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20’REFORME. DOCTRINES, LA MESSE

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le viii, ils ne reçoivent rien de plus. C’est ce qui va être exprimé plus explicitement dans la confession anglicane.

4o L’eucharistie dans les « 39 Articles ». — Dans la confession anglicane, la question eucharistique est traitée aux art. 28, 29 et 30. « La cène du Seigneur, dit l’article 28, n’est pas seulement un symbole de l’amour que les chrétiens doivent avoir les uns pour les autres, mais plutôt un sacrement de notre rédemption par la mort du Christ, si bien que, pour ceux qui reçoivent ce sacrement comme il convient, dignement et avec foi, le pain que nous rompons est une participation au corps de Jésus-Christ et de même la coupe de bénédiction est une participation au sang de Jésus-Christ. »

On a remarqué, dans cette formule, les mots « comme il convient ». Ils signifient que la présence du corps et du sang du Christ n’est réelle que pour les bons chrétiens. Mais pour éviter toute équivoque à ce sujet, l’art. 30 précise en ces termes : « Les méchants et ceux qui n’ont pas une foi vive, quoi qu’ils pressent entre leurs dents, comme dit saint Augustin, d’une manière charnelle et visible le sacrement du corps et du sang du Christ, n’y participent d’aucune manière, mais plutôt ils mangent et boivent, pour leur condamnation, le signe ou le sacrement d’une chose si grande. » « Ceux qui n’ont pas une foi vive. > L’expression était singulièrement vague. Elle désignait probablement ceux dont la foi ne se montre pas dans leurs œuvres. Le sens de l’article était que la présence réelle dépend de la disposition du communiant. Elle n’est donc pas quelque chose d’objectif. Elle est une réponse à la foi du chrétien. L’art. 29 complète l’ensemble de la doctrine qui est bien celle de Bucer et de Calvin : « Dans la cène, le corps du Christ est donné, reçu, mangé, mais seulement d’une manière divine et spirituelle, et le moyen par lequel le corps du Christ est reçu et mangé dans la cène, c’est la foi. »

Il s’ensuit que la confession anglicane est plus « radicale » sur ce point que la confession luthérienne, alors que, sur la plupart des autres points, elle prétend tenir un juste milieu entre le radicalisme calviniste et la tradition catholique.

D’autre part, l’art. 28 rejette la transsubstantiation, comme « ne pouvant être prouvée par les saintes Écritures, contraire aux textes clairs de la Bible, détruisant l’essence du sacrement et ayant donné lieu à de nombreuses superstitions ». L’art. 30 déclare aussi que « la coupe du Seigneur ne doit pas être refusée aux laïques ».

VI. de la MESSL.

1o Luther contre la messe. — Ce serait probablement une grave erreur de croire que l’unanimité exceptionnelle des Églises dissidentes, en ce qui concerne le rejet du sacrifice de la messe, a sa source dans l’examen impartial des textes bibliques. Nous avons essayé, dans la première partie de cette étude, d’analyser les motifs réels de cette aversion des novateurs pour le sacrifice de la messe. C’était moins à la messe que l’on en voulait qu’au sacerdoce inséparable de la messe et aux revenus des fondations dont vivait le clergé. C’est ce que semble bien prouver le passage suivant du Vom Missbrauch der Messen, de Luther, W., t. viii, p. 522 sq., qui est de novembre 1521 : « Les misérables prêtres à messes (Messplafjen), avec les confréries qu’ils érigent pour gagner de l’argent, avec les messes qu’ils disent pour les morts et pour les vivants, ne font rien autre chose que tromper le peuple des insensés et les entraîner avec eux en enfer, tout en volant leur argent et leur bien avec leurs mensonges. C’est bien là que se trouvent les fondements secrets et cachés de tout l’univers. Tout le monde sait bien pourquoi ont été établis les évêchés, les canonicats, les couvents, les églises et tout le royaume des prêtres, à savoir pour dire la messe,

c’est-à-dire pour l’idolâtrie la plus odieuse qui soit sur la terre. Tout cela est bâti sur des mensonges honteux, sur la profanation coupable et impie du sacrement de l’autel, sur une incrédulité plus scandaleuse que celle des païens. C’est pourquoi il est arrivé, par un juste jugement de Dieu, que tout leur argent et leur bien a été employé pour rien, si ce n’est pour un vain orgueil, pour la débauche et la goinfrerie, pour permettre aux prêtres de rester oisifs, de passer du bon temps et d’être inutiles à tous, à Dieu comme au monde, pour n’obéir qu’à l’idole romaine, car c’était là une digne récompense trouvée par ce sacerdoce impie. »

La haine presque sauvage qui traversait ces lignes fut partagée par tous les réformateurs. Ils ne purent jamais parler de la messe sans que les injures leur vinssent aux lèvres. Pour eux, la question de la messe était liée à celle de l’ordre, de la hiérarchie, en un mot à leur liberté envers Rome. Elle était liée par ailleurs à cette institution que tant de prêtres alors regardaient comme un fardeau intolérable, le célibat ecclésiastique.

Luther ne touchait pas cependant sans angoisse à la messe. « Quelle peine, quel travail, s’écriait-il, même en m’appuvant sur les textes certains de la sainte Écriture, n’ai-je pas eu à justifier ma propre conscience, en songeant que j’étais seul à m’opposer au pape, à le tenir pour l’Antéchrist, les évêques pour ses apôtres et les universités pour ses maisons de débauche ! Que de fois mon cœur tremblant n’a-t-il pas palpité et, se révoltant, ne m’a-t-il pas objecté cet argument : le plus fort et le seul qu’ils aient : Es-tu le seul sage ? Tous les autres se trompent-ils ? Tant de siècles ont-ils été dans l’ignorance ? Et si tu te trompais ? Et si tu entraînais avec toi tant d’âmes à l’erreur et à la condamnation éternelle ? » De abroganda missa, dédicace du 1er nov. 1521, , t. viii, p. 412.

Quels étaient donc les arguments de Luther ? Il les cherche dans les paroles de l’institution eucharistique. Pour lui, il est clair comme le jour que la cène n’est qu’un testament. Et qu’est-ce qu’un testament ? « Une donation faite par un mourant, par laquelle il désigne un héritier et institue un héritage. » Il ne faut voir que cela dans l’eucharistie. « Tu vois, s’écrie Luther, que ce que nous appelons la messe est le don de la rémission des péchés, accordé par Dieu et scellé parla mort de son Fils. » Mais un don ne suppose ni œuvre ni mérite de la part de celui qui le reçoit. Donc la messe n’est pas une œuvre et la dire n’est pas un mérite. La messe n’est que le souvenir de la promesse de pardon que Dieu nous a faite. Il suffit d’avoir foi en cette promesse pour être digne de célébrer la messe et de recevoir la communion. Aussi, quelle erreur de prononcer à voix basse les paroles de la consécration, comme le veut le rituel romain. Ce sont justement ces paroles qui contiennent la promesse. Il faut donc les faire entendre de tous, afin d’exciter la foi.

D’autre part, si la messe n’a d’autre but que d’exciter la foi, « c’est donc une erreur évidente et impie que d’offrir ou d’appliquer la messe pour des péchés, des satisfactions, pour des défunts ou tout autre besoin étranger (à la foi)… Qui peut en effet recevoir la promesse de Dieu pour un autre, puisque la foi est requise en chacun ?… Puis-je croire pour mon voisin ? »

En définitive, l’eucharistie, pour Luther, est un don de Dieu à l’homme et ne peut en aucune manière devenir une offrande de l’homme à Dieu, c’est-à-dire un sacrifice. Il s’ensuit que tout le monde peut célébrer la cène. Il n’y a plus de sacerdoce. « Dans la messe ou sacrement, nous sommes tous égaux, prêtres ou laïques. »

Ce qui confirme cette manière de voir, c’est que l’Écriture ne connaît qu’un prêtre, qui est le Christ, et pareillement qu’un seul sacrifice qui est le sacrifice