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RÉDEMPTION. SOURCES LITTÉRAIRES, MONOGRAPHIES

dénie, appartiennent au dossier de la question. Quelques œuvres plus notables se détachent de cette masse, qui, dans des sens d’ailleurs très différents, sont devenues classiques en raison de leur influence ou de leur valeur.

Chez les catholiques. — Anselme de Cantorbéry, Cur Deus homo (1098), édition Gerberon (très médiocre), dans P. L., t. clviii, col. 361-430 ; édition critique par Fr.-S. Schmitt, Bonn, 1929 (dans Florilegium patristicam, fasc. xviii). Sur la genèse du traité : E. Druwé, Libri sancti Anselmi « Cur Deus homo » prima forma inedita, Rome, 1933 (Analecta Gregor., t. iii) ; J. Rivière, Un premier jet du « Cur Deus homo » ?, dans Revue des sciences religieuses, t. xiv, 1934, p. 329-369 (discussion du précédent) ; réponse d’E. Druwé dans Revue d’hist. eccl., t. xxxi, 1935, p. 501-540, suivie d’une réplique dans Revue des sciences rel., t. xvi, 1936, p. 1-32.

Mise en œuvre du Cur Deus homo : S. Thomas d’Aquin, Sum th., IIIa, q. xlvi-xlix (qui représente les positions communes de l’École). Glose dans T. Pègues, Commentaire français littéral de la Somme théologique, Toulouse et Paris, t. xvi, 1926 ; traduction, avec « notes explicatives » et « renseignements techniques », dans P. Synave, Saint Thomas d’Aquin : Vie de Jésus, t. iii, Paris, 1931 ; utilisation pieuse dans Pr. Mugnier, La passion de Jésus-Christ, Paris, 1032. — Duns Scot, Opus Oxon., In IIIum Sent., dist. XIX-XX (dont l’action se retrouve à travers toute la scolastique des siècles suivants).

Chez les protestants. — J. Calvin, Inst. rel. christ., II, xvi, 1-12 (édition définitive, 1559), dans Opera omnia, édit. Baum, Cunitz et Reuss, t. ii, col. 367-379 (très représentatif de la direction nouvelle prise par le protestantisme en la matière). — F. Socin, De Christo servatore (1578), dans Bibliotheca Fratrum polonorum, Irénopolis (Amsterdam), post annum Domini 1656, t. ii, p. 115-246 (synthèse du rationalisme unitarien). Échos de la polémique dirigée à son endroit par l’orthodoxie protestante dans J.-J. Rambach, Einleilung in die Religions-Streitigkeiten der ev.-luth. Kirche mit den Socinianern, édit. Hecht, Cobourg et Leipzig, 1745, t. ii, p. 395-535. — H. Grotius, Defensio fidei catholicæ de satisfactione Christi, Leyde, 1617 (dont l’importance est attestée par J.-J. Rambach, t. i, appendice, p. 406-428). Réédition par J.-J. Lange, Leipzig, 1730 : traduction anglaise, avec introduction et notes, par F.-H. Foster : A defence of the catholic faith concerning the satisfaction of Christ, Andover, 1889. Critique du point de vue socinien par J. Crell, Responsio ad librum Hugonis Grotii (1623), dans Bibl. Fr. Polon., t. v ; défense par A. Essenius, Triumphus crucis seu fides catholica de satisfaclione ac merito Christi asserta, Utrecht, 1666. Sur le mouvement américain issu de Grotius, au tournant du xviiie siècle, les « discours et traités » les plus caractéristiques sont réunis dans E.-A. Park, The atonement, Boston, 2e édit., 1860. — Plébiscites religieux propres à dessiner en raccourci les courants du protestantisme contemporain : The atonement. A clerical symposium, Londres, 1883 ; The atonement in modern religious thought. A theological symposium, 3e éd., Londres, 1907 : E. Pfennigsdorf, Der Erlösungsgedanke, Gœttingue, 1929 (compte rendu d’un Congrès de théologiens allemands tenu à Francfort-sur-Mein, octobre 1928).

II. Études positives. — Sans parler des partis-pris inconscients, rares sont les auteurs qui ne mettent pas expressément leurs enquêtes au service d’un dogmatisme avoué. Ce sont même, dans l’ensemble, les travaux les plus négatifs qui répondent davantage au type des histoires écrites ad probandum. Il ne s’agit donc que de dresser ici l’état approximatif de ceux dont la documentation est plus nourrie et le caractère positif plus accentué.

Publications générales. — Dans toutes les histoires des dogmes — ou synthèses équivalentes — celui de la rédemption reçoit une plus ou moins grande part.

1. Chez les protestants. — On peut surtout retenir : W. Münseher, Handbuch der christlichen Dogmengeschichte, Marbourg, 2e éd., 1804 ; D.-Fr. Strauss, Die christliche Glaubenslehre, Tubingue et Stuttgart, 1841 ; Ad. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 4e éd., Tubingue, 1909-1910 ; trad. angl. sur la 3e éd., 1893 ; Fr. Loofs, Leitfaden zum Studium der Dogmengeschichte, Halle, 4e éd., 1906 ; R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, Leipzig, 1908-1920.

2. Chez les catholiques. — D. Petau, De incarnatione Verbi, ii, 5-17 et xiii, 2-12, dans Opus de theologicis dogmatibus (1643-1650), édition de Bar-le-Duc, 1868, t. v et vi ; L. Thomassin, De incarnatione Verbi Dei, i, 1-21 et ix-x, 8-10, dans Dogmata theologica (1680-1689), éd. Vives, Paris, 1868, t. iii et iv ; J. Schwane, Dogmengeschichte, Fribourg-en-Br., 1860-1868 ; trad. A. Degert : Histoire des dogmes, Paris, 1901-1904 ; J. Tixeront, Histoire des dogmes dans l’antiquité chrétienne, Paris, 1905-1909.

Monographies. — Plus qu’à tous les autres, c’est particulièrement à ces sortes d’ouvrages que les attaches confessionnelles et les préférences doctrinales de l’auteur impriment le cachet du subjectif.

1. Chez les protestants. — Simples ébauches : J.-Fr. Cotta, Dissertatio… historiam doctrinæ de redemptione Ecclesiæ sanguine J.-C. facta exhibens, dans son édition de J. Gerhard, Loci theologici, t. iv, Tubingue, 1765, p. 105-132 ; W. Ziegler, Historia dogmatis de redemptione, Gœttingue, 1791 ; repris dans Velthusen, Kuinoel et Rupert, Commentationes theologicæ, Leipzig, t. v, 1798, p. 227-299 (l’un et l’autre de confession luthérienne orthodoxe) ; J. Priestley, A history of the corruptions of christianity, 2e partie (Londres, 1782), réédition populaire, 1871 (socinien) ; B. Pozzy, Histoire du dogme de la rédemption, Paris, 1868 (calviniste conservateur). — Première étude méthodique : F.-Chr. Baur, Die christliche Lehre von der Versöhnung, Tubingue, 1838 (rationaliste). Elle inspire les esquisses plus brillantes que solides risquées chez nous par A. Réville, De la rédemption. Études historiques et dogmatiques, Paris, 1859 ; Aug. Sabatier, Le dogme de l’expiation et son évolution historique, Paris, 1903 ; trad. angl., 1904. — Contributions postérieures, d’inspiration libérale et subjectiviste : A. Ritschl, Die Lehre von der Rechtfertigung und Versöhnung, t. i, Bonn, 3e édit., 1889 ; trad. angl., 1872 ; G.-B. Stevens, The Christian doctrine of salvation, Édimbourg, 1905 ; H. Rashdall, The idea of atonement in Christian theology, Londres, 1919 ; d’inspiration plutôt ecclésiastique et traditionnelle : K. Grass, Die Gottheit Jesu Christi in ihrer Bedeutung für den Heilswert seines Todes, Gütersloh, 1900 ; J.-K. Mozley, The doctrine of the atonement, Londres, 1915 ; R.-S. Franks, A history of the doctrine of the work of Christ, Londres, 1919 ; L.-W. Grensted, A short history of the doctrine of the atonement, Manchester, 1920 ; R. Mackintosh, Historic theories of atonement, Londres, 1920. — Presque toutes ces histoires, surtout les plus objectives, laissent de côté l’Écriture, pour ne s’arrêter qu’aux écrits des Pères et des théologiens. Naturellement, chacun des auteurs se montre plus exact et plus informé sur son pays respectif.

Au radicalisme le plus extrême et le plus agressif des historiens protestants il faut rattacher J. Turmel, La rédemption, dans Histoire des dogmes, t. i, Paris, 1931, p. 299-464 (reprise élargie des articles publiés d’abord sous le pseudonyme d’ « Hippolyte Gallerand », 1922 et 1925).