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REGINALD — REGINALD DE LANGHAM


concile de Trente touchant la grâce efficace par ellemême. Cet écrit passa, dit le Moréri (art. Réginald) du Père dominicain Massoulié à Antoine Arnauld. Il parvint de là au P. Quesnel qui le fit imprimer en 1704. L’ouvrage ne parut qu’en 1706 à Anvers, sous le titre : De mente sancti concilii Tridentini circa gratiam seipsa efficacem opus posthumum, in-fol. L’histoire posthume de cette œuvre témoigne de l’histoire du thomisme français du xviie siècle. Pris d’abord entre deux polémiques, l’une contre les jansénistes, l’autre contre les jésuites, après avoir contribué — et c’est bien le cas d’Antonin Réginald — à la condamnation des cinq propositions, ce thomisme devient beaucoup plus favorable aux positions de repli qu’ont acceptées les jansénistes, tandis que, malgré l’invitation au calme prononcée à l’issue des congrégations De auxiliis, il demeure et devient même de plus en plus hostile aux théologiens jésuites. D’abord ennemi des jansénistes, Antonin Réginald est finalement édité par eux. Jusqu'à la fin il s’est opposé à la théologie des jésuites.

Les cours de théologie qu’Antonin Réginald avait professés sur presque tous les points de cette vaste matière demeuraient à l'état de manuscrits. Cependant ces manuscrits ont été très consultés au xviie et au xviiie siècle. Manuscrite aussi sa chronique de l’inquisition de Toulouse qui a été reprise dans les Monumenta conventus Tolosani de Percin.

Réginald avait publié une vie de Guillaume Courtet, le premier martyr du Japon, qui lui avait donné l’habit dominicain à Avignon. Il avait publié aussi un opuscule De la confrairie du Nom de Jésus, et collaboré à l’Apologie du thomisme, qui est imprimée en tête du Clypeus theologiæ thomisticse de son confrère Gonet.

Mais l’essentiel de son message spirituel et philosophique, qui se trouve déjà au moins à l'état intentionnel dans ses écrits polémiques de jeunesse ou dans son De sensu composilo et diviso, c’est la partie la plus dense et la plus décidée de ses Tria principia, sa théorie de la prédétermination physique pour laquelle il avait tant bataillé. Il ne sera pas inutile d’en donner le schème.

II. Théorie de la prédétermination physique. — Parmi les 1713 sentences qui découlent des Principia, Réginald consacre à la prédétermination physique les sentences 224 à 239. Voici ces sentences avec les références à saint Thomas qui les accompagnent et avec un petit résumé, s’il y a lieu, des réflexions personnelles faites à propos de chacune d’elles par Antonin Réginald.

Sequitur 224 : Eum qui producit ens sub ratione entis producere omnes omnino actiones repertas in ente. I a, q. lxv, a. 3 ; C. Gent., t. II, c. xvi ; t. III, c. xxiv ; Metaphys., lect. 3 ; // Phys., lect. 6.

Seq. 225 : Deum producere omnes modos et différentiels omnium entitatum et rerum.

Seq. 226 : Deum producere ipsas actiones causarum secundarum, etiam ut dépendent ab ipsis causis secundis. Ia-IIæ, q. xix, a. 4 ; In JVum Sent., dist. XLIX, q. i, a. 3, qu. 2 ; De potent., q. ni, a. 4 ; q. v, a. 8.

Seq. 227 : Deum movere physice omnes causas secundas ad agendum. I a, q. cv, a. 5 ; C. Gent., t. III, c. lxvi, lxvii.

Seq. 228 : Nullam causam secundam posse attingere rationem entis ut sic ex se et ex propria virtute. I a, q. cv, a. 5.

Seq. 229 : Nullam causam secundam posse attingere rationem entis, nisi prius accipiat a Deo aliquam virtutem qua illam attingat.

Seq. 230 : Illam virtutem quam causa secunda débet accipere a Deo ut attingat rationem entis ut sic non posse esse permanenLm etconnaturalem. De potent., q. ni, a. 7, ad 7 UD1.

Seq. 231 : Illam virtutem quam causa secunda débet accipere a Deo, ut attingat rationem entis ut sic, debere esse transeuntem.

Seq. 232 : Illam virtutem esse per modum motionis.

Seq. 233 : Dari in omnibus causis præmotionem physicam ad agendum. I a, q. cv, a. 5 ; De potent., q. ni, a. 7 ; C. Gent., t. III, c. lxvi, lxvii. Il ne s’agit pas d’une primauté de motion selon le temps, mais selon l’action.

Seq. 234 : Hanc præmotionem physicam esse etiam prœdeterminationem, car Dieu est indéfectible.

Seq. 235 : Etiam causas libéras præmoveri ac prædelerminari physice a Deo. I a, q. cv, a. 4 ; Ia-IIæ, q. ix, a. 6. C’est que les causes libres n’en font pas moins partie de l’ensemble des causes créées.

Seq. 236 : Hanc præmotionem sive prædeterminationem physicam non tollere libertalem sed potius causare illam ; elle cause en effet l’acte qui a la propriété d'être libre.

Seq. 237 : Præmotionem illam et prædeflnilionem physicam dando illam libertatem actualem efficere ut voluntas sive potentia libéra quæ præmota operatur, ita operttur ut ex vi modi quo operatur possit non operari sive retineat potentiam ad operandum non autem quod possit componere simul et semel non operationem sive contrariam operationem cum operatione. L’explication se trouve surtout dans la conséquence qu'énonce Antonin Réginald et qu’il commente longuement.

Seq. 238 : Optime salvari libertatem per distinctionem illam sensus compositi et divisi si bene explicetur. Opus. 39, de fallnciis ; I a, q. xiv, a. 13, ad 3um ; Ia-IIæ, q. x, a. 4, ad 3um ; C. Cent., t. I, c. lxvii ; I q. xix, a. 8, ad lum, ad 2um ; I a -II » >, q. cxv, a. 3 ; II 1 II 35, q. xxiv, a. 11. Le long commentaire que donne ici Réginald ne paraîtra peut-être pas éclairant. Il fait intervenir les puissances plus ou moins sauvegardées de la liberté. Il vaudrait sans doute mieux ne considérer ces puissances que dans leurs actes par lesquels on les connaît. On pourrait toujours opposer à Réginald l’objection : qu’est-ce qu’une puissance dont on ne voit pas l’acte ?

Seq. 239 : Non valet aliud argumentum quod contra prœmotionem physicam adversarii objiciunt, scilicet quod Deus esset auctor peccati, quia præmoveret physice ad peccatum. Ia-IIæ, q. lxxix, a. 1 et 5.

Les références ont été données au cours de l’article ; chacune d’elles ne concerne que des éléments très partiels delà biographie d’A. Réginald. Cette biographie « doctrinale » qui serait tort utile pour l’histoire du thomisme et du jansénisme n’a jamais été écrite.

M. -M. Gorce.

    1. RÉGINALD DE LANGHAM##


RÉGINALD DE LANGHAM, frère mineur anglais du début du xve siècle. Originaire de Langham, dans le comté de Rutland, il fut promu docteur en théologie à l’université de Cambridge. Vers 1410 il habita le couvent de Norwich. Comme lecteur son enseignement fut très apprécié. D’un caractère plutôt agressif, il se plaisait à combattre les autres docteurs les plus en vue de cette époque, qui, à leur tour, ne lui épargnaient pas leurs ripostes souvent acerbes. Ainsi Réginald rédigea des écrits Contra Edmundum monachum Buriensem, débutant : Arguitur principaliter contra ; Contra Andream Linhamum dominicanum, commençant : Reverendus pater de sacro ordine ; Contra Joannem Haidon carmelilam, dont l’incipit est : Adversus argumentum primum. Il composa encore Lecluræ triginta Bibliorum, qui débutent : Hœc sunt nomina filiorum Israël, un Commentarius in quatuor libros Sententiarum ; des Delerminaliones et des Quæsliones disputatæ. Tous ces ouvrages sont restés inédits.

L. Wadding, Scriptores ord. min., Rome, 1906, p. 202-203 ; .T. A. Fabricius, Bibl. lai. médiæt inftmtv ivlatis.t.yi, Hambourg, 1746, p. 171-172 ; Tanner, Bibl. Brit.-Hibernica, Londres, 1748, p. 465.

A. Teetært.