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RÉDEMPTION DES CAPTIFS (ORDRE DE LA)


Un peu avant Zumel, nous trouvons Gaspard de Torrès, professeur à Salamanque. Il fut pendant de longues années vice-chancelier de l’université. Il composa plusieurs ouvrages, entre autres les Statuts qui dès 1561 régirent cette université. Dans cette dernière saint Thomas remplaça le Maître des Sentences qui en avait été le livre de texte jusqu’à ce moment.

Zumel donna un très grand essor aux études, surtout théologiques, dans la Merci. Lafuente le reconnaît, Hist. eclesiâstiaca de Espaha, 2e éd., t. v, p. 303 ; mais il se plaint de ce que, à son avis, la Merci oubliait peut-être un peu son but essentiel, le rachat des captifs.

Pendant les xviie et xviiie siècles, les religieux de la Merci occupaient des chaires dans toutes les universités de l’Espagne et dans quelques-unes de l’étranger. « Dans la célèbre université de Salamanque, disait le cardinal Lambertini devant Clément XI, en 1717, la Merci a la première chaire d’Écriture sainte, de philosophie, de morale et de saint Thomas ; dans celle d’Alcala, la deuxième chaire, dans celle de Compostellc la première chaire de théologie ; dans celle de Tolède la deuxième ; dans celle de Huesca la première chaire d’Écriture sainte et de philosophie ; dans celle de Lerida la deuxième et de même dans celle de Saragosse ; de sorte qu’il n’y a pas d’université en Espagne où la Merci non seulement ne brille par la contemplation, mais n’éclaire par l’enseignement. » Allocutions de Rome, année 1717.

Le P. Alonso Remôn († 1632), écrivain très fécond, outre un grand nombre d’ouvrages ascétiques et mystiques en espagnol, publia en 1612 un Epitome theologiæ moralis.

Le P. Antioco Brondo († 1619) né à Cagliari en Sardaigne, publia le De arcanis sacrée utriusque Iheologiæ scholastica* et positivx dispulation.es. etc., 2 vol., Rome, 1612 et 1614. Le premier volume très loué par Martini dans sa Riographia Sardiniæ et d’autres, fut celui qui attira le plus de renommée à son auteur. Le deuxième volume est presque introuvable ; d’après un exemplaire que j’ai eu entre les mains à Rome dans notre bibliothèque de Saint-Adrien, l’auteur se montre très érudit et théologien profond, soit dans la partie scolastique, soit dans la positive. Dans les questions sur la grâce il cite et suit généralement Zumel.

Contemporain de Brondo et comme lui né en Sardaigne, Ambroise Machin (1580-1640), fut général de l’ordre en 1618 et archevêque de Cagliari dès 1627. Machin est thomiste mais avec beaucoup de largeur d’esprit et sa polémique est toujours courtoise. « Il cite souvent Zumel et d’autres théologiens de son temps. Il s’écarte des thomistes en ce qui regarde la prémotion physique, quant au côté matériel du péché, et il s’en éloigne aussi dans la controverse sur l’immaculée conception. Avec Suarez il pense qu’il n’y a pas de contradiction à ce que la créature soit, par la puissance de Dieu, instrument obédientiel de la création ; que l’ange ne peut, ex natura sua, pécher par subreption ou indélibération, mais que par contre il le peut par légèreté de matière. Il affirme aussi que Dieu peut, par sa puissance absolue, faire que l’intelligence créée s’élève à la vision béatiflque avant l’illumination de la gloire, et il soutient que des saints, tels que Moïse et saint Paul, ont joui transitoirement de la vision béatiflque pendant cette vie… On ne peut pas refuser une place d’honneur au grand théologien sarde dans la lignée des commentateurs du Docteur nngélique cl dans le panthéon de la théologie scolastiqne du xviie siècle. » P. Goyena, S..J., dans RazànyFé, 1918.

Non moins remarquable que Machin est Jean Prudencio (1610-1658). Il enseigna la philosophie et la théologie à Huesca el à Al cala successivement De ses ouvrages, deux seulement furent imprimés : 1. Com mentarium super XXIV primas questiones III 31 part. Summee theologicse sanctissimi Thomw, deux forts volumes in-fol., Lyon, 1654 ; 2. Opéra theologica posthuma super quæstiones xii, XI v et xix S. P. D. Thomas, Lyon, 1690, 1 vol. in-fol. D’après le P. Castell, O. S. B., Prudencio se montre dans ces ouvrages comme connaissant à fond la théologie tant ancienne que moderne, dialecticien habile et clair dans l’expression de sa pensée et polémiste redoutable. Prudencio réfute vigoureusement la « science moyenne » de Molina et répond avec succès aux difficultés qu’on oppose au concept de la grâce efficace ab intrinseco (Tract, de arbilrio hum., pars II a, p. 48). Prudencio est assurément l’un des premiers théologiens de son époque.

De ce même siècle est Silvestre Saavedra († 1643), profond théologien de la sainte Vierge, dont l’ouvrage Sacra Deipara, seu de eminentissima dignitate Dei genitricis immaculatissimæ Lyon, 1655, est très important et offre encore un réel intérêt.

Quoique d’importance moindre que ceux que nous venons de citer, il faut nonnner : Pierre de Ona († 1626), dont l’œuvre théologico-ascétique sur les quatre fins de l’homme. Postrimerias del hombre. qui parut en 1603 à Madrid, fut plusieurs fois rééditée. Elle est aussi de grande valeur littéraire pour la langue espagnole. Cependant Ona est connu surtout comme philosophe car il écrivit des Commentaria très érudits des livres d’Aristote. — Jean Negrôn († 1603), grand orateur, composa un De sacrameniis in génère et in specie, Madrid. — François Pizafio († 1651) publia à Madrid en 1649 un Compendium totius mysticæ Iheologiæ, etc. (531 folios) que Hardâ qualilie de parvum mole, sed doctrina gigantem. — Louis Aparicio († 1649) est l’auteur du De cultu patris Adam sanctorumque V. T, Madrid, 1639. — Le P. Mendoza († 1665} mourut très jeune, mais il a laissé une preuve de son savoir, dans une Theologica prælectio, Alcala, 1661. — - Gabriel de Adarzo y Santander, archevêque d’Otrante († 1674), compos’parmi d’autres ouvrages un vol. in-fol. : Questiones scholasticie, Madrid. Il créa à l’université de Salamanque, en 1663, une chaire de théologie morale dont le premier titulaire fut le Fr. Joseph Gonzalez de la Merci. — Le P.Nolasque Melezé se fit remarquer, à la fin du xviie siècle, à Bordeaux où il fut régent de théologie. — Il faut citer aussi dans ce siècle le P. Barthélémy Laplaine († 1692) auteur de Magna commentaria in universam catenam auream divi Thomæ Aquinalis, Paris. — Le P. François Alchacoa publia en 1685 une Summa Iheologiæ moralis à Pampelune. — Le mexicain Fr. Pedro Celis († 1677) fit imprimer des Tractatns theologici in / am part. D. Thomw, et à Mexico, en 1615, un volume traitant de questions théologiques sous le titre de Laurea mexicana. — On peut aussi faire mention du fameux Séraphin de Freitas († 1632) qui écrivit De juste imperio Lusilanorum, etc., lequel eut plusieurs éditions. — En 1696, mourut à Valence le P. Jean Aparicio, homme d’une étonnante érudition, qui avait publié de nombreux ouvrages fort appréciés sur la théologie, la sainte Écriture, l’histoire, les mathématiques, l’astronomie, la géographie, la linguistique, etc.

Le xvi il’siècle.

Bien que le XVIIIe siècle soit

un âge de décadence pour la théologie, la Merci compta pourtant deux théologiens remarquables : le P. Ambroise de Albendea et le P. Augustin Cabadés Magi.

Encore 1res jeune, le 1’. Albendea obtint une chaire do Saint-Thomas à l’université d’Alcala. Pendant la guerre de succession d’Espagne, il se rangea du côté de l’archiduc Charles d’Autriche, ce qui l’obligea de s’enfuir ; il perdit ainsi, en 1711, sa chaire d’Alcala. II mourut à Naples, en 1739, dans le couvent de Sainte-Ursule de la Merci. L’unique ouv.age qu’on ait imprimé de lui est intitulé : Tractatus de spe theologica,