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REIFFENSTUEL (ANACLET)


bayerischen Franziskanerprovinz, édité par B. Lins, t. ii, p. 193, il serait mort à l’âge de 63 ans en 1703. Il entra dans l’ordre des frères mineurs réformés de la province de Bavière le 3 novembre 1058. Élevé à la dignité de lecteur en 1605, il fut désigné pour enseigner la philosophie en 1667 à Landshut, en 1668 à Munich et fut nommé lecteur de théologie en 1671 à Landshut et en 1675 à Munich. En 1680-1683 il fut gardien de Weilheim et exerça deux fois la charge de définiteur provincial, en 1677-1680 et 1686-168 !). Quand, en 1683, les supérieurs provinciaux scindèrent, sur les conseils et les instances de A. Reilîenstuel, le cours de théologie casuistique ou pratique en deux, à savoir le cours de théologie morale et celui de droit canonique, qui jusque-là avaient toujours été enseignés ensemble, et qu’ils eurent érigé un Studium canonicum spécial à Freising, A. ReilTenstuel fut désigné pour y enseigner le droit canonique aux membres de son ordre et aux séminaristes de cette ville. Il tint cette chaire jusqu’en 1691, date à laquelle il dut y renoncer pour raisons de santé. En 1692, l’évêque de Freising l’institua directeur des établissements d’instruction de la ville. Il fut en même temps recteur des études au Studium canonicum et en 1696 il devint custode de sa province. Il se dépensa aussi à organiser la bibliothèque épiscopale et capitulaire, dont il fit le catalogue. Estimé pour sa grande science et ses vastes connaissances tant dans le domaine moral que dans celui du droit canonique, ainsi que pour la sainteté de sa vie et son zèle pour l’observance régulière dans la vie religieuse, le P. Reiffenstuel jouit de la confiance universelle tant en dehors que dans l’ordre des frères mineurs. Il mourut à Freising le 5 octobre 1703.

A. Reiffenstuel s’est acquis une renommée peu ordinaire par deux ouvrages d’importance capitale, à savoir sa Theologia moralis et son Jus canonicum, qui ont exercé sur les générations suivantes, jusqu’au milieu du siècle dernier, une influence considérable et furent classiques dans les écoles. Le premier, intitulé Theologia moralis breui simulque clara melhodo comprehensa alque juxta sacros canones et novissima décréta summorum ponti/icum diversas propositiones damnanlium ac probalissimos auctores succincte resolvens omnes malerias morales, parut d’abord à Munich en 1692 et eut dans la suite un nombre considérable d’éditions qui, d’après les bibliographes, dépassent la trentaine. Massée Kresslinger, frère mineur de la province de Bavière comme A. ReilTenstuel, y ajouta des Addiliones, prxscrtim quoad traclalum de legibus, jure et justifia, beneficiis, immunilate ecclesiaslica, de sacramentis alque modo cxlraordinario illa administrandi cond mnalis ad morlem, pestiferis, infirmis aliisque hominum slalibus ; item quoad impedimenta matrimonii et praxim impelrandi dispensationes, ainsi qu’un exposé de propositions condamnées. On les retrouve dans les éditions à partir de celle de Munich, de 1726, dans lesquelles tout ce qui fut ajouté est précédé du mot : Addilio. Dans l’édition d’Anvers de 1743, Jacques Esteva fit de nouvelles additions et fournit en outre une déclaration explicative de la bulle Cruciala. En 1756, Dalmatius Kick publia à Munich les Addiliones novissitme ad Iheologiam moralem Anacleti Reifjenslucl, qui sont ajoutées à la Theologia moralis de ce dernier dans L’édition de Stadt ara Hof de 1756. Dans sa théologie morale, le P. Reiffenstuel est partisan d’un probabilisme mitigé, qui fut d’ailleurs le système prédominant au xviie siècle non seulement en Espagne, mais aussi en Italie et en Allemagne. Sous l’influence de A. Reiffenstuel, le probabilisme fut aussi généralement enseigné dans la province de Bavière des frères mineurs. Vers le milieu du xviiie siècle surgirent des adversaires acharnés du probabilisme, parmi lesquels se distingua surtout

E. Amort, qui travaillèrent de toutes leurs forces à faire condamner ce système et à le faire supplanter par le probabiliorisme. Ce dernier gagna aussi du terrain chez les frères mineurs et suscita de vives controverses au sein de l’ordre. En fait le chapitre général de Mantoue de 1762 défendit aux lecteurs, sous peine d’être démis de leur office, d’enseigner des doctrines laxistes ou peu probables et le général Pascal de Varisio ordonna en 1763 que, dans les écoles de l’ordre, il fallait s’en tenir au probabiliorisme ; il répéta cette même prescription en 1768. C’est pourquoi le P. Flavien Ricci de Cimbria, frère mineur et professeur à l’université d’Inspruck, fut chargé par les supérieurs généraux de retravailler la Theologia moralis dans le sens du probabiliorisme. L’ouvrage ainsi corrigé parut à Trente, en 1765, et eut également dans la suite une trentaine d’autres éditions.

La Theologia moralis de A. Reiffenstuel comprend quatorze traités. En tête du volume viennent les décrets d’Alexandre VII et d’Innocent XI, dans lesquels un certain nombre de propositions morales du xviie siècle sont condamnées. Suit alors le premier traité De aclibus humanis et conscientia, dans lequel l’auteur traite du volontaire et de l’involontaire, de la moralité des actes, de l’essence et des propriétés de la conscience. Le second traité De legibus fournit des renseignements sur l’essence, l’obligation, le sujet et l’interprétation des lois. Le troisième traité De peccalis donne la doctrine de l’auteur sur le péché en général, sur la distinction des péchés d’après leur espèce et leur gravité et sur les péchés capitaux en particulier ; le quatrième traite des vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité et des actes opposés ; le cinquième de la vertu de religion et des péchés opposés. A ce dernier se rallie étroitement le sixième traité : De horis canonicis, de juramento et voto. Le septième traité expose amplement les théories d’A. Reiffenstuel : De justitia et jure ceterisque virtutibus cardinalibus. Les questions juridiques sur la propriété, le droit à l’usufruit et la possession, sur les différents objets et sujets du droit, sur les modes d’acquérir et sur la prescription y sont discutées à fond. Le huitième traité, également de caractère juridique, traite des contrats en général et en particulier. Les dix commandements de Dieu constituent la matière du neuvième traité, tandis que le dixième s’occupe des préceptes de l’Église, le onzième des bénéfices ecclésiastiques, du droit de patronage et des décimes, le douzième de l’immunité ecclésiastique et des indulgences, le treizième des censures, irrégularités et autres peines ecclésiastiques. Le quatorzième traité, de beaucoup le plus étendu, contient l’exposé sur les sacrements, dans lequel la partie canonicomorale est mise au premier plan.

La Theologia moralis d’A. Reiffenstuel, à peine parue, fut introduite aussitôt comme manuel dans l’enseignement de la théologie morale. En 1728 on insista encore d’une façon toute spéciale sur la nécessité pour les professeurs de se tenir à cet exposé pour pouvoir réaliser plus efficacement l’unité dans l’enseignement de la théologie morale, comme on l’avait déjà obtenue pour la philosophie et la théologie dogmatique ou spéculative. Ce manuel fut employé dans l’exposé de la morale dans les écoles et dans les répétitions, de sorte que les cours manuscrits des professeurs jusque-là en usage furent bannis des écoles. L’exposé de la Theologia moralis devait être achevé en deux ans. Dans les statuts de 1771 de la province bavaroise des frères mineurs, la matière à donner est réglée comme suit : deux lecteurs devaient enseigner le samedi la morale d’après Reiffenstuel, à savoir pendant la première année la première partie de la Theologia moralis et la seconde partie pendant la deuxième année. Pendant la troisième et la quatrième année il