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1801

RAYMOND GODEFROID

RAYMOND DE PENYAFORT 1806

Outre les ouvrages déjà mentionnés, à savoir le Mémoire sur les Quatre Questions et les deux Sermons, B. Hauréau et A.-G. Little attribuent encore à Raymond Godefroid quelques ouvrages d’alchimie. Ainsi ces deux auteurs lui assignent un traité intitulé Verbum abbreviatum de leone viridi, qui constituerait un abrégé d’un ouvrage analogue de Roger Bacon. Il a été édité sous le nom de Roger Bacon (auquel d’ailleurs P. Glorieux l’attribue toujours dans son Répertoire, t. ii, p. 62) en 1485, sans indication de lieu, avec le titre : Opéra chijmica Rogeri Bacconis. Le même volume fut réimprimé en 1603, à Francfort, sous le titre : Sanioris medicinæ magislri Rogeri Bacconis, Angli, de arte chymiæ scripta et enfin, ibid., 1620, avec le titre : Sanioris medicinœ… thésaurus chemicus. Les auteurs déduisent d’un passage de la préface que Raymond Godefroid doit être considéré comme l’auteur de ce traité. Il y est dit : Islud verbum, a multis non immerito desideratum, ab egregio doclore nostro Rogero Bacone est primo declaratum. Deinde ego fr. Raymundus Gaufridus, ordinis fralrum minorum minister generalis, ipsum verbum, brevius quam potui, breviter explanare filiis philosophise curavi. Voir B. Hauréau, toc. cit., p. 119, et V. Doucet, dans Arch. franc, hist., t. xxvir, 1934, p. 556, où le texte diffère un peu de celui de B. Hauréau. C’est à tort que J.-H. Sbaralea considère le Verbum abbreviatum et le De hone viridi comme deux ouvrages distincts et il se trompe quand il propose de corriger De leone viridi en De colore viridi. Raymond ne se serait pas seulement contenté, selon B. Hauréau, d’abréger le traité de Roger Bacon, mais il aurait aussi exposé des théories personnelles sur certains problèmes chimiques dans des ouvrages, qui ne sont peut-être pas tous parvenus jusqu'à nous. Roger Bacon, en effet, a composé un ouvrage entier, intitulé Ad Raymundum qui scripsit de viridi leone brève breviarium de dono Dei, pour réfuter une opinion de Raymond, qui, se fondant sur un passage d’Aristote, au 1. IV des Météores, avait nié la possibilité de la transmutation des métaux. Bacon au contraire y démontre la possibilité de cette opération. Or, comme cette citation du 1. IV des Météores ne se rencontre pas dans le De leone viriai, elle doit se trouver dans un autre ouvrage de Raymond, peut-être dans le Tractatus solis et lunse, qui, dans un manuscrit de la bibliothèque de Genève, est attribué à Raymond Godefroid. Voir Senebier, Catalogue des manuscrits de Genève, p. 215. Il est cependant à noter que V. Doucet refuse, et non sans raison, d’accepter, sans plus, l’authenticité de ces ouvrages d’alchimie, alléguant à propos que les alchimistes de cette époque avaient la coutume de cacher sous de grands noms leurs expériences suspectes. Et il conclut que, « pour la même raison, il est fort probable qu’un grand nombre d’ouvrages ont été attribués à Roger Bacon, qui ne sont pas de lui ». Voir Arch. franc, hist., t. xxvii, 1934, p. 26.

B. Hauréau attribue encore à Raymond un poème astrologique, commençant par les mots : O qui stelligeri cursus moderaris Olympi et conservé dans un recueil du Corpus Christi Collège à Oxford, sous le titre : Liber cursuum planelarum capilisque draconis. Il y est attribué à Raymond de Marseille, qui d’après Hauréau doit être identifié avec Raymond Godefroid.

Enfin J.-H. Sbaralea affirme avoir vu dans quelques couvents de l’Italie une Constitution de l’année 1290 pour les mineurs de la province de Milan, ainsi qu’une autre pièce administrative, intitulée Memorabilia, qui contient les instructions données par Raymond aux provinciaux de l’ordre, dans le chapitre général de Paris en 1292.

L. Wadding, Annales minorum, t. v, Quaracchi, 1931, an. 1278, n. xxix, p. 58 ; an. 1289, n. xxii, p. 234 ; an. 1290,

n. x et xi, p. 263-264 ; an. 1295, n. xii et xiv, p. 379-381 ; t. vi, an. 1310, n. iii, p. 188 sq. ; an. 1318, n. xiii et xvi, p. 356-358 ;.1. H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ord. minorum, Rome, 1806, p. 626-627 ; Salimbene, Chronica ord. minorum, éd. O. Holder-Egger, dans Monum. Germ. hist., Script., t. xxxii, Hanovre, 1905-1913, p. 669, 670, 671, 676 ; Chronicon de Lanercost, éd. J. Stevenson, Edimbourg, 1839, p. 141 et 143 ; Fr. Ehrle, Zur Vorgeschichle des Concils von Vienne, dans Archiv f. I.itl. u. Kirchengesch. des M. A., t. iii, 1887, p. 138-160 ; Achard, Dict. de la Provence, t. iii, p. 344 ; le même. Hommes ill.de la Provence, 1. 1, Paris, 1786, p. 344 ; Barthélémy de Pise, Ile conformitate vitse b. Francisci ad vitam Domini Jesu, t. I, fruct. ix, 2e part., fruct. xi, 2e part., dans Analecla franc, t. iv, Quaracchi, 1906, p. 440, 541 ; H. Hurter, S’omenclator, 3e éd., t. ii, col. 594 ; B. Hauréau, Raymond Gaufridi, général des fr. mineurs, dans Hist. lilt. de la France, t. xxvii, Paris, 1877, p. 112-122 ; A. G. Little, The grey friars in Oxford, Oxford, 1892, p. 194-195, 208 ; le même, Letter of Bonagratia, min. gen. to Edward I, King of England, A. D. 1282. With some noies on visitations of provinces bu minislers gênerai in the 13lh cent., dans Arch, franc, hist., t. xxvi, 1933, p. 238-240 ; le même, Two sermons of Fr. Raymond Gaujrcdi, min. gen. preached al Oxford in 1291, dans Collectanea franc, t. iv, 1934, p. 161-174 ; le même et Fr. Pelster, Oxford theology and theologians c. A. D. 1282-1302, Oxford, 1934, p. 174, 176, 178, 189-190 ; Gratien de Paris, L T iic lettre inédite de Pierre Jean Olivi, dans Études franc, t. XXIX, 1913, p. 414-1-22 ; le même, Hist. de la fond, et de l'èvol. des fr. min. au XIIIe siècle, Paris, 1928, p. 365, 382, 401, 416, 419, 426, 427, 438, 412, 444, 451, 554, 579, 629 ; L. Amorôs, Séries condemnationum et processuum contra doctrinam et sequaces Pétri Joannis Olivi, dans Arch. franc, hist., t. xxiv, 1931, p. 504-505 ; Raymond Gaufredi, min. gén., dans France franc, t. v, 1922, p. 443-444 ; P. Glorieux, Répert. des maîtres enthéol. de Paris au XIIIe siècle, t. ii, Paris, 1934, p. 136 et 02 ; V. Doucet, Maîtres franciscains de Paris. Supplément au Répert. des maîtres… de M. le chan. P. Glorieux, dans Arch, franc hist., t. xxvii, 1934, p. 26 ; M. R. Toynbee, Saint Louis of Toulouse, Manchester, 1929, j). 72, 76, 78, 132, 178, 236-237 ; D. L. Doule, The nature and the effect of the hercsy of the Fralicelli, Manchester, 1932, p. 10-13, 54, 90 ; K. Balthasar, Geschichte des Armulsstreiies im Franziskanerorden bis zum Konzil von Vienne, Miinster-en-W., 1911, p. 90, 95, 174-177, 179-184, 186-18.S, 208 sq., 213-214, 216, 221, 21-7, 263, 265-274, 267 sq.

A. Teetært.

    1. RAYMOND DE PENYAFORT (Saint)##


RAYMOND DE PENYAFORT (Saint),

ou Penafort, Pennafort, dominicain catalan du xme siècle, qui, tant par la compilation des décrétâtes de Grégoire IX, que par la composition de sa célèbre Summa casuum, a exercé sur le droit canonique et la morale une influence durable, et pour ainsi dire unique († 1275).

I. Vie.

Originaire de Villafranca de Penades, près de Barcelone, où la noble famille de Penyafort, apparentée très étroitement avec les comtes de Barcelone et peut-être même avec les rois d’Aragon, avait son château fort, Raymond doit y être né vers 11751180. De son enfance et de sa jeunesse nous ne possédons que des détails rares et laconiques, que nous ont transmis les anciennes chroniques et vies, éditées dans Raymundiana seu documenta quæ pertinent ad S. Raymundi de Pennaforli vitam et scripta, recueillis et publiés par Fr. Balme et C. Paban, O. P., dans Monum. ord. fr. prædicat. hislorica, t. iv, fasc. 1, Rome, 1898. Il fréquenta l'école de la cathédrale de Barcelone, où il fit le trivium et le quadrivium. Ayant terminé ses études, il y devint lui-même professeur, à la demande de l'évêque et du maître en chef et y enseigna gratuitement la rhétorique et la logique. En 1210, au grand déplaisir des étudiants, il renonça à sa chaire de l'école de la cathédrale pour se faire de nouveau étudiant et s’adonner à l'étude du droit à l’université de Bologne. Quand il s’y rendit à pied avec Pierre Ruber ou le Rouge par Arles et Turin, il' suspendit son voyage pendant quelques jours à Briançon, pour constater de ses propres yeux un miracle opéré par Notre-Dame de Delbeza, qui venait de