Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée
1685
1686
RATHIER DE VÉRONE


terium), Rathier ne voit pas le moyen de l’empêcher ; du moins voudrait-il que les dégâts fussent limités. Bientôt il va se montrer plus exigeant, sans plus de succès d’ailleurs.

13. Itinerarium Ratherii Romam euntis (col. 579600). — A la fin de 966, il était question, en Italie, d’un grand concile que le pape Jean XIII et l’empereur Othon devaient réunir à Rome. Rathier décida de s’y rendre et prévint son clergé de ce qu’il allait faire dans la Ville éternelle. Il ne cache pas qu’il soulèvera la question du mariage des prêtres, et d’autres aussi qui ont causé quelque émoi dans son diocèse. On remarquera le bel éloge qu’il fait de l’autorité romaine ; soutenue comme elle l’est maintenant par le pouvoir impérial, elle peut beaucoup entreprendre. Col. 582. C’est tout un plan de réforme ecclésiastique que l'évêque esquisse dans la seconde partie de ce court traité. En fait le concile prévu ne put se tenir à Rome ; mais il y eut à Ravenne, à la mi-avril 967, une grande assemblée présidée par le pape et l’empereur. S’il faut en croire une lettre de Rathier adressée un peu plus tard au chancelier impérial, on aurait décidé d’imposer aux clercs mariés le choix entre l’abandon de leurs femmes et la renonciation à leur office. P. L., ibid., col. 679-680. A vouloir faire exécuter cette décision, Rathier se créerait les pires difficultés. C’est de quoi parlent les opuscules suivants.

14. Judicalum seu fundalio et dotalio clericorum Ecclesiæ Veronensis (col. 605-614). — Une des raisons alléguées par les clercs mariés pour persévérer dans le statu quo, c'était la modicité de leurs ressources ; la dot apportée par leurs femmes, les services que celles-ci leur rendaient leur étaient, disaient-ils, indispensables pour vivre. Il y avait quelque chose de fondé en ces réclamations. Après s'être heurté à l’opposition de ses clercs, dont témoigne la lettre au chancelier, Rathier songea à une meilleure distribution des revenus ecclésiastiques. Un décret rendu à l’automne de 967 attribue à un certain nombre de prêtres, de sousdiacres et de clercs inférieurs les émoluments attachés à des bénéfices dont les titulaires avaient été récalcitrants aux ordres de l'évêque.

15. De clericis sibi rebellibus (col. 613-618) et Discordia inter ipsum et clericos (col. 617-630). — Nonobstant les précautions prises, l’opposition des clercs de Vérone allait croissant. Le De ctericis est une sérieuse admonestation lancée par l'évêque aux rebelles, à l’A vent de 967 ; la Discordia, rédigée au carême de l’année suivante, est un mémoire adressé au chancelier impérial pour le mettre au clair sur l’origine des troubles ecclésiastiques de Vérone ; les ennemis de l'évêque se flattaient d’obtenir de l’empereur sa déposition, il fallait les prévenir.

16. Liber apologeticus (col. 629-642). — Parmi les griefs qui se colportaient en haut lieu contre Rathier, il en était un qui semblait grave. L'évêque aurait détourné de sa destination un don considérable fait par l’empereur. Dans une sorte de lettre publique, écrite un peu avant Pâques 968, Rathier justifie l’emploi fait par lui des munificences impériales.

Mais la situation à Vérone était trop tendue, et Rathier, au cours de cette année 968, abandonnait définitivement son siège épiscopal. Nous ne possédons plus d'écrits postérieurs a cette date. Folcuin signale, il est vrai, un opuscule écrit avant son départ et adressé par Rathier à Lobbes ; ce Conflictus duorum, où le pauvre évêque mettait en balance ses raisons de rester à Vérone et ses motifs de partir, ne s’est pas conservé. Cf. Gesta abb. Laubien., n. 28, P. L., t. cxxxvii, col. 572 B.

Correspondance.

Dans la IIe partie de leur édition, les Ballerini ont groupé 14 lettres de Rathier ; il

faut y ajouter une pièce insérée dans les Præloquia. Nous allons ranger ces lettres dont quelques-unes ont

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

une certaine importance doctrinale, dans l’ordre chronologique restitué par Vogel ; nous leur donnerons le numéro d’ordre fourni par les Ballerini.

1. Lettre à Urson, insérée dans les Præloquia, t. III, n. 25-28, col. 239-245, écrite pendant la captivité à Pavie et sans doute au début. Rathier fait au destinataire qui l’a trahi de vifs reproches.

2. Lettres d’envoi des Præloquia, aux archevêques Guy de Lyon et Sobbon de Vienne et à deux évêques (Episl., ii, col. 648), écrite de Côme en 937-939 ; à Brunon, frère d’Othon I er (Epist., iv, col. 651), vers 939-940 ; à Robert archevêque de Trêves (Epist., iii, col. 649, écrite peu après l’Episl. n). — Rathier avait également adressé son ouvrage au célèbre Flodoard de Reims, cf. Folcuin, op. cit., n. 20, col. 562 B ; la lettre d’envoi ne s’est pas conservée.

3. Lettre au pape (Episl., , col. 656). Le destinataire n’est pas autrement désigné, quoique les Ballerini, à la suite des précédents éditeurs, écrivent : Ad Joannem summum ponli/icem (il ne pourrait s’agir dans leur pensée que de Jean XII, 955-963). En fait la lettre écrite au moment où Rathier désespère de recouvrer son siège usurpé par Milon, après sa vaine tentative de 951, ne peut s’adresser qu’au pape Agapet II (946-955). Elle lui demande de trancher de son autorité apostolique le différend pendant entre lui et Milon : il ne peut y avoir qu’un évêque de Vérone : quis autem nostrum sit veslræ pastoralilatis decernere débet provisio.

4. Deux lettres à tous les fidèles et à tous les évêques d’Italie, de Gaule et de Germanie (Epist., vi et vii, col. 665-670), rédigées à la même date et dans les mêmes conditions que la précédente, comme un appel à l’opinion publique.

5. Lettre à Patrice (Epist., i, col. 643-648), écrite alors que Rathier dirigeait l’abbaye d’Aulne, dans les derniers jours de 957 ou tout au début de l’année suivante. Un clerc, inconnu par ailleurs, a demandé à Rathier pourquoi il ne dit pas plus souvent la messe. C’est, répond l'évêque, qu’il a conscience de la pureté nécessaire pour recevoir l’eucharistie. Peut-être son correspondant ne se rend-il pas un compte exact de ce qu’est le sacrement et ne « réalise-t-il » pas le mystère de la présence réelle. Et Rathier de lui exposer que, « par la bénédiction de Dieu, le vin devient en vérité et non en figure le sang du Christ, le pain devient sa chair ». Affirmation très précise de la transsubstantiation, encore que le mot ne soit pas prononcé, cette lettre coupe court à certaines chicanes qu’auraient pu justifier d’autres expressions de Rathier. Voir en particulier, De contemptu canonum, i, 20, col. 509, un passage où l’auteur semblerait dire que l’indigne communiant ne mange point la chair du Seigneur, ni ne boit son sang.

6. Lettre à Martin, évêque de Ferrure (Epist., x, col. 675), écrite vraisemblablement à l’avent de 963 ; de Vérone, Rathier met en garde son voisin contre les ordinations simoniaques et la pratique d’ordonner de tout jeunes enfants.

7. Deux lettres à Milon, usurpateur du siège de Vérone (Epist., ix, col. 674 ; Epist., viii, col. 670), la première n’est conservée que de façon fragmentaire ; elle date de 965, vraisemblablement de l’automne ; la seconde est de quelques mois plus tard, très peu avant Noël ; sérieux avertissements à Milon qui ne cesse pas ses intrigues.

8. Lettres occasionnées par les graves difficultés de 968 (Episl., xiii à l’impératrice Adélaïde, col. 686 ; Epist., xi, au comte de Vérone, Nannon, col. 676 ; Epist., xii, au chancelier impérial Ambroise, col. 679). La dernière lettre de la collection Ballerini (Episl., xiv, col. 687) est une réponse de l'évêque de Liège, Évéracle, à une lettre non conservée de Rathier, qui lui

T. — XIV — 54.