Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée
2013
2014
RÉDEMPTION DES CAPTIFS (ORDRE DE LA)


Madrid, 1700. Albendea fut un infatigable polémiste, son œuvre est remplie de discussions et de diatribes contre presque tous les théologiens de quelque renom. Son esprit est très fin et sa pensée originale. Hardâ nous dit que son travail est miro ingenio prrfectum, et industriel elaboraium.

Le P. Cabadés Magi († 1797) connut plus de succès avec ses Institutioncs theologicæ in usum tironum, 4 vol., Valence, 1784-1790. C’est le mérite du P. Cabadés d’avoir banni de l’Espagne les anciennes méthodes scolastiques pour s’adapter à ce que l’on faisait en d’autres pays. Sous ce rapport, son livre reçut un très bon accueil, si bien que, même au commencement du xixe siècle, il était employé comme livre de texte dans plusieurs centres ecclésiastiques de l’Amérique latine. Il est ennemi des controverses et des subtilités scolastiques, de bon goût littéraire et grand admirateur de saint Augustin.

On doit aussi nommer : Nicolas Cavero († 1757) théologien et historien fort érudit qui reçut des éloges chaleureux de Benoît XIV. —Michel de Ulate († 1721) exégète, historien et poète latin très élégant. — Ramirez de Orozco († 1788) qui démontra la légitimité du prêt à intérêt, ce qui lui valut d’abord d’innombrables critiques et plus tard de grands éloges. — Antoine Solis, auteur d’une intéressante Disputa sobre malerias morales, Madrid, 1785, en castillan. — Jean-Antoine Pérez, qui publia en 1803 la continuation du De locis tlieologicis de Melchior Cano sous le titre : Usus locorum theologicorum in expositione sac. Script, in defensione adversus… et in sacris concionibus, Madrid, 1803.

— Théologien insigne, grand canoniste et critique remarquable, le P. Manuel Villodas publia à Valladolid, en 1792, un ouvrage en deux volumes intitulé Analisis de las antiguedades eclesiâsticas de Espana. Cet ouvrage fut adopté comme manuel dans quelques universités et centres d’études supérieures. Le P. Pierre Rodriguez Miranda le traduisit en latin en 1828-1830 (Madrid).

Les mereédaires enseignèrent la théologie dans quelques universités de France et d’Italie. Le P. Chrysostome Ferbos eut une chaire à Bordeaux dans la première moitié du xviiie siècle et l’université lui décerna les plus grands éloges. La même chaire était occupée en 1790 par le P. Melhie de Grange. Mais bien plus nombreuses étaient les chaires que les mereédaires occupaient dans l’Amérique latine et il serait trop long de citer tous les écrivains de ces régions.

Vers la fin du xviiie et le commencement du xixe s., une forte réaction se produisit dans la Merci tendant à réorganiser les études. Réaction qui échoua à cause des perturbations politiques, des sécularisations et autres vexations de la part du pouvoir civil.

Le général de l’ordre, Aguilar y Torrés, créa à Rome dans le couvent de Saint-Adrien (1785) une école de langues orientales qui forma plusieurs théologiens et biblistes, espagnols en majorité. Le R. P. Martiiez (1774-1827) réformait à son tour les études dans la Merci par sa nouvelle Ratio sludiorum. Grand théologien, le P. Martincz enseigna dix-huit ans à l’université de Valladolid. Son prestige était grand aussi dans les affaires politiques, c’est lui qui fut pendant plusieuis années l’arbitre de la politique du roi Ferdinand VII. Par ordre de ce roi il rédigea le Plan d’études et règlement général des universités du royaume, que le ministre Calomarde promulgua en 1824. « Par lui, dit Menéndez y Pelayo (Hisl. de los heterodoxos, t. iii, p. 525), l’enseignement de la théologie fut bien organisé. » Ce plan reproduisait en grande partie le plan de la Merci rédigé en 1817.

L’ordre de la Merci ne se répandit que dans les pays latins d’Europe et d’Amérique, c’est pourquoi les persécutions qui sévirent dans ces nations pen dant la première moitié du xixe siècle l’ont presque complètement anéanti. Aujourd’hui la Merci s’efforce de relever ses collèges majeurs pour former le personnel enseignant, et essayer de refaire le passé.

IV. Principales questions théologiques étudiées dans l’ordre. — Il nous reste maintenant à noter brièvement les points théologiques qui ont caractérisé l’ordre de la Merci.

La Communion quotidienne.

Dans l’histoire de

cette pratique la Merci a eu une part très importante. Voir Comm. eucharistique, t. iii, col. 515 sq.

Pierre Machado, († 1609) écrivain profond, savant hébraïsant et bibliste remarquable, auteur de l’Expositio lilteralis et moralis omnium evangeliorum, etc. Burgos, 1604 ; Mayence, 1608 et Cologne, 1612, publia aussi un ouvrage intitulé De la Comuniôn cuotidiana, dans lequel il soutient, avec d’autres de son temps, qu’il faut communier même le vendredi saint. Et Jean de la Vega atteste, Respuesta apologetica, Madrid, 1659, p. 9, que dans l’église de la Merci au commencement du xviie siècle on communiait tous les jours, y compris le vendredi saint. Le P. Rodriguez de Torrés, Empenos del aima a Dios etc., Burgos, 1611, fol. 337, soutient la légitimité d’une telle pratique, il s’appuie sur l’usage de l’Église primitive et sur le fait de « ne pas trouver de texte canonique qui l’interdise ». Le Fr. Melchor de los Rcyes publia à Cadiz, en 1630, le traité Prudencia de con/esores en orden a la comuniôn cuotidiana, et le Père Mateo de Villarroel, en 1635, le livre De la oraciôn y frecuente comuniôn.

Mais bien plus grande fut l’influence exercée par le Vén. Jean Falconi. Mort en odeur de sainteté en 1638, il laissait parmi ses écrits un ouvrage intitulé El pan nuestro de cada dia (Notre pain de chaque jour). Imprimé pour la première fois à Madrid en 1656, il eut beaucoup d’autres éditions en espagnol, en italien et en français (la dernière parmi celles-ci ce fut celle du P. Couet, Paris, 1893). Le P. Jean Falconi usait à l’égard de ses dirigés, qui étaient fort nombreux à la cour, d’une méthode très simple et efficace. Au commencement, une confession générale suivie d’un certain temps destiné à la réforme des mœurs moyennant l’oraison mentale deux fois par jour. Puis il leur imposait la communion quotidienne qui, dans de telles conditions, produisait des grands fruits. Ses succès excitèrent la jalousie de quelques-uns, et c’est pour se défendre qu’il écrivit l’ouvrage cité. Le nom du P. Falconi est associé aux deux décrets fameux émanés du Saint-Siège au sujet de la communion fréquente : Celui de 1679, Cum ad aurcs, à la rédaction duquel prit part le P. H. Marracci qui avait traduit en italien l’ouvrage du P. Falconi ; et celui de 1905, Sacra Tridentina synodus, par lequel Pie X mit fin à la polémique soutenue par les PP. Godts, rédemptoriste, et M. Chatel, d’une part, et le P. Couet d’autre part, à l’occasion de la traduction française faite par ce dernier de l’ouvrage du P. Falconi. D’autres théologiens prirent part ensuite à la polémique et, la cause ayant été portée à Rome, ce fut l’occasion du décret mentionné.

Théologie mariale.

La Merci reconnaît en Marie

sa fondatrice. Les membres de l’ordre se firent toujours un devoir de défendre la pieuse croyance à l’immaculée conception de Marie. Avant même Duns Scot, saint Pierre Pascual la soutint, et non comme une vérité quelconque. Ainsi que le dit Mgr. Valenzuela, De intemerato Deiparæ conceptu, Rome, 1904, p. 176 : … ipse (S. Pierre Pascual) primus eam proposait, non modo uti piam opinionem amplectendam, sed uti veritatem catholicam firmiter credendam. Dès lors, tous ceux qui parmi les religieux de la Merci traitèrent de cette question, eurent à coeur de défendre ce privilège de la Mère de Dieu. Ayant voulu une fois cata-