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1789
1790
RAUSCHER — RAUTENSTRAUCH


Célestin Wolfsgruber a donné, en 1898, un Augustinus, Paderborn, 1 vol., 952 p., étude assez ample sur la vie, l'œuvre, la doctrine de saint Augustin, arrangée d’après les papiers laissés par le cardinal. Le même éditeur a publié de la même manière, en 1891, à Saulgau (Wurtemberg) une Darstellung der Philosophie, qui représente vraisemblablement les leçons données au futur François-Joseph. Le reste des publications du cardinal appartient à son activité pastorale. On a fait longtemps état de ses deux opuscules : Anwcisung fur die geistlichen Gerichle in Œsterreich bezùglich der Ehesachen et Die Ehe und das zweite Hauplstùck des bùrgerlichen Gesetzbuches, Vienne, 1868, sorte d’apologie ou de commentaire de VAmveisung. Ses œuvres pastorales ont été réunies à diverses reprises ; l'édition complète, Vienne, 1875-1889 compte 9 volumes. Beaucoup de ses opuscules ont été publiés séparément : citons au moins : Der Papst und Italien, 1860 ; Der Staat ohne Gotl, 1865, sorte de commentaire du Syllabus de Pie IX ; Œsterreich ein katholischer Staat, 1866 ; Das allgemeine Concil, 1870.

Il y a une biographie considérable : C. Wolfsgruber, Joseph Ollimnr Cardinal Rauscher, Fribourg-en-B., 1888 (tourne volontiers au panégyrique) ; il faut encore lire la notice de von Schulte, qui donne quelques souvenirs personnels, dans Allgemeine deutsche Biographie, t. xxvii, 1888, p. 449-457, parue antérieurement au volume précédent ; Hurter, Komenclalor, 3e éd., t. v b, col. 1027.

É. Amann.

RAUTENSTRAUCH (Franz Stephan von) naquit à Platten en Bohême, le 26 ou le 29 juillet 1 734 ; il entra assez jeune dans l’ordre bénédictin, au monastère de Braunau, où il fit profession le 14 novembre 1751, et fut ordonné prêtre le 15 octobre 1758. Puis il étudia le droit canonique à Prague où il prit le docrat en théologie. Il enseigna ensuite à ses confrères de Braunau la philosophie, puis le droit canonique et la théologie. Ses premières publications de droit canonique, qui datent de 1769, faillirent être condamnées à Borne sur la demande de l’archevêque de Prague, Antoine Prichowsky ; mais elles lui valurent à Vienne une médaille d’or de la grande Marie-Thérèse, qui jeta les yeux sur ce religieux pour réformer les études cléricales dans l’Empire. Ces premières marques de faveur l’encouragèrent à approfondir les questions canoniques, laissées en jachère en Allemagne depuis la fin des disputes du Moyen Age, tout spécialement celles qui concernent les rapports de l'Église et de l'État. En 1773, prenant parti définitivement en faveur de l’empereur, il publia une dissertation lui reconnaissant le droit de retarder l'âge de la profession solennelle des religieux.

En 1773, il fut nommé abbé de son monastère, et la même année ou l’année suivante, directeur de la faculté de théologie de Prague, et aussi assistant de la commission impériale des études. En 1774, il fut appelé à Vienne avec le titre de recteur de la Faculté de théologie et de président de la section des cultes à la chancellerie. Il avait en même temps la cure de Wollstadt en Silésie et il devint visiteur de son ordre dans les provinces de Silésie et de Moravie. En 1782, il fut nommé par Joseph II conseiller de la chancellerie impériale. Il mourut prématurément à Erlau en Hongrie, le 30 septembre 1785, au cours d’une visite qu’il faisait des monastères de la région.

Cette carrière bien remplie fut tout entière au service du joséphisme. Inutile d’y chercher des cheminements préparatoires, des palinodies ou des regrets tardifs : les grands ouvrages de Bautenstrauch énoncent sereinement la même doctrine de l’omnipotence de l'État sur les choses d'Église que ses pamphlets ou son action réformatrice. Il fallait que le nationalisme fût bien envahissant dans ce milieu pour

mettre ainsi des œillères à un esprit clairvoyant et réaliste, à un religieux exemplaire, qui chercha de bonne foi les progrès du royaume de Dieu.

Œuvres. — On a de lui : 1° un opuscule de combat, qui ouvrait les portes des monastères aux intrusions impériales : De jure principis prsefigendi maluriorem professioni monaslicæ solemni œlatem, Prague, 1773. — 2° Instiluliones juris ecclesiaslici cum publici tum privali, usibus Germanise accommodalæ : c'était la somme de son enseignement à l’abbaye de Braunau, dont il donna, sous des titres légèrement différents, au moins trois éditions presque identiques à Prague, en 1769, 1772 et 1774. Une fois nommé recteur de la faculté de théologie de Vienne, il résuma son cours, sous forme de manuel : 3° Synopsis juris ecclesiaslici, Vienne, 1776 ; puis 4° Institution facullalis theologicæ Vindobonensis, Vienne, 1778 : c'était un véritable ratio sludiorum ecclesiasticorum, mais sous une forme encore théorique et irénique. — 5° Toutes différentes dans leur accent et leur portée pratique, signalons en allemand l’Instruction sur l’organisation des facultés de théologie des États héréditaires de l’empereur, Vienne, 1776, et 6° l’Instruction sur l'établissement des séminaires généraux, 1784.

Trois autres ouvrages furent donnés aux écoles cléricales de l’Empire par le moine réformateur, lesquels ont rapport aux autres disciplines théologiques ; ce sont de simples sommaires, sous des litres modestes, mais qui gardent leur intérêt : — 7° Anleitung und Grundriss der systematischen dogmatischen Théologie, Vienne, 1774 ; — 8° Instilulionum hcrmeneulicarum Y. T. skiagraphia, Vienne, 1775, et Prague, 1776, où l’auteur étudie, non seulement l’Ancien mais aussi le Nouveau Testament ; — 9° Patrologiæ et historiæ litterariæ theologicæ conspeclus, Vienne, 1786.

Enfin, dans quatre opuscules datés de 1782, il se fit le panégyriste de Joseph II et des concessions arrachées par lui au pape : 10° Sur le voyage du pape Pie VI à Vienne, et 11° Pourquoi le pape Pie VI vient-il à Vienne ? 12° Représentation à S. S. Pie VI, simple traduction d’une brochure française de Delauris, où l’auteur demandait au pape de bannir aussi bien la tyrannie des croyances que l’incrédulité ; 13° Considérations patriotiques, œuvre personnelle de Bautenstrauch, où il dénie au pape le droit de paralyser l’action réformatrice de l’empereur Joseph II.

Dans cette production considérable, où se succèdent des ouvrages d’ampleur et d’importance très diverses, on peut dire que les plus digues d’attention à notre époque, ce sont les plus courts. En effet, dans les lourds traités canoniques du début de son enseignement, le savant bénédictin n’a guère fait que mettre en relief les thèses les plus caractéristiques de Van Espen et de Fébronius, avec une inconscience plus grande encore des droits de l'Église et du pape dans les questions mixtes. Sur ces ouvrages d’un joséphisme intégral, les canonistes du xixe siècle ont été très sévères : « Sous prétexte de mettre le droit de l'Église en harmonie avec les vues confuses du droit public de cette époque, l'Église devrait être entièrement soumise à ce qu’on appelait « les hautes raisons « de l'État », comme une sorte d’institution policière. » Les enseignements pontificaux, et aussi les concessions plus récentes des papes nous ont montré que ces deux forteresses, qu’on avait crues adverses et impénétrables, à lire les traités de Bautenstrauch, avaient des fenêtres et devaient se constituer des ponts-levis.

Bautenstrauch seconda les vues de Joseph II plus encore par son action réformatrice que par sa doctrine. A l’instigation de l’empereur, il dressa un plan complet d’enseignement obligatoire pour les clercs séculiers et réguliers, sur toute l'étendue de l’Empire. Il régenta, comme visiteur impérial des monastères