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RAYMOND DE PENYAFORT


quelques phrases, écarta quelques expressions insignifiantes, introduisit les déterminations et les changements apportés depuis 1228. On n’a pu retrouver jusqu’ici d’exemplaire de la rédaction de saint Raymond. Il est cependant possible de la reconstituer approximativement par une comparaison entre le texte des Constitutions de 1228 et celui de la rédaction de 1256, publiée par H. Denifle, dans la collection citée, t. v, 1889, p. 533-564. Dans cette dernière édition tous les textes qui contiennent des statuts ajoutés après 1241 sont imprimés en italique de sorte que l’on peut se faire une idée assez exacte de la rédaction de saint Raymond. Toutefois les parties des Constitutions du docteur catalan, qui ont été écartées de la rédaction de 1256, ne peuvent être reconstruites. Ces Constitutions comprennent deux parties, dont la première traite de l’observance régulière et la seconde de l’administration. La rédaction de saint Raymond a constitué la base des constitutions et de la législation entière de l’ordre des prêcheurs jusqu'à la revision complète et la codification de 1924. Pour le texte des Constitutions de saint Raymond, voir aussi Analecla ord. fr. prædicatorum, t.ui, p. 26-60, 98-122, 162-181. Dans le même ordre d’idées, il faut rappeler la part que prit saint Raymond à la rédaction de la règle des mercédaires. 7° Ouvrages divers.

 A la demande de quelques

évêques saint Raymond a composé une Summa pastoralis, appelée encore Traclalus de ralione visitandee diœcesis et curandse subdilorum salulis, ou plus correctement Libellus pasloralis de cura archidiaconi, d’après L. Delisle, qui a édité cet ouvrage dans Catalogue des manuscrits, t. i, Paris, 1849, p. 592-649. Cette Summa pasloralis, dont la date de composition est incertaine, constitue un guide pratique et un directoire pour les évêques dans la visite canonique des églises de leurs diocèses. Elle comprend quatre parties. Dans la première le docteur catalan expose les principaux devoirs des évêques dans leurs visites des églises, à savoir enseigner en exhortant, en discutant, en réprouvant et surtout en prêchant. Le saint ne perd pas son temps en de vaines subtilités et de vagues spéculations, mais va toujours droit au nœud de la question. Dans la deuxième partie il esquisse la manière dont la visite doit être conduite. Ainsi l'évêque doit s’informer sur les différents offices exercés par les curés, veiller à la manière dont les sacrements sont administrés et le chant ecclésiastique exécuté, examiner les registres paroissiaux, interroger les fidèles et les prêtres des alentours, enfin adresser quelques paroles aux fidèles. L'évêque doit aussi prendre des informations sur la vie privée du curé, sur sa conduite à l'égard des prêtres et des religieux des environs, de ses paroissiens, sur les membres de sa famille qui résideraient avec lui ; sur l’administration des biens de la paroisse, l’administration des sacrements, la prédication de la parole de Dieu, la libéralité envers les pauvres. La troisième partie contient des instructions au sujet du temps et de la méthode à suivre dans la réforme ou la suppression des abus et indique les lois ecclésiastiques qui doivent guider les visiteurs dans cette action. Dans la quatrième partie toute la procédure à suivre est soigneusement décrite et les droits du pape, de l'évêque, du visiteur et du curé sont clairement esquissés. Les questions examinées par saint Raymond embrassent tous les aspects de la vie médiévale religieux, social et économique. Voir L. Delisle, Études sur la condition de la classe agricole et l'étal de l’agriculture en Normandie au Moyen Age, Paris, 1903, p. 203-207 ; K. Lessel, Die Entwicklungsgeschichle der kanonisch-scholaslischen Wucherlehre im 13. Jahrhunderl, Luxembourg, 1905, p. 9, 13-22 et passim ; V. Brant, Les théories économiques aux XIIIe et xi re siècles, Louvain, 1895.

Il faut noter encore le canevas ou l’esquisse d’un sermon prononcé par saint Raymond, lors du chapitre général de Paris en 1239, dans le couvent de Saint-Jacques, après les vêpres, devant le clergé. Il est conservé dans le ms. A. 11, fol. 28, de la bibl. Ambrosienne de Milan entre les sermons d’Humbert de Romans et de Pierre de Tarentaise ; il est édité dans les Raymundiana, fasc. 2, p. 80. Depuis Quétif-Echard, Scriplores ord. fr. prædicalorum, t. i, p. 110, jusqu'à J.-M. de Garganta, L’obra lileraria de Sanl Ramon de Penijaforl, dans Butlleli del setè centenari de les Décrétais, t. i, 1934, p. 8-12, à peu près tous les biobibliographes du docteur catalan lui attribuent une Summa quando p ; enilens remitli débet ad superiorem, traitant des péchés réservés ; un Traclalus de bello et duello ; un Modus juste negoliandi in gratiam mercatorum. Fr. von Schulte, op. cit., p. 412-413, toutefois émet l’opinion que le Traclalus de bello et duello ne constitue probablement qu’un extrait de la Somme de saint Raymond et que la Summa pasloralis, le Modus juste negoliandi in gratiam mercatorum et la Summa quando pamitens remitli débet ad superiorem auraient été rédigés par d’autres auteurs sous le nom du docteur catalan.

L. Feliu, enfin, a écrit et édité cinq documents relatifs à saint Raymond, qu’il a découverts dans les archives du monastère de Sainte-Anne à Barcelone (aujourd’hui au musée diocésain du séminaire de Barcelone). Ces documents datent de 1249, 1255, 1264, 1265 et 1270. C’est cependant à tort que l’auteur déclare erronée la date assignée à la mort de saint Raymond par un nécrologe du fonds de Santa Eulàlia del Camp, à savoir VIII idus januarii 1274, puisque, dit-il, d’après une bulle de Grégoire IX du 13 août 1274 le docteur catalan est toujours en vie à cette date. L’auteur, en effet, n’a pas remarqué, observe avec raison H. Bascour, dans Bulletin de theol. anc. et méd., t. ii, 1933, n. 91, 92, que dans le nécrologe est employé le style de l’incarnation en usage à cette époque en Catalogne et que par conséquent VIII idus januarii 1274 correspond parfaitement à in die Epiphaniæ 1275 d’Etienne de Salagnac, qui écrivit en 1278 le traité De quatuor in quibus Deus ordinem prædicalorum insignivit, dont la partie relative à saint Raymond a été éditée dans Raymundiana, fasc. 1, p. 4-5. Ces documents ont été décrits et publiés dans Vila crisliana, t. xviii, 1930-1931, p. 296-300, et dans Analecla sacra Tarraconensia, t. viii, 1932, p. 101-109.

Oiiélif-Échard, Scriptores ord. præd., t. i, Paris, 1719, p. 106-110 ; Fr. von Schulte, Geschichte der Quellen und Literatur des canonischen Rechts, t. ii, Stuttgart, 1877, p. 408413 ; Die canonischen Handschriften der Bibliotheken Prags, Prague, 1868, p. 97-104 ;.1. Dietterle, Die » Summse confessorum sive de casibus conscienliæ non ihren Anjàngen an bis zii Silvester Prierias, dans Leitschr. f. Kirchengeschichle, t. xxiv, 1903, p. 530-542 ; II. Stintzlng, Geschichte der populàren Literaiurdes rômisch-kanonischen Rechts in beuischland am Ende des fùnfzelinlen und im Anfang des sechszehnlen Jahrhunderts, Leipzig, 1807, p. 493-500 ; ('.. Phillips, Kirchenrecht, t. iv, Ratisbonne, 1851, p. 271-287 ; H. DeniHe, Die Constitutionen des Prediger-Ordens nom Jahre 1228, dans Arcliiv j. I.illcr. u. Kirchengeschichte d. M. A., t. i, 188T>, p. 165-227 ; le môme. Die Constitutionen des Predigerordens in der Rédaction Raim.un.ds non PeRafort, dans la même collection, t. v, 1880, p. 530-504 ; A. Danzas, Éludes sur les temps primitifs de l’ordre de Saint-Dominique, IIe sér., Saint Raymond de Penyafort, t. i, Lyon, 1885 ; Fr. Balme et C. Paban, Raymundiana seu documenta quiv pertinent ad S. Raymundi de Pennaforii vilain et scripla, dans Monum. ord. fr. prædic. historien, t. IV, fasc. 1 et 2, Rome, 1898 et 1901, où se trouve une copieuse bibliographie ; B. Kuhlmann, Der Gesetzesbegriff beim lieil. Thomas von Aquin im. Lichte des Rechlssludiums seiner 'Lvil, Bonn, 1912, p. 56 sq. ; E. Gôller, Die pdpstliehe Pônitentiarie non ihrem Ursprung bis zn ihrer Umgeslallung unter Pius V., t. i, Rome, 1907 ; A. Van Hove, De Deerelalium Gregorii IX origine historica,