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QUAKERS — QUARESMIUS (FRANÇOIS)

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souffrances et sa mort). La plus grande marque d’amour que Dieu ait donnée au monde est le Christ et son Évangile. Pour nous approprier l’Évangile, nous devons travailler à obtenir la justification. Barclay n’admet ni la justification « par la foi seule » et purement imputée de Luther, ni la justification par le moyen des rites sanctificateurs de l’Église catholique. Et pourtant sa théorie de la justification est très proche de la nôtre. Il y voit deux aspects distincts : 1° L’aspect négatif, qui est le pardon, la rémission des péchés ; 2° L’aspect positif, qui est l’infusion dans l’âme du chrétien de la propre justice du Christ, en sorte que le fidèle soit enté au corps du Christ. « C’est, écrit Barclay, cette naissance intérieure en nous, produisant la justice et la sainteté en nous, qui nous justifie. » Ajoutons que Barclay repousse avec horreur les dogmes calvinistes de la prédestination absolue et de la grâce irrésistible.

Mais c’est surtout dans le latitudinarisme de leur conception de l’Église que les quakers ont innové. Ils admettent une Église catholique hors de laquelle il n’est point de salut, mais « qui est aussi bien entre les païens, les Turcs, comme entre toutes les diverses sortes de chrétiens ». Cette Église est donc une Église invisible, formée de toutes les âmes sincères et de bonne foi. A côté de cette Église les quakers admettent des églises concrètes, mais qui ne sont que des associations libres entre personnes ayant les mêmes idées spirituelles. Chez eux, les associations doivent avoir des réunions mensuelles, pour s’occuper de questions temporelles et spirituelles, puis des réunions trimestrielles élargies, de groupe à groupe, enfin un congrès général annuel. Il n’y a point de ministres du culte. Les Amis professent le sacerdoce universel de Luther, étendu même aux femmes. Chaque chrétien est un prédicateur. Le culte est facultatif. Dieu n’a rien ordonné à ce sujet. On se réunit le dimanche, mais sans regarder la chose comme d’institution divine. Si l’Esprit parle, il y a sermon. Sinon, silence plus édifiant, au dire des quakers, que les vaines répétitions et le « patois de Chanaan ». Les quakers n’admettent aucun sacrement pas même le baptême ni la cène. Ils communient spirituellement. On a déjà vu que les quakers répudient le serment comme opposé à l’Évangile. Ils veulent que toute réponse se ramène au oui et au non recommandés par le Chiist. Les tribunaux ont fini par ne plus exiger d’eux le serment officiel et ils se contentent de leur affiimation. Les quakers ont poussé jusqu’au formalisme l’horreur du formalisme. Ils se sont fait une loi d’une certaine rudesse, dans la conversation, en répudiant les formes vaines de la politesse plus ou moins mensongère.

C’est ainsi que l’on peut ériger en dogme l’absence de tout dogme. Les quakers apparaissent en somme comme des libres penseurs chrétiens.

III. État actuel.

La secte des quakers ne s’est guère répandue qu’en Angleterre et aux États-L’nis, surtout dans ce dernier pays. On ne trouve que des isolés en Hollande, en France (environs de Nîmes) et en Allemagne. Ils n’ont jamais été très nombreux. Leur influence a notablement dépassé leur importance numérique. Il semble qu’ils n’aient jamais atteint, en tout, le nombre de deux cent mille adhérents. En 1822. ils ont subi l’assaut d’un schisme intérieur : un certain Élie Hick, qui enseignait le déisme pur, fut excommunié avec deux mille de ses disciples.

On distingue actuellement : 1. la société orthodoxe des Amis ; 2. la société hicksite des Amis ; 3. les Amis orthodoxes conservateurs wilburites, séparatistes groupés sous la direction de John Wilbur ; 4. la Société religieuse des Amis de Philadelphie, qui s’est elle-même séparée des wilburites. Aux États-Unis, les quatre groupes comptaient, en 1925, 1 361 chefs de

groupes ou ministres (bien que la théologie quakériste répudie ce titre) ; 939 églises, 115 528 adhérents. Il doit y avoir environ 20 000 quakers hors d’Amérique, dont au moins les neuf dixièmes en Angleterre. Les quakers publient quatre revues périodiques. Ils ont des missions en Syrie, aux Indes, en Chine, au Japon, dans l’Est africain, au Mexique, dans le Guatemala, à Cuba, en Jamaïque, dans l’Alaska. En 1916, on comptait 32 stations missionnaires, 98 prédicants assistés de 198 catéchistes indigènes, 28 églises, 71 écoles, 2 279 adhérents indigènes. Il est juste de remarquer que les Amis orthodoxes forment, à eux seuls, les neuf dixièmes des effectifs totaux du quakérisme. Ce qui caractérise la secte, dans la lutte des idées actuelles, c’est l’enthousiasme et la ferveur de leur pacifisme intégral.

I. Sources.

Les œuvres de Fox. surtout son Journal et ses Lettres ; les œuvres de I’enn, dont les principales ont été citées au cours de l’article ; les œuvres de Barclay, surtout le Catéchisme de 1674 et l’Apologie de la vraie théologie chrétienne, de 1076 ; Thomas Evans, An exposition of llic failli of the religions Society of I-’riends communia called quakers, Philadelphie, 1829 ; Rules of discipline of the religions Society of Iricnds, with advices being extract from the minutes ami epistles of their gearly meeting held in I.ondon, from its firsl institution, Londres, 1831.

IL Littérature. — Sewel, History of the Society « / Iricnds, Londres, 1722, souvent réédité : Clarkson, Portraiture of quakerism, Londres, 1806 ; Bowntree, Quakerism, pasi and présent, Londres. 18 : W ; Gmbh, Quakerism in F.nglaml, ils présent position, Londres, 1901 ; Dictionnry « / national biographfj, art. box et Penn ; Prolest, Healencyklopàdie, ait. Quaker, t. xvi, p. 356-380.

L. Cristiani.

    1. QUARESMIUS François##


QUARESMIUS François, appelé aussi Quaresmio, Quaresmino et plus correctement Quaresmi, orientaliste célèbre de l’ordre des frères mineurs. Originaire de Lodi, dans la Lombardie, où il naquit le 4 avril 1583 de la noble famille des Quaresmi, il s’en rôla très jeune, à l’âge de 1 6 ans, paraît-il, dans l’ordre des mineurs observants, au couvent de Notre-Damedes-Grâces, près de Mantoue. Il passa ensuite au couvent de la Paix, à Milan, où il s’adonna aux études de philosophie et de théologie. Il enseigna pendant de longues années la philosophie, la théologie et le droit canonique et occupa successivement les charges de gardien, de custode et de provincial de la province de Milan. Le 3 mars 1616, il s’embarqua pour Jérusalem et fut élevé la même année aux charges de gardien et de vicecommissaire apostolique d’Alep, en Syrie, qu’il occupa jusqu’en 1618. Cette même année, il fut nommé supérieur et commissaire apostolique de l’Orient et le resta jusqu’en 1619. Pendant ce temps, il fut emprisonné deux fois par les Turcs. En 1620, il retourna en Europe » mais, en 1625, il était déjà de retour à Jérusalem. En 1626, il lança un appel du Saint -Sépulcre à Philipe IV, loi d’Espagne, pour l’inviter à reconquérir la Terre sainte. Il lui dédia en même temps son ouvrage Hierosolymæ afflictse. Entre 1616 et 1626. il rédigea son remarquable et classique ouvrage Elucida tio Terræ sanctæ. Entre 1627 et 1629, il séjourna à Alej) en qualité de commissaire pontifical et de vicepatriarche pour les Chaldéens et les Maronites de Syrie et de Mésopotamie. En 1629, il revint en Italie pour faire un rapport au Saint-Siège sur l’état des Églises orientales. Il regagna ensuite l’Orient, mais on ne peut déterminer avec exactitude combien de temps il y resta Il paraît cependant avoir parcouru la contrée entre l’Egypte et le Sinaï, la Terre sainte, la Syrie, la Mésopotamie, les îles de Chypre et de Rhodes, Constanti nople et une grande partie de l’Asie-Mineure. De retour en Italie, il y continua son apostolat et prêcha avec grand succès à Rome, à Gênes, à Florence, à Venise, à Naples et fut chargé de diverses missions en Allemagne en France, en Belgique et en Hollande. En 1637, il fut