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REGIS (PIERRE' — REGNON (THÉODORE DE)


intérêt de ses cours pour l’herméneutique sacrée. L’université fut fermée à la suite des événements de 1794 ; et, quand elle fut rouverte en 1799, l’abbé Régis n’y retrouva plus sa chaire, car la faculté de théologie n’avait pas été rétablie ; mais ses anciens collègues ne voulurent pas se séparer de cet homme éminent, et lui firent confier la chaire de philosophie, à laquelle il dut joindre, l’année suivante, l’enseignement du droit naturel. Il prit sa retraite en 1805 et mourut à Turin le 29 novembre 1821.

On a de lui : Moses legislator, seu de mosaïcarum legum præstantia, Turin, 1779, in-4° ; De judœo cive libri III, Turin, 1793, 2 vol. in-8° ; De re theologica ad Subalpinos, Turin, 1794, 3 vol. in-8°.

G. Rodriguez, art. dans Biografia eclesiastica, Madrid, t. xxi, 1864, p. 20 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xli, 1866, col. 844 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 938 ; Grassi, Memorie istoriche délia Chiesa vescovile di Monteregale (Mondovi), t. i, Turin, 1789, p. 237.

F. Bonnard. REGNIER Claude-François, né le 1 er juin 1718 à Saint-Germain-des-Fossés (Allier), était déjà tonsuré quand il entra le 7 décembre 1734 à la communauté des philosophes du séminaire de Saint-Sulpice, d’où il passa en 1736 au petit séminaire pour ses études théologiques. Le 1 er de la licence de 1742, il fut reçu docteur en théologie le 15 septembre 1744. Au mois de mai précédent il avait été envoyé au séminaire d’Angers qu’il quitta en septembre 1757 pour rentrer au petit séminaire comme directeur. En 17C2 il était professeur de morale au séminaire de Lyon, immédiatement avant M. Émery, qui le remplaça en 17C4, quand il fut rappelé à Paris au grand séminaire où il enseigna la morale. En 1782, il était élu assistant et, en 1789, consulteur de la Compagnie. En mourant le 14 avril 1790, il laissait la réputation d’un homme également recommandable par sa science et ses vertus sacerdotales. On lui doit : Certitude des principes de la religion contre les nouveaux efforts des incrédules, Ve partie, t. i et ii, in-12, Paris-Lyon, 1778 ; 2e partie, t. iii, iv, v, vi, Paris-Lyon, 1782. Cet ouvrage a été reproduit par Migne dans Œuvres complètes de C.-F. Régnier, Paris, 1857, grand in-8° ; il a été recommandé par Mgr de Pressy, évêque de Boulogne et par Mgr Dulau, archevêque d’Arles, dans son rapport à l’assemblée du clergé de 1786. Hurter, dans son Nomenclator literarius, t. v, col. 307, le qualifie de preeclarum accuratumgue opus. On lui doit aussi Tractatus de Ecclesia Christi, Paris, 1789, 2 in-8°, reproduit par Migne dans son Theologise cursus completus, t. iv, col. 51-1140. In eo, dit Hurter, pluies bene, nitido solideque tractantur. L’abbé Barruel, dans le Journal ecclésiastique de février 1790, en fait un très grand éloge. La Sorbonne le chargea en 1778 de la censure contre la dissertation publiée à Mayence en 1773 par J.-L. Isenbiehl : Nouvel essai sur les prophéties d’Emmanuel ; et en 1780 de la censure de l’Histoire ecclésiastique de l’abbé Raynal. M. Régnier, dont la très petite taille était parfois le sujet des plaisanteries des séminaristes, rachetait ce défaut extérieur par une extrême vivacité de corps et d’esprit et par des talents divers.

Notice sur M. Régnier, ms. de la bibliothèque du séminaire Saint-Sulpice ; L’abbé Baston, Mémoires, t. i, Paris, 1897, in-8°, p. 179 ; L. Bertrand, Bibliothèque sul/ncienne, t. i, p. 442-449 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 307-308.

E. Levesque. REGNON (Théodore de), S. J. — I. Vie. — Théodore de Regnon, le plus jeune de trois frères jésuites, naquit à Saint-Herblain (LoireInférieure) le Il octobre 1831. Ses études, commencées dans sa famille, furent couronnées par trois années de philosophie au collège de Brugelette (Belgique). Le 7 sep tembre 1852, il entrait dans la Compagnie de Jésus au noviciat d’Angers. Au cours de ses années de théologie, à Laval (1864-1868), il s'éprit des sciences sacrées, auxquelles il aurait volontiers consacré sa vie. Vocation contrariée. Il enseigna la physique pendant vingt ans (1855-1864 et 1869-1880). Presque tout ce temps se passa à l'École Sainte-Geneviève, où il faisait encore le cours de Polytechnique en 1878-1880. Cependant il n’avait jamais perdu de vue le rêve de sa jeunesse. Les décrets de 1880, qui l’obligèrent à descendre de sa chaire, le trouvèrent prêt à commencer une carrière d'écrivain théologique. Ses débuts coïncidaient avec la renaissance de l’enseignement thomiste provoquée par l’encyclique de Léon XIII, ^£term Palris (4 août 1879). Le P. de Regnon entra dans ces vues avec une spontanéité jDleine d’enthousiasme, en toute conformité avec l'éducation reçue dans son ordre. Il travailla treize ans, dans un rez-de-chaussée parisien. Le 26 décembre 1893, on le trouva endormi dans la mort.

Le P. Théodore avait un caractère délicieux, pratiquant un complet oubli de lui-même avec le plus aimable enjouement. Religieux d’une haute vertu, il avait, en 1871, comme otage de la Commune, vu la mort de près, sans perdre un instant sa belle humeur. Bien au-delà du petit cercle où se passèrent ses dernières années, il laissa d’unanimes regrets.

II. Œuvres. — Bien que le P. de Regnon parlât peu de lui-même et de ses travaux, ses familiers n’ignoraient pas que son activité littéraire avait une idée directrice. Il avait conçu de bonne heure et mûri durant sa troisième année de probation (Laon, 18681869) le projet d’un monument doctrinal dédié à la sainte Vierge, et dont le titre devait être : Marie, Mère de grâce. Mais, de la part d’un inconnu, cet effort n'était-il pas condamné d’avance ? Il avait donc résolu de se qualifier pour l’entreprendre, et les livres qu’il composa n'étaient, dans sa pensée, qu’une préparation à celui qu’il ne devait jamais écrire. Parlons donc de ses trois ouvrages publiés : Banes et Molina ; La métaphysique des causes ; Éludes de théologie positive sur la Sainte Trinité.

1° Banes et Molina. Histoire. Doctrines. Critique métaphysique, Paris, Oudin, 1883, in-12, xvi-367 pages. — Ce livre s’appuie sur l'œuvre d’autrui : c’est une recension qui a tourné au volume. Le P. G. Schneemann, S. J., venait de publier un ouvrage dense et savant : Controversiarum de divinse gratiæ liberique arbilrii concordia, initia et progressus, Fribourg-en-B., 1881, in-8°, de viii-491 pages. Le P. de Regnon s’assimila le volume et, l’ayant ruminé, en exprima la substance en des pages pétillantes d’esprit, que tout le monde peut lire. Il y mit aussi du sien. L’ouvrage est divisé en quatre livres. Le premier renferme l’historique, abrégé de Schneemann. Le deuxième, les doctrines, d’après les initiateurs, Banes et Molina : deux portraits en pied, qui sont d’un grand peintre. Le troisième et le quatrième renferment une discussion : métaphysique de la cause première, métaphysique de la cause finale. C’est la partie la plus personnelle : l’auteur se montre déjà occupé des considérations qui rempliront son ouvrage capital : La métaphysique des causes.

Personnellement, il ne goûte guère plus le congruisme que lebannésianisme. Il est un représentant convaincu du molinisme pur. On lui doit de mettre en vedette le document qui avait donné lieu à la publication du P. Schneemann et, par contre-coup, à celle du P. de Regnon. Quelques années plus tôt, le savant allemand découvrait à Rome, dans la bibliothèque Borghèse, une note autographe du pape Paul V, membre de la famille Borghèse, apportant la solution d’une énigme historique. On sait que les célèbres Congrégations De auxiliis, ouvertes par la volonté de Clément VIII (1 er janvier 1 599), closes par la volonté de Paul V (28 août 1607),