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OUESNEE. LES DERNIERS TEMPS IV.VMNAULD


Continuation de la nouvelle défense du Nouveau Testament, Cologne, 1681, in-8°. Axiiauld reprit les mêmes thèses dans la Défense des versions de l’Écriture sainte, des offices de l’Eglise et des ouvrages des Pères et en particulier de la nouvelle traduction du bréviaire, contre la sentence de l’offïcial de Paris du 10 avril 16X8, Cologne, 1688, in-8°, pour défendre la traduction du bréviaire publiée par M. Le Tourneux. Enfin, dans les Règles pour discerner les bonnes et les mauvaises critiques des traductions de l’Ecriture sainte en français, pour ce qui regarde la langue ; avec des réflexions sur cette maxime, que l’usage est le tyran des langues vivantes, Arnauld critique les Nouvelles remarques sur la langue française du P. Houhours et défend les traductions de plusieurs passages de la version de Mons.

Arnauld et Nicole.

En même temps, Arnauld

rédigeait quelques écrits d’inspiration nettement janséniste, dont certains n’ont été publiés qu’après sa mort. Parmi ceux-ci, il faut citer : Nécessité de la foi en Jésus-Christ pour être sauvé, où l’on examine si les païens et les philosophes, qui ont eu la connaissance d’un Dieu et qui ont moralement bien vécu ont pu être sauvés, sans avoir la foi en Jésus Christ. Ce travail n’a été publié qu’en 1701 par Dupin, et les idées essentielles ont été reprises dans des écrits rédigés par Arnauld, en 1691 et en 1693. Ce sont : Écrit sur les actions des infidèles et Examen de cette proposition : un philosophe qui n’a point entendu parler de Jésus-Christ, mais qui connaît Dieu, peut, avec le secours d’une grâce donnée par les mérites de Jésus-Christ, faire une action moralement bonne et vertueuse, avant que d’avoir aucune connaissance de Jésus-Christ.

Arnauld étudie aussi la question de la grâce dans l’Instruction sur la grâce selon PÉcriture et les Pires. publiée par Quesnel en 1700 ; les Instructions par demandes et par réponses sur l’accord de la grâce et de la liberté. Mais, sur ce point, il va se trouver en opposition avec son ami Nicole. Celui-ci, après la paix de Clément IX, s’était de plus en plus consacré aux ouvrages de [ iété proprement dite. Il se trouvait déjà à Bruxelles, lorsque Arnauld y arriva en 1679, mais il ne voulut pas demeurer avec lui et il revint en France. Nul doute que le caractère emporté d’Arnauld n’ait été une cause de conflits entre les deux amis, qui avaient autrefois collaboré. Les historiens jansénistes affirment que leur amitié resta toujours entière, mais il faut dire que ce fut à condition que les deux amis fussent séparés. Leur désaccord ne port ad pas seulement sur une question de méthode et de tactique à suivre pour défendre le jansénisme, il allait jusqu’à la doctrine elle-même. On le voit bien dans [a polémique, courtoise si l’on veut mais sérieuse cependant, qui éclata sur la question de la grâce générale.

Pour faire adopter la doctrine de saint Augustin, (pucertains trouvent trop austère parce qu’elle impose à tous les hommes les mêmes devoirs et ne leur accorde que des grâces très inégales, Nicole imagina sa thèse sur la grâce générale : d’après lui. Dieu donne à tous les hommes une grâce générale, avec laquelle ils peuvent faire le bien : mais, en fait, avec cette grâce seule, ils ne font jamais le bien, car pour cela il faut une grâce plus puissante que Dieu n’accorde pas à tous et qu’il n’accorde qu’aux prédestinés. Ainsi Nicole pensait rendre la condition des hommes moins inégale et ôter le droit de se plaindre de la distinction que la grâce met entre ceux qui font le bien et ceux qui ne le font pas. Par là Nicole restait toujours opposé au molinisme, car la grâce accordée à tous ne pouvait se confondre avec la grâce suffisante des molinistes, puisque pour ceux-ci la grâce suffisante donne à l’homme le pouvoir de faire le bien réellement et en fait, tandis que la grâce générale exige une grâce efficace pour faire le bien.

Arnauld s’opposa nettement à cette hypothèse de Nicole, qu’il trouva exposée dans les Instructions sur les symboles ; d’après lui. le système de Nicole < renversai ! la théologie de l’Église dans des points très importants et engageait en de très graves erreurs ». Arnauld réfuta Nicole dans l’Écrit géométrique sur la grâce générale et il l’envoya à Nicole, qui ne fut pas convaincu et qui composa une réponse. Cette réponse connue de deux bénédictins, le P. Hilarion Le Monnier, de Saint-Vanne, et dom Lamy, de Saint-Maur, fut réfutée par eux. Alors, Nicole publia son Traité de la grâce générale, où il veut établir que les grâces surnaturelles, ajoutées au pouvoir physique, n’étaient point stériles, car elles produisent chez tous les hommes, au moins à quelque degré, des lumières dans l’entendement et des mouvements dans la volonté, relativement aux devoirs qu’ils doivent remplir ; sans les grâces générales intérieures et surnaturelles, les hommes seraient dans l’impuissance physique d’éviter le péché et de faire aucun bien, en sorte qu’ils seraient excusables. Arnauld attaque de nouveau le système de Nicole, dans son Traité du pouvoir physique, 1691, et il demanda à lîossuet d’appuyer ses critiques. Bossuet estima que la doctrine de la grâce » cnérale n’était pas conforme à la théologie de saint Augustin ; cependant, Nicole maintint son système, bien qu’il y lût moins attaché, comme il l’écrit dans une lettre à Quesnel, en décembre 169 1, où il dit qu’on n’avait pas démontré par la raison la fausseté de son opinion. Après la morl de Nicole, le 16 novembre 1695, ses écrits sur la grâce générale se répandirent dans le public, et les molinistes cherchèrent à en tirer profit pour leur doctrine. Un Recueil, publié en 1715, réunit tous les écrits composés sur ce sujet par Nicole et ceux qui l’attaquèrent. L’éditeur des Œuvres d’Arnauld les a groupés, t. x. p. 155-608.

D’après son biographe. Arnauld, durant son séjour en Hollande, conçut le projet de faire un recueil sur les disputes de la grâce, où, sans aucun doute, il aurait exposé et défendu les positions du jansénisme ; mais, en fait, il ne réalisa pas ce projet, et les pièces qu’il avait déjà réunies furent saisies, avec les papiers de Quesnel. en 1703. On trouve sa main dans la plupart des écrits publiés alors : il a pris une pari importante à la rédaction de L’amour pénitent, de Neercastel, et il y développe certaines questions ébauchées dans La fréquente communion. Cel ouvrage fui dénoncé à Home et, malgré les plaidoyers d’Arnauld et de son ami Du Vaucel, qui, à cet le occasion, se rendit à Home, il fut condamné, le 2() juin 1690. Arnauld entreprit aussi de faire des Remontrances au roi pour dénoncer L’archevêque de Paris comme l’ennemi de la paix : il affirmait que le jansénisme n’était qu’un fantôme, mais ses amis Obtinrent que cet écrit ne serait pas publié, car il risquait d’exciter Rome et la cour et de provoquer la perte de Port-Royal. Cet ouvrage, confisqué avec les papiers de Quesnel en 1703, a été perdu en grande partie ; des paquets de livres venant d’Arnauld lurent arrêtés en France et plusieurs de ses amis, en particulier le P. Dubreuil. furent incarcérés.

Arnauld et la régale.

Le 10 juillet 1681, l’assemblée

du clergé avait écrit au roi, au sujet d’un bref d’Innocent NI qui exhortait Louis XIV à rendre aux Églises d’Alet et de Pamiers leurs anciennes immunités. Le bref du pape était regardé comme un acte de juridiction contraire à l’autorité du roi. Arnauld prit parti pour les deux évêques dans la I. élire if un chanoine èi un évêque, 168 1, contre la lettre du clergé. Il composa aussi l’Apologie pour les catholiques contre l’écrit intitulé : La politique du clergé », œuvre de Jurieu. Sur les renseignements qui lui furent fournis par l’abbé Du Vaucel, qui l’avait rejoint en Hollande après avoir vécu de longues années auprès de l’évêque