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QUESNEL. L’ASSEMBLÉE DU CLERGÉ DE 1700

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Sur cette question du livre de Bossuet voir en sens oppoI ses : Guettée, Essai bibliographique sur l’ouvrage de Bossuet intitulé Avertissement sur le livre des Réflexions morales », in-12, Paris. 1854 ; Yse de Saléon, Lettres à Mgr l'èvêque de Troyes sur les sentiments de M. Bossuet contre le jansénisme, surtout la troisième lettre du 1>."> nov. 1731 ; Albert Le Roy, Lu Irunee et Rome île 1700 à 1715, in-.S". Paris, 1892, p. 60-68 (très partial en faveur de Quesnel) ; Ingold, Bossuet et le jansénisme, in-8°, Paris, 1897 el 1904 ; Compte rendu fait par l’abbé Urbain, dans la Revue' du clergé français, t. xi, 1° juill. 1897, p. 260-265.

VIII. Le fansénisme a l’assemblée du clergé de 1700. Condamné à Rome par un décret du 2 juillet 1700, le Problème n’y fit point pourtant beaucoup de bruit, et la réputation de Noailles n’en souffrit pas trop puisque, sur la demande faite par le roi le Il décembre 1699, l’archevêque de Paris lut créé cardinal par Innocent XII le 21 juin 1700. Celle année 1 700 marque l’apogée du crédit de Noailles. Les lettres que lui écrit.Mme de Maintenon sont pleines de confiance. Lui-même partit pour Rome le 13 octobre 1700 pour y aller rejoindre au conclave les trois cardinaux français : d’Estrées, de Janson et de Coislin ; Innocent XII, en effet, était mort le 27 septembre. Le cardinal Jean-François Albani fut élu pape, le 23 novembre 1700, sous le nom de Clément X I. el ce fut lui qui, le 18 décembre, remit le chapeau à Noailles, dans le premier consistoire public.

Après les polémiques soulevées par le Problème ecclésiastique, les discussions semblèrent se calmer en France : l'édition des lie flexions morales de 1699 parut sans l' Avertissement que Hossuet avait préparé, mais il y eut cependant, comme un véritable chassé-croisé de libelles français et latins, la plupart venus des Pays-Bas et inspirés, sinon rédigés par Quesnel et ses amis. Dans une lettre à Ou Vaucel. le 17 octobre 1699, Quesnel annonçait la publication « de trois petits volumes in-12, le Wendrock entier en français » ; ce sont les notes de Nicole sur les Lettres provinciales. La traduction était l'œuvre de Mlle de Joncoux, qui va prendre une grande place dans les rangs des jansénistes. Quesnel s’indigne contre Monsieur de Chartres, qui fait du pis qu’il peut contre les bons livres, et particulièrement contre les Réflexions ». et, le 8 mai 1700, il parle d’un écrit des jésuites : Décision d’an cas de conscience touchant la lecture du Nouveau Testament du P. Quesnel de l’Oratoire, où l’on conclut qu’on ne peut lire ce livre parce qu’il insinue, en une infinité d’endroits, les principaux dogmes de l’hérésie jansénienne ». D’autre part, on répandait partout un écrit intitulé Augustiniana Ecclesise Romanse doctrina a cardinalis Sfondrati Nodo extrieata, per varias sancti Augustini discipulos. Cet ouvrage imprimé à Cologne, sans nom d’auteur, niais avec l’approbation du théologal de la cathédrale d’Anvers. à la date du Il mars 1700, était dédié à l’assemblée du clergé qui allait bientôt se réunir. L’auteur priait cette assemblée de condamner plusieurs propositions du livre du cardinal Sfondrate : Nodus prsedestinationis dissolulas ; sous le couvcrl de saint Augustin on rééditait toute la doctrine janséniste.

L’assemblée du clergé qui se Uni à Saint-Germain, du 25 mai au 21 septembre 1700, ne devait s’occuper que des comptes du clergé el ne comprenait que deux députés paiprovince. Mais il était impossible qu’on n’y parlât poinl de questions doctrinales et morales, car il y avail alors, à Paris et en province, de graves discussions qui auraient fatalement leur écho à l’as semblée : le quiélisme et la condamnation du livre de Fénelon, les attaques des adversaires du probabilisme contre les casuistes et la morale relâchée, les libelles répandus eu France pour ou contre le jansénisme. Bossuet, malgré son grand âge. fui l'âme de l’assemblée, bien qu’il n’en fût pas le président. On a

dit que l’archevêque de Reims, Le Tellier, frère de Louvois, manœuvra pour faire écarter Hossuet de cette présidence ; mais cette affirmation est certainement erronée : l’assemblée de 1695 avait décidé, lorsque son unique président. M. de Ilarlav, mourut subitement durant l’assemblée, qu’on nommerait désormais plusieurs présidents et non point, comme on l’a dit, quatre présidents, dont deux archevêques et deux évêques. Conformément à cette décision, l’assemblée de 1700 nomma comme présidents les deux archevêques de Reims et d’Auch : Le Tellieret de La Heaume de Siize ; Noailles. l’archevêque de Paris, n'était pas député a rassemblée et il n’y fui admis que comme archevêque diocésain et président honoraire.

Bossuet avait â l’avance tracé le programme de l’assemblée dans deux Mémoires qui furent présentés au roi par Mme de Maintenon, le juin 1700. Dans le premier Hossuet indiquait l'état de l'Église de France : péril janséniste, manifesté par une infinité d'écrits latins, venus des Pays-Bas, où l’on demande ouvertement la revision de l’affaire de Jansénius et fies constitutions qui ont condamné les cinq propositions, où on blâme les évêques de France d’avoir accepté cette condamnation et où ou renouvelle les propositions condamnées » ; le second Mémoire dénonce les excès de certains casuistes « prêtres et religieux de tous ordres et de tous habits qui, ne pouvant déraciner les désordres qui se multiplient dans le momie, ont (iris le mauvais parti de les excuser et de les déguiser ». Louis XIV permit a l’assemblée d’aborder ces graves questions de dogme et de morale.

Dès le 26 juin, le président de l’assemblée, l’archevêque de Beims, signala l’ouvrage intitulé Augustiniana Ecclesise romanse doctrina, qui attaquait le cardinal Sfondrate et renouvelait le jansénisme, mais il ajoutait : « Il est pareillement de notre devoir de nous déclarer contre les autres erreurs dont nos Églises sont trop souvent troublées et, en particulier, contre la morale relâchée, et de le faire avec autant de vivacité et de force contre les erreurs que de charité et de modération pour les auteurs. » Après quelques observations, on décida de nommer une commission composée de douze membres : six prélats, à savoir les évoques de Meaux, de Châlons, de Hennés, de Cahors, de Séez et de Troyes et six prêtres : Caumartin, Pomponne, Hossuet, Louvois, Mazuyer et Brochenu. Procès-verbal de l’assemblée de clergé de 1700, p. 173178. L'èvêque de Meaux fut élu président de la commission ; aussitôt, les jansénistes manifestèrent leurs inquiétudes. Dès le 3 juillet, dans une lettre à Ou Vaucel, Quesnel s'élève contre Hossuet. < qui a déclamé à outrance contre les jansénistes et se plaint de ce grand nombre de libelles qu’ils répandent » ; il ne comprend pas (prune assemblée d'évêques s’occupe de si minces détails (Correspond., t. ii, p. ! > : ">) ; le 10 juillet, il écrit : « M. de Meaux est si échauffé et parle si ponti fiscalement et si pal riarcalement qu’il pourra bien entraîner les autres dans son entêtement et faire faire quelque condamnai ion saugrenue de ['Anti-Nodus… Les évêques de cour ne sont bons qu'à s’opposer à la vérité el à ruiner la paix de l'Église… Ibid. Il COnnaîl les membres de la commission et il les juge, sauf deux ou trois, malintentionnés, mais il espère que Noailles ne souffrira pas un examen de la dod rine dans son diocèse, â moins qu’il ne lasse pari le de la commission, car < ces messieurs sont des ju’j>s arbitraires hors de chez eux ». Le 21 juillet. Quesnel demande â Ou Vaucel de prier pour Monsieur de Meaux. qui n’est ni pur augustinien ni pur thomiste, mais qui des deux a pris ce qui convient à ses idée--. Il est aussi puissant dans sa situation présente qu’il est dangereux. Rien que Dieu ne peut lui résisler. Il continue â déclamer, a jeter feu et flamme contre le