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KATHIER DE VÉRONE

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d’un ouvrage plus considérable, mais un abrégé de la confession que fait Râteler à son père spirituel en vue de se préparer à célébrer convenablement la fête pascale. C’est le pendant, somme toute, des Confessions de saint Augustin. Il y a pourtant des différences considérables. Pour la forme, d’abord : Augustin épanche son àme en Dieu dans une prière continue ; Kathier converse avec son confesseur ; pour le fond aussi, comme le fait très justement remarquer Hauck : quand il rédige ses Confessions, l'évêque d’Hippone a trouvé le repos de son àme ; quand il écrit le Dialogus, l'évêque en disponibilité de Vérone en est encore à chercher sa voie ; il ne sait encore à quel parti se résoudre, scrupuleux, en proie aux anxiétés de la conscience, il se demande encore comment organiser sa vie ; son passé est loin de lui donner confiance dans l’avenir. Presque septuagénaire, comme il le dit lui-même (n. 31, col. 424 A), il connaît encore les tentations de la chair, surtout il est sensible aux appâts de la vaine gloire. Enchaîné par sa profession à la vie monastique, il se rend bien compte de toutes les entorses qu’il a données à ses vœux, de toutes celles à quoi il est encore exposé. Tragique débat, qui n’a d’ailleurs pas de conclusion. C’est une erreur, pensons-nous de dire, comme le fait Bauzon, dans sa réédition de dom Ceillier : « Rathier y exagère ses crimes pour reprendre plus librement ceux des autres, ou plutôt c’est la censure des vices d’autrui sous son nom ». Hist. des auteurs sacrés et ecclés., 2e éd., t.xii, p. 859, n. 5. Hauck nous paraît avoir trouvé la note juste.

La finale du Dialogus confessionalis (col. 444) introduit « des extraits des opuscules d’un certain Paschase Kadbert » sur l’eucharistie et sa réception fructueuse. En fait l’un des mss. qui avait fourni aux Ballerini le texte des Confessions, insérait ici, non point « des extraits » de Radbert, mais l’ensemble de son traité De c.orpore et sanguine Domini. Voir ici art. Radbert, col. 1630. A quoi faisaient suite quelques pages contenant une Exhortatio et des Preces de sumendo sacramento corporis et sanguinis Domini. Dans P. L., ibid., col. 443-450. C’est la suite évidente du Dialogus ; le confesseur adresse à son pénitent une admonestation finale, à quoi celui-ci répond par des prières fort belles et qui expriment les sentiments de regret, d’humilité, d’amour dont il est animé. Il faut les lire pour connaître le vrai Rathier.

6. Invectiva de translatione sancti cujusdam Metronis ( col. 451-476). — A la fin de 961, Rathier était remonté pour la troisième fois sur le siège de Vérone. Le 27 janvier de l’année suivante le corps d’un saint est enlevé d’une église de la ville ; on accuse l'évêque nouvellement restauré d'être l’auteur du pieux larcin ; il s’en défend dans cette pièce et en prend occasion pour raconter les miracles dus à l’intervention du saint.

7. De contemptu canonum (col. 485-522). — Le titre primitif semble bien avoir été : Volumen perpendieulorum Ratherii Veronensis vel visas cujusdam appensi cum aliis multis in ligno tatronis ; il fait image, sans être très clair. L’ouvrage a été composé au cours de 963, avant le concile réuni à Rome par Othon l" à l’automne de cette année pour juger le pape Jean XII. Voir ici, t. viii, col. 624. Rathier vient de se heurter à l’opposition de son clergé, qui refuse d’accepter les réformes imposées par l'évêque. II rappelle donc à ses subordonnés, en se fondant sur les textes canoniques, leurs devoirs de soumission ; il constate avec irritation l’impossibilité où il se trouve de se faire obéir. Hélas I l’exemple de la violation des canons vient de bien haut, puisque le pape lui-même manque à tous ses devoirs. Cf. P. L., t. cit., col. 500-501. Ces misères tiennent au mode fâcheux de recrutement du clergé. et tout spécialement a la nomination d'évêques sans

vocation ni piété. Nulle part le mal n’est plus développé qu’en Italie ; les dernières pages sont une attaque virulente contre les mœurs du clergé de ce pays.

8. De proprio lapsu (col. 481-486) et De otioso sermone (col. 573-578). - Prompt à censurer les autres, Rathier ne laissait pas de reconnaître ses propres défauts. Ayant laisse échapper en pleine église des paroles blessantes, l'évêque confesse sa faute en ces deux petits écrits qui se complètent, vers la Pentecôte de 963.

9. Decreluni de clericis a Milone ordinalis et allerum decrelum de iisdem (col. 477-478). — Le 12 février 965, Rathier déclarait nulles les ordinations faites par l'évêque Milon, qui avait usurpé le siège de Vérone ; les clercs ainsi promus devraient s’abstenir d’exercer leur office usque ad venluram légitimée ordinalionis diem, jusqu’au jour où ils auraient reçu une ordination régulière. Devant le trouble que causa ce décret, Rathier dut reculer ; dès le lendeman il promulguait une autre ordonnance, qui annulait la précédente. Les clercs en question étaient laissés au jugement de leur conscience. Toutefois, en août, Rathier adressait à Rome une lettre, censée écrite par le clergé de Vérone, pour soumettre ses doutes au Saint-Siège et solliciter son jugement. Libellus cleri Veronensis nomine inscriptus ad Romanam Ecclesiam (col. 479-482). On y rappelait les textes canoniques ou historiques qui avaient semblé prescrire en certains cas les réordinations ; et l’on se soumettait par avance aux décisions que donnerait le Saint-Siège.

10. Qualilalis conjectura cujusdam (col. 521-548). — Cette « Conjecture sur l'étal d’une certaine personne », du début de 966, est une réponse sur le mode satirique, aux attaques dont Rathier est l’objet. Comment Vérone pourrait-il conserver un évêque qui a le front d’appeler adultères les mariages illégitimes (il s’agit vraisemblablement des mariages de prêtres), de prescrire pour le dimanche l’abstention des œuvres serviles, qui vit comme un pauvre homme, qui couche sur la dure, qui ne va pas à la cour, ne chasse point, ne donne pas de dîners ? Tout l’opuscule est sur ce ton ; c’est le pendant ou, si l’on veut, la contre-partie des Confessions, cjui d’ailleurs y sont citées, col. 530 C.

11. Synodica (col. 553-574). — Au carême de 966, Rathier avait réuni un synode diocésain ; il avait pu y constater l’extrême ignorance et le peu de valeur morale de son clergé. Peu avant Pâques il fit donc paraître cette ordonnance synodale, où il rappelle aux ecclésiastiques les vérités essentielles de la foi, les préceptes de la morale dont ils doivent se pénétrer euxmêmes et qu’ils doivent enseigner à leurs ouailles. Document capital pour l'étude des mœurs au xe siècle ; Rathier n’ose pas encore imposer le célibat ecclésiastique.

12. De nuplu cujusdam illicilo (col. 567-574). - Est sensiblement de la même date. Le mariage illicite dont il s’agit est celui d’un fils de prêtre, clerc lui-même, avec une fille de prêtre ; le mariage avait de plus été célébré en carême. C’est cette dernière circonstance de temps prohibé qui émeut surtout Rathier ; s’il proteste d’autre part contre l’union célébrée, c’est parce qu’elle perpétue c'était une coutume invétérée — la tradition des familles sacerdotales. Quelques mots de l'évêque ne laissent aucun doute sur la situation courante en ces pays, à cette époque : le mariage des prêtres (il s’agit bien plus de mariage que de concubinage) est chose habituelle : Monendi et obsecrandi, fralrcs, ut (/nia prohibai, proh dolor ! a mulieribus raidis nullo modo, filios de imbis i/eneratos dimitleretis saltem esse laicos, filias taicis jungerelis, ut vel in fine saltem vestro terminaretur et nusquam in (inem sseculi durant adullerium uestrum. Col. 572 A. Tout en considérant le mariage des prêtres comme illicite fadul-