contre Bayle et contre Aymon, prêtre dauphinois qui apostasia en Hollande (Journal des savants du 31 mai 1709. p. 220-229). Renaudot publia, peu après, une partie des pièces justificatives de ce travail sous le titre : Gennadii patriarchæ Conslanlinopolilani Homeliæ de sacramento eucharisties, Mclelii Alexandrini, Neclarii Hierosoltjmitani, Melelii Stjrigi, et aliorum de eodem argumenta opuscula, græce et latine, sett appendix ad acla quie circa Grcccorum de transsubstantiatione [idem relata sunt in opère de Perpeluilale [idei, Paris, 17(19, in-4° (Journal des savants du 6 janvier 1710, p. 3-11). En 1711, Renaudot publia le t. iv de la Perpéiuilé de la foi, pour donner des suppléments à l'œuvre d’Arnauld et de Nicole, et en 1713, 1e t. v sur les sacrements. Cet écrit termine l'œuvre apologétique entreprise par Arnauld. La meilleure édition est celle de 1781-1782.

Renaudot continua ses travaux par Hisloria palriarcharum Alexandrinorum, jacobitarum a D. Marco usque ad finem sœculi xii I, cum catalogo sequentium palriarcharum et collectaneis historicis ad ullima tempora spectantibus, Paris, 1713, in-4°. — Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahomélans qui y allèrent dans le i Xe siècle, traduites de l’arabe, avec des remarques sur les principaux endroits de ces relations. Paris, 1718, in-8°. Le P. Prémare, jésuite, dans les Leltres édifiantes de 1724, t. xxi, p. 448-482, releva plusieurs erreurs élans ces Relations. Sur tous ces écrits, voir Villien, L’abbé Eusèbe Renaudot, p. 124-145.

Mais l'œuvre capitale de Renaudot est son œuvre liturgique, qu’on trouve dans l'écrit intitulé Liturgiarum orienlalium collectio, Paris, 1715-1716, 2 vol. in-4°. Ce travail fut attaqué dans le Journal littéraire de La Haye de 1717, t. ix, p. 217-240, par une Lettre envoyée de Cologne, datée du 27 janvier 1717 et sans signature : elle était intitulée Défense de la mémoire de M. Ludolf. Renaudot réplieiua par une Défense de l’histoire des patriarches d’Alexandrie et de la Collection des liturgies orientales, Paris, 1717, in-12. L’Europe savante, t. x, p. 231-280, et t. XI, p. 28-69, attaqua les affirmations de Renaudot sur la liturgie éthiopienne ; de même, le savant Assémani dans sa Bibliothèque orientale, mais seulement sur epjelques points de détail ; cf. Villien, ibid., p. 182-256. Renaudot avait aussi rédigé un assez grand nombre de monographies sur les rites orientaux, touchant les sacrements ; ciuelquesunes ont été publiées par Henri Denzingcr, professeur à l’université de Wurtzbourg : Ritus orienlalium, coptorum, syrorum, armenorum in adminislrandis sacramentis ex Assemanis et Renaudotio, 2 vol. in-12, Wurtzbourg, 1863-1864. De nombreuses dissertations théologiques, restées manuscrites, se trouvent à la Bibliothèque nationale, nouv. acquisitions, n. 7456-7.500 (voir Inventaire sommaire des manuscrits de Renaudot, par H. Omont, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1890, p. 270-297). Benaudot avait de très nombieux corresponelants et la plupart de ses lettres sont restées inédites, en particulier à la Bibliothèque nationale plusieurs ont été publiées dans la Correspondance de Lossuel, édil. Urbain et Levesque, et l’abbé Fr. Albert Dullo a édité trois volumes de correspondance avec le cardinal Fr. Marie de Médicis, Paris, 1915-1926, in-8°.

Michaud, Biographie universelle, t. xxxv, p. 410-412 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xli, col. 997-999 ; Moreri, Le grand dictionnaire historique, t. ix, p. 129-131 ; Gros de Boze, Notice sur Renaudot, dans l’Histoire de l’Académie des Inscriptions, t. v, p. 384 sq. ; Journal littéraire