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RATRAMNE — RAUSCHER


du Filioquc. Cf. Jaflé, n. 2879-2883. Dans la province de Reims, nous savons qu’Odon, évêque de Beauvais, ancien moine de Corbie écrivit sur la question. Ratramne laisse entendre qu’il fut sollicité d’écrire lui aussi, mais nous ne savons par qui.

Ratramne remarque d’abord qu’il est toujours gênant pour une Église que les empereurs se mêlent d’intervenir et de légiférer en matière dogmatique. Sur le Filioquc, il s’applique, suivant sa manière habituelle, à montrer par des citations des Pères grecs que les Latins ont tout à fait raison d’enseigner que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils et non du Père seulement. Il passe ensuite en revue la masse des griefs plus ou moins ridicules que les Orientaux accumulent contre les Occidentaux. Parmi ceuxci, la justification du célibat ecclésiastique occupe une place importante. Enfin, il démontre par des considérations scripturaircs, patristiques, historiques, que la primauté de l’Église n’a pas passé de Rome à Constantinople avec l’Empire.

7° Epistola de cynocephalis (P. L., t. cxxi, col. 11531156 ; mieux dans.lion. (ierm. hist., Epist., t.vi, p. 155). - — Cette lettre adressée à Rimbert prêtre, sans doute le disciple de saint Anschaire, et qui devint après lui archevêque de Brème, et écrivit la vie de son maître, indique que toute une correspondance s’était échangée sur le sujet des cynocéphales, dont il est question dans la « Cité de Dieu » de saint Augustin, t. XVI, c. vin. Ces êtres étranges auraient la tête et l’aboiement du chien et le reste du corps comme les hommes. Rimbert en a-t-il jamais rencontré ? Sont-ils des humains ou des bêtes ? Rimbert a répondu qu’il avait entendu dire que ces êtres présentaient plus d’intelligence que les animaux n’en peuvent montrer et Ratramne d’après ses indications conclut qu’en effet, il y a en eux plus que l’instinct animal : quod agriculluram exercent, quod ex frugum messione colligitur ; quod verenda non besliarum more deleganl, sed humane vêlent verecundia, quod in usu tegminis non solum pelles verum etiam vestes eos habere scripsistis ; hœc omnia ralionalem quodammodo tesli/icari videntur eis inesse animam. S’il en est ainsi on ne saurait douter qu’ils ne descendent d’Adam. La lettre est curieuse à bien des points de vue.

Pour l’ensemble de la bibliographie se référer à l’art. Radbkrt ; tous les ouvrages qui y sont cités, traitent plus ou moins de Ratramne.

De l’œuvre de Ratramne, c’est le De corpore et sanguine Domini, qui a été connu le premier, il paraît à Cologne, 1532 : Berlrami pr.sbglcri de corpore et sanguine t’omini ad Carolitm Magnum (sic), le texte, reproduit plus ou moins fidèlement, a été traduit en allemand, en néerlandais. en français et en anglais ; on trouvera une ennuierai ion sommaire des diverses éditions dans Fabricius, Dibl. med. et infini, lutin., t. H, reproduit dans P. L., t. cxxi, col. 0-10 ; en 1608, il est inséré par S. Goulart, dans le Catalogus teslium neritatis, col. 1657-1 075 ; l’édition latine de.I.Boileau est de 1712, c’est celle qui est reproduite dans P. L. — Le De prædestinutionc paraît d’abord dans les Vindiciæ preedeslinaiionis de Mauguln, 1. 1, 1650, d’où il passe dans la Bibtiolh. maxima Palrum de Lyon, t. xv, et de la dans P. L. ; c’est 6 I.. d’Achery que l’on doit l’édition du. De nalivltate Chrisii et du Contra Grsecos dans Spicilegium, 1. 1, p. 52 sq., 63 sq. Il n’y a pas d’éditions critiques récentes à signaler en dehors des publications d’inédits par dom Wilmart, et des lettres rassemblées dans Mon. Ccrm. hlst., Epist., t. vi, p. 140-161.

II. Peltier.

    1. RAUSCHER Joseph-Othmar##


RAUSCHER Joseph-Othmar, archevêque de Vienne et cardinal (1707-1875). Né à Vienne, le (i octobre 1797, d’une famille de hauts fonctionnaires, il fit ses premières études à Vienne même, où il se destina d’abord a la carrière du droit. Amené à l’état ecclésiastique par l’action de saint Clément Hofbauer, il émigra de la faculté de droit à celle de théologie et fut ordonné prêtre en 1X23. Après un passage très

court dans le ministère pastoral, il fut, en 1826, nommé professeur de droit canonique et d’histoire ecclésiastique au lycée de Salzbourg, dont il devint recteur en 1830. Appelé à Vienne en 1832 pour diriger l’Académie orientale, école préparatoire à la carrière diplomatique et consulaire, il devait entrer en des relations assez suivies avec la haute administration ; en 1814, il fut chargé de donner l’enseignement philosophique à l’archiduc François-Joseph, le futur empereur, et à ses deux frères. C’était le chemin des honneurs ; ceux-ci lui vinrent rapidement. En 1849, l’archevêque de Salzbourg, Schwarzenberg, le faisait prinec-évêque de Scckau. Quatre ans après, l’empereur François-Joseph l’appelait au siège archiépiscopal de Vienne, 1853, et Pie IX lui donnait la pourpre en 1855. Ce fut le cardinal Rauscher qui négocia, avec pleins pouvoirs, le concordat autrichien de 1855, d’abord à Vienne, puis à Rome. Ce traité entendait mettre fin au joséphisme, qui avait dominé à Vienne pendant toute le première moitié du xixe siècle ; il reconnaissait le droit pour l’Église de porter des ordonnances, sans avoir besoin de recourir à l’État, admettait son droit en affaires matrimoniales, lui accordait la direction de l’enseignement primaire et secondaire. A ces diverses causes le cardinal consacra une bonne partie de son activité. Très opposé à ce que l’on appelait alors les idées libérales, il voyait l’idéal dans une collaboration étroite de l’État et de l’Église, à qui l’État reconnaîtrait une certaine supériorité. Absolutiste d’autre part, il ne comprenait guère qu’une monarchie à peu près sans contrôle, et, pour ce qui regardait la situation de l’Autriche à ce moment, il faisait bon marché des droits des diverses nationalités incorporées dans l’empire. Le réveil même du nationalisme hongrois lui inspirait de la défiance. Hostile à la Prusse protestante, il fut durement affecté par les événements de 1866 ; volontiers il eût interdit à ceux qui dépendaient de lui de faire cause commune avec les catholiques allemands. Il vécut assez pour connaître l’échec des grandes idées qu’il avait défendues, en particulier il vit en 1870 la rupture du concordat dont il avait été le grand artisan.

Sans être ultramontain au sens précis du mot, il a fait beaucoup pour introduire dans la double monarchie, en réaction contre le joséphisme de l’âge antérieur, un esprit moins éloigné des tendances générales du catholicisme romain. Cela ne l’empêcha pas, lors du concile du Vatican, de faire partie de la fraction antiinfaillibilistc. Les Observationes de infallibiliiatis Ecclesiæ subjecto, publiées par lui à Naples et à Vienne en 1870, font surtout état des divers faits historiques que l’on pouvait alléguer contre l’infaillibilité » séparée » du pape (affaires de Vigile, d’Honorius ; réordinations pratiquées par certains papes ; décisions prises par d’autres dans les affaires mixtes relatives à l’Église et à l’État). Au scrutin du 13 juillet il vota non placet et, comme les évêques de la minorité, rentra aussitôt dans son diocèse. Mais c’est vainement que les vieux catholiques auraient compté sur lui ; dès le 8 août, il faisait publier dans le périodique diocésain la constitution Pastor ivternus. Le cardinal survécut encore quelques années au concile, il mourut le 24 novembre 1875. Il laissa à Vienne et en Autriche le souvenir d’un prélat très intelligent, fort instruit, d’une culture générale dépassant de beaucoup la moyenne de ses collègues de l’épiscopal, autoritaire, un peu distant aussi ; malgré sa générosité qui était très grande et sa vertu qui était très réelle, il s’était acquis plus d’admiration que de sympathie.

Jeune professeur il avait commencé la publication d’une Geschichte der christlichen Kirchc, dont deux volumes qusqu’à Justinien) parurent à Sulzbach, 1829 ; celle publication ne fut pas continuée ; dom