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    1. QUESNEL##


QUESNEL. ECRITS

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et détruire la cabale des jésuites, toujours accusés d'être les inspirateurs des persécutions exercées contre le jansénisme. Tout paraît marcher à souhait ; le 9 septembre 1717, Quesnel écrit au P. de La Tour, supérieur de l’Oratoire, pour lui demander de le tenir toujours comme un membre dévoué de la congrégation : « .le vous supplie très humblement et, par vous, tous nos Révérends Pères, de me faire la grâce de me tenir toujours pour un de vos enfants, comme un membre de la congrégation, dans le sein de laquelle j’ai été. quoiqu’indigne, ordonné prêtre, il y aura cinquante-huit ans, le 21 de ce mois, et où je tiendrai à une singulière bénédiction de finir mes jours. » Il ne reçut point de réponse.

Dom Louvard travailla toujours, avec la fille du Hé^ent, pour obtenir le retour de Quesnel en France ; mais celui-ci hésita fort ; il se réjouit beaucoup du mandement de Noailles du 24 septembre 17 IX et de la déclaration de la Sorbonne, qui a pris sa cause en main et le reconnaît pour son élève ; cependant, il ne songe pas à revenir en France. D’ailleurs, depuis 1718, le Régent, sous l’influence de Dubois, devient de moins en moins favorable aux jansénistes, qu’il regarde comme des semeurs de zizanie et des fauteurs de désordre.

Quesnel tomba gravement malade le 27 novembre 1719 et il signa une profession de foi le 28 novembre : il persiste à croire que, dans son livre des Réflexions et dans ses autres écrits, il n’a rien dit qui ne soit parfaitement conforme à la doctrine de l'Église et il renouvelle l’appel qu’il a interjeté au futur concile ; il déteste tout esprit de schisme et de division. Dans son testament, daté du 1 I juillet 1719, il pardonne de tout cœur et pour l’amour de Dieu à toutes les personnes de qui il a reçu des offenses et des injustices et qui l’ont faussement accusé d’erreurs et de schisme. Il mourut, âgé de 85 ans, le 2 décembre 1719.

Les biographes de Quesnel, et en particulier le Nécrologe des appelants, p. 118-125, célèbrent ses grandes vertus, sa piété, sa rare charité et son désintéressement admirable. « Comme la vie du P. Quesnel avait été toute consacrée à Dieu, à Jésus-Christ et au service de l'Église, sa mort ne pouvait être que sainte et précieuse devant Dieu. »

Ses écrits, fort nombreux, sont remplis d’une érudition surprenante ; mais il faut en contrôler la valeur, car, inconsciemment peut-être, Quesnel donne aux textes innombrables qu’il cite un sens qu’ils n’ont pas toujours et en tire des conclusions parfois très contestables. Encore plus qu' Arnauld son maître, il a donné au jansénisme du XVIIIe siècle son caractère agressif, ergoteur et outrancier. Bref, il ne faut accepter que sous bénéfice d’inventaire, ses affirmations les plus catégoriques, car les thèses qu’il édifie, à coups de textes empruntés à saint Augustin, à BaïUS, à Jansénius et à Arnauld, sont souvent peu solides, même au point de vue historique, et c’est avec raison que l'Église les a repoussées comme contraires à la vraie tradition chrétienne. Ce compagnon fidèle d' Arnauld vieilli et exilé, « qui n’eut pas ses imposantes qualités et poussa plus loin ses défauts d, est le père de la troisième génération de Port-Royal et, comme tel, il est responsable de la décadence incontestable du jansénisme doctrinal et du développement du jansé nisme parlementaire, qui est très inférieur au jansénisme de la première et même de la seconde génération. Quesnel a tellement desséché le christianisme qu’il lui a Ole toute vie propre religieuse et en a l’ail surtout un parti d’opposition à Home, à l'épiscopal et même à la monarchie : après lui, on put être du parti sans rire de la religion. De son vivant, Quesnel a pu voir ou du moins pressentir cette évolution regrettable d’une doctrine qui avait prétendu ramener à ses origines

augustiniennes la doctrine de l'Église touchant la grâce.

II. Écrits de Quesnel.

Avant de publier le livre des Réflexions morales qui lui a donné une place à part dans l’histoire du jansénisme, Quesnel avait déjà composé quelques écrits, où l’on peut trouver les germes de sa doctrine. Il importe de les citer tout d’abord, pour en indiquer les idées générales.

Règles de la discipline ecclésiastique recueillies des conciles, des synodes de France et des saints Pères de l'Église, touchant l'état et les mœurs du clergé, Paris, 1665, in-12. Cet écrit fut réédité plusieurs fois, en particulier, en 1670, avec des additions sur la nécessité de la vocation, sur la pluralité des bénéfices et sur les pensions injustes prises sur les biens de l'Église. — L’office de Jésus pour te jour et l’octave de sa fête, qui se célèbre dans la congrégation de l’Oratoire de Jésus, le 28 janvier, où la foi et la piété de l'Église se trouvent expliquées par V Écriture et les saints Pères, traduit en français, avec des réflexions de piété, Paris, 1075. in-8°. La préface, éditée à part, eut plusieurs éditions ; elle explique le but et l’objet de cette fête, qui avait été instituée par le cardinal Pierre de Bérulle, fondateur et premier supérieur de l’Oratoire.

Sancti Leonis Magni papie opéra omnia, nunc primuin epistolis XXX tribusque de gratia opusculis auctiora secundum exactam annorum seriem ordinata ; a suppositis lextibus, interpolalionibus, innumerisque mendis expurgata ; appendicibus, dissertalionibus, notis, observalionibusque illustrala. Acce.dunt sancti Hilarii, Arelalensis episcopi, opuscula, vita et apologia, Paris, 1675, 2 vol. in-4° ; une édition in-fol. parut à Lyon en 1700. Les Pères de l’Oratoire adressèrent leurs félicitations au P. Quesnel, dans leur assemblée de 1(575. Cependant, les écrits de Quesnel étaient suspects à Rome, et l’on parlait d’une mise à l’Index. Le P. de Sainte-Marthe, pour éviter une condamnation, écrivit au cardinal François Barberini une lettre datée du 1 er août 1677 ; mais l’ouvrage avait déjà été condamné par un décret du Saint-Office du 22 juin 1676, à cause des notes et des dissertations où l’on trouve, touchant la grâce et la liberté, des thèses répandues par les jansénistes. Cette édition des (Euvres de saint Léon fut fort louée, en particulier par Baillet, dans Jugements des savants, éd. La Monnaye, t. ii, p. 192 493. De son côté, Quesnel songea à défendre son ouvrage et il composa une Apologie contre la prohibition de son livre, qu’il envoya manuscrite à Arnauld. mais celui-ci, dans une lettre datée du 18 octobre 1082, lui conseilla de ne pas la publier à ce moment. Dans son ouvrage, Quesnel attribuait à saint Léon les livres de la Vocation des gentils, les Capitules sur la grâce et la Lettre à Démétriade : le I'. Antelmy soutint que ces écrits sont l'œuvre de saint Prosper dans l’ouvrage intitulé : De veris operibus Ss, P. Leonis Magni et Prosperi Aquitani Dissertât A>nes, qui bus Capituli de gratia et epistola ad Demetriadem, neenon duos de Vocatione omnium Gentium libros Leoni nuper inscriptos, adjudicat et Prospéra posl/iminio restituil Josephus Antelmy, près buter et canonicus Ecclesim Forojuliensis Paris, 10811. in-l° (voir Journal des savants des 2-9 mai 1689, p. 287-305. et du 10 mai, p. 310-327). Quesnel répliqua par une Lettre à un de ses amis en réponse au sieur Antelmy, où il conserve toutes ses positions (Journal des savants des 8-15 août 1689, p. 5 17 5011), et Antelmy lui répondit dans le Journal des savants du 21 avril 1090, p. 280-287.

Quesnel poursuivit la publication d’ouvrages ascétiques : Conduite chrétienne, tirée de l’Ecriture sainte et des Pires de l'Église, louchant la confession et la communion, dédiée à Mme la Chancelière, Paris, 1070, in-18 ; il y cul de nouvelles éditions en 1079. 108 1. 1692 el enfin en 1099 ; cette dernière avait une addi-