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OUAINO (JÉRÔME) - QUAKERS


servorum B.M.V…, Florence, 1618-1622 ; rééd. de Garbi, Lucques, 1710-1723, t. ii, p. 195, 2(13, 214, 222, 271 ; Riccohoni, De gymnasio Patavino commentariorum libri sex, Padoue, 1598, t. II, p. 46 ; Tomasini, De gymnasio Patavino commentarius, t’dine, 1654 ; Papadopoli, llisloria gijmnasii Patavini…, 2 vol., Venise, 1720, t. III, sect. ii, c. xiii, n. 82 ; Facciolati. Fasti gymnasii Patavini…, 2 vol., Padoue, 1757 ; Scardeoni, De urbis Patauii ahtiquilate et claris civibus Palavinis libri très, Venise, 1538, el Bâle, 1560 ; Hurter, Xomenclator, 3e éd., t. iii, p. 2(>(>.

F. BONNARD.

    1. QUAKERS##


QUAKERS. — Sobriquet donné aux membres de la secte protestante des Amis. L’origine de ce nom sera donnée plus bas. Ils s’appellent volontiers également Enfants de la Vérité (Children of Trulh), Enfants de la Lumière (Children of Light), Amis de la Vérité (Friends of Truth), mais le plus souvent Amis tout court (Friends). 1. Historique sommaire. II. Doctrine. III. État actuel.

I. Historique. - Le créateur de la secte fut George Fox. Ce personnage est une étrange apparition dans l’Angleterre du xvir siècle. Il est, peut-on dire, un fruit du puritanisme de l’époque. Voir Puritanisme. Il naquit en juillet 1624, à Drayton, au comté de Lcicester, non loin du pays natal de Wiclef. Son père était un humble tisserand. C’était le temps où chaque foyer chrétien voulait posséder et lire la Bible. De ce contact quotidien des esprits avec les saints Livres, interprétés à l’aide des théories calvinistes plus ou moins mitigées, résultait un état d’esprit que nous avons appelé le puritanisme, une sorte de tension spirituelle, toute prête à s’offusquer du moindre relâchement dans les mœurs privées ou publiques. De là, en quelques âmes, une certaine prédisposition à l’indignation des anciens prophètes contre les péchés du peuple de Dieu. Georges Fox fut l’un des plus remarquables parmi ces « redresseurs de torts », parmi ces prophètes de l’Église anglicane.

Il ne connaissait à peu près que sa Bible. Ses lettres et ses écrits offrent un mélange d’enthousiasme sombre et de rudesse littéraire. A l’âge de 12 ans, son père l’avait placé chez un cordonnier, qui était aussi marchand de cuir et de laine. Cela permit à ses admirateurs, parce qu’il avait manipulé îles toisons de moutons, de le ranger parmi les illustres < bergers » bibliques, à côté île David et d’Amos. Ses parents étaient engagés à fond dans l’Église anglicane, c’est-à-dire dans l’Église d’État. Il avait 19 ans lorsque se déroula la crise religieuse latente en son cœur. Un de ses cousins, nommé liradford, qui était clergyman, l’avait entraîné au cabaret, en compagnie d’un autre ecclésiastique. On l’avait fait boire plus que de raison. Au sortir de celle débauche grossière, il se sentit rempli d’indignation et de sainte colère contre un clergé aussi peu respectable et aussi engagé dans les vanités de la terre. Il ne cacha point sa réprobation à ses deux amis. De retour à la maison, il ne trouva plus de repos. Il se jeta dans la prière, soupirant et implorant le Seigneur. Et soudain « il reçut dans son cœur la parole de Dieu ». Sa rupture d’avec l’Église officielle date du 9 juillet 1643.

Georges Fox est désormais un autre homme. Il abandonne ses parents, ses amis, sa patrie. Il commence une vie errante, qui ne lui apportera que des privations, des avanies, des persécutions. Il sera huit fois emprisonné, une fois condamné à mort, puis gracié. Bien ne pourra cependant le détourner du but qu’il s’est fixé : prêcher le respect du Seigneur, le don de l’âme à Dieu, en dehors de tout rite, de toute formalité extérieure, de tout sacrement. Sans doute il n’arriva pas tout de suite à une conception nette de ce dessein. Il lui fallut, au début, consulter des représentants nombreux de la religion et de la science biblique officielle. Il fréquenta des curés et des professeurs ; mais, ne trouvant la paix en aucune de leurs réponses, il finit par répudier tout ce que la tradition religieuse officielle lui

proposait comme moyen de salut. La Bible elle-même ne lui servit plus que d’échelon pour s’élever directement à Dieu. Il ne croira plus qu’à l’Esprit. Il n’admettra plus que le contact direct de l’âme avec son Créateur et avec le Jésus de l’Évangile. Il n’était pas le premier à avoir de telles vues. De tout temps, au sein de l’Église chrétienne, les mystiques ont eu à résoudre le redoutable problème de l’accord entre l’inspiration individuelle et la révélation proprement dite. Dans l’Église catholique, l’accord s’est toujours fait de la façon la plus simple et la plus parfaite. Des mystiques tels que saint Bernard, saint François d’Assise, saint Bonaventure, sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude, sainte Thérèse d’Avila et tant d’autres ont fait la preuve que la discipline catholique ne nuit en rien à la poussée intime de l’Esprit. Le plus simple raisonnement au contraire atteste que l’Esprit ne peut pas contredire l’Esprit et que les inspirations individuelles, pour être admises comme d’origine divine, doivent être en harmonie avec la révélation reconnue des saints Livres et du magistère créé par Jésus-Christ. En se soustrayant à la discipline catholique, le protestantisme s’est condamné à osciller perpétuellement entre une orthodoxie figée et terre à terre et des inspirations sans contrôle et sans garantie. Luther avait commencé par un appel à la liberté de l’Esprit et par la proclamation du sacerdoce universel et il finit par l’établissement d’une Église d’État. Entre lui et ses amis d’une part, et Karlstadt et les anabaptistes d’autre part, avait dès le principe éclaté le conflit que l’on devait retrouver perpétuellement dans l’histoire des Églises protestantes. Georges Fox appartenait à la lignée des indépendants, des dissidents, des ennemis de l’orthodoxie paresseuse et pharisaïque. Il se regardait comme un envoyé du Seigneur. Il déployait des dons peu communs d’action sur les âmes. Il ne se contentait pas de fuir les cérémonies routinières des paroisses anglicanes. Il interpellait les ministres, il leur jetait des injures bibliques, les traitait publiquement de chiens morts », de < mercenaires », de prédicateurs de superstitions. Ses interventions soulevaient les auditoires dominicaux des églises, déchaînaient des courants d’émotions violentes. Les uns prenaient fait et cause pour lui ; les autres, en bien plus grand nombre, le (ouvraient d’injures ou se jetaient sur lui pour le faire taire. Ses disciples s’empressaient d’imiter son exemple. Les réunions paroissiales furent très souvent troublées par leurs objurgations en style prophétique. .Mais la sérénité avec laquelle, en de pareilles rencontres, Fox et ses amis tendaient leurs visages et leurs mains vers les coups et les outrages constituaient pour leur cause la plus active des publications.

Naturellement, le clergé résistait aux attaques dont il (Hait l’objet. Il faisait appel à la police et aux tribu naux. Ce lut au coins d’un de ces procès retentissants que Fox comparut devant un juge nommé Bennett, au comté de Derby, pour répondre à une accusation de blasphème. Fox jeta au juge une adjuration grave l’invitant a honorer Dieu et à trembler devant sa parole ». A quoi le juge riposta en traitant Fox de trembleur < (en anglais quaker). Le nom resta à lux el à ses adhérents. Au lieu des ternies qu’ils avaient emprunté à saint.ban :.le ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis » (Joa., xv. 15, et lit Joa., 15), ou encore : Croyez en moi, pour que VOUS soyez enfants de la lumière » (Joa., XII, ’M), on leur appliqua désormais, surtout dans le camp des presbytériens el des eongrégationnalistes ou indépendants, l’épithète injurieuse de trembleurs. Le nom apparaît, dès 1654, a la l’ois dans un rapport de l’ambassadeur de France à Londres et dans le Journal de la chambre des communes. Mais il ne devint général que vers la fin du siècle.

Il ne faut pas oublier que l’Angleterre était alors