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RAISON


eurs affirmations nous étant rapportées dans le Nouveau Testament et la tradition orale et écrite de tous les chrétiens (thèse 3, n. 1624 ; cf., th. G, n. 1627). Préludant aux déclarations du concile du Vatican, Pie IX, dans l’encyclique Qui plnribus, contre les hermésiens, 9 novembre 1846, rappelle que le rôle de la raison est de « chercher avec soin le fait de la révélation, de sorte qu’il lui apparaisse avec certitude que Dieu a parlé », ou encore qu' « elle connaisse clairement et ouvertement, par des arguments très solides, que Dieu lui-même est l’auteur de la foi », c’est-à-dire de la vérité révélée. Denz.-Bannw., n. 1637, 1639. En tin, le concile du Vatican expose et canonise la doctrine du magistère sur ce point, et ici encore, le texte conciliaire a été rappelé par Pie X dans le serment antimoderniste. Voir les textes à Miracle, t. x, col. 1799, et Denz.-Bannvv., n. 1707, 1790, 21 15. On peut ajouter aussi le paragraphe concernant le motif de crédibilité constitué par l'Église elle-même. Denz.-Bannvv., n. 1794. Voir Propagation admirable du christianisme, t. xiii, col. 693.

Léon XIII a bien mis en relief le rôle de la raison dans la connaissance des préambules de la foi. Encycl. .Elerni Palris. Voir Foi, col. 190.

3° Limites dans lesquelles doit se maintenir la raison. — C’est le troisième point touché par le magistère. Contre le rationalisme de toute sorte, l'Église rappelle que la raison n’est pas le seul moyen de connaître la vérité religieuse. Elle doit donc cantonner son activité dans le domaine qui lui est proportionné, et ne pas vouloir pénétrer, prétendant les expliquer parfaitement, dans le domaine des vérités surnaturelles. Encycl. Mirari vos, 15 août 1832, Denz.-Bannw., u. 1616 ; bref Dum acerbissimas, 26 septembre 1835, n. 1618 ; encycl. Qui pluribus, n. 1636 ; allocution Singulari quadam, 9 décembre 1854, n. 1642 ; bref Eximiam luam, 15 juin 1857, n. 1655 ; epist, Gravissimas inter, n. 1669, 1671, 1673 ; epist. Tuas libenler, 21 décembre 1863, n. 1682 ; Syllabus, prop. 9, n. 1709 ; prop. 25 de Bosmini, n. 1915. La vérité qui se trouve rappelée dans ces différents documents est authentiquement proposée par le concile du Vatican, sess. iii, c. iv : « Jamais la (raison humaine) n’est rendue capable de pénétrer (les mystères) comme des vérités qui constituent son objet propre », et can. 1, Denz.-Bannw., n. 1796, 1806. Voir Mystère, t. x, col. 2587-2588.

Puisque la vérité révélée relève d’un autre domaine que de celui de la raison, il s’ensuit donc que la raison n’est pas absolument autonome : elle doit être, comme le déclare le concile du Vatican, entièrement soumise à la Vérité incréée et donc aux vérités que cette Vérité se plaît à nous faire connaître. Sess. iii, c. iii, De fide, n. 1789, de telle sorte que l’anathôme est prononcé contre « quiconque affirme une telle indépendance de la raison humaine, que la foi ne lui puisse pas être commandée par Dieu », n. 1810. Impossible donc de confondre la raison et la religion. Allocution Singulari quadam, n. 1642 ; cf. Syllabus, prop. 8, n. 1708.

Aussi Grégoire XVI et Pie IX ont-ils à plusieurs reprises mis en garde contre une trop grande confiance en la raison, laquelle, étant humaine, est faillible. Cf. bref Dum acerbissirnas, n. 1618 ; encycl. Qui pluribus, n. 1634. C’est même sur cette constatation que le concile du Vatican fondera sa doctrine de la nécessité morale de la révélation pour les vérités religieuses d’ordre naturel. Voir plus loin.

De cette dépendance de la raison par rapport à la vérité révélée découlent aussi les considérations pontificales sur la limite à imposer à la liberté d’opiner, de dire, d'écrire. Cf. encycl. Mirari uns, n. 161 1 ; epist. Gravissimas inter, n. 1666, 1674 ; epist. Tuas

libenler, n. 1679 ; encycl. Quanta cura, n. 1690 ; Syllabus, prop. 79, n. 1779 ; encycl. Immorlale Dei, n. 1877 ; encycl. Liberlas, præstantissimum, n. 1932. II. Bapports mutuels de la raison et de la foi.

— L’enseignement du magistère sur ce point peut se résumer en quelques assertions :

1° La raison et la révélation (la foi), provenant toutes deux de la même Vérité incréée, ne peuvent se contredire. — Déclaration du Ve concile du Latran, Denz.Bannw., n. 738 ; et surtout du concile du Vatican : « Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne saurait pourtant y avoir jamais de véritable désaccord entre la foi et la raison, attendu que le Dieu qui révèle les mystères et répand la foi en nous est le même qui a mis la raison dans l’esprit de l’homme, et qu’il est impossible que Dieu se renie lui-même, ou qu’une vérité soit jamais contraire à une autre vérité. » Sess. iii, c. iv, n. 1797 ; can. 2, n. 1817.

La raison prêle son concours à la foi.

1. Pour

défendre les vérités de foi du reproche de contradiction. C est en ce sens qu’on peut dire que la raison protège et justifie en quelque sorte la foi. Cette idée est sousjacente dans l’encyclique de Pie IX Qu ; pluribus sur les rapports de la foi et de la raison, Denz.-Bannw., n. 1634 ; et elle est rappelée d’un mot par le concile du Vatican, sess. ni, c. iv, n. 1799. Saint Thomas l’a exprimée d’une heureuse façon dès le début de la Somme théologique : « La science sacrée n’ayant pas de supérieure, devra elle aussi disputer contre celui qui nie ses principes. Elle le fera au moyen de preuves proprement dites si l’adversaire concède quelque chose de la révélation ; c’est ainsi que par des appels à la doctrine sacrée, nous formons des arguments d’autorité contre les hérétiques et, au moyen d’un dogme, combattons ceux qui en nient un autre. Que si l’adversaire ne croit rien des choses révélées, il ne reste plus de moyen de lui prouver par la raison les articles de foi ; mais on peut réfuter, s’il y a lieu, les raisons qu’il y oppose. Comme en effet la foi s’appuie sur l’infaillible vérité et comme, évidemment, le contraire du vrai n’a jamais de bonne preuve, il est manifeste que les preuves prétendues qu’on apporte ne sont pas de vraies démonstrations, mais des arguments solubles. » la, q. r, a. 8.

2. Pour entrer dans quelque intelligence, des mystères.

- Ce rôle de la raison par rapport à une certaine intelligence des vérités révélées a été maintes fois rappelé par le magistère. Il suffit de rappeler ici l’assertion capitale du concile du Vatican, sess. iii, c. iv, Denz.-Bannw., n. 1796. Voir le texte dans l’art. Mystère, t. x, col. 2587-2588, avec son commentaire, col. 2594-2598.

La foi prête son concours à la raison.

1. En lui

facilitant l’acquisition des vérités religieuses même d’ordre simplement naturel. — Étant données la faiblesse de l’intelligence humaine, la facilité avec laquelle, surtout après le péché originel, elle est encline à l’erreur, la difficulté pour le grand nombre de s’appliquer à l'étude des vérités religieuses et morales, la révélation vient au secours de la raison. C’est en se plaçant à ce point de vue concret que le concile du Vatican définit la nécessité morale de la révélation pour l’acquisition des vérités qui, par elles-mêmes, ne dépasseraient cependant pas la capacité de la raison humaine : « On doit, il est vrai, attribuer a cette divine révélation que les points qui, dans les choses divines, ne sont pas par eux-mêmes inaccessibles à la raison humaine, puissent aussi dans la condition présente du genre humain, élre connus de tous sans difficulté, avec une ferme certitude ri à l’exclusion de toute erreur ». Sess. iii, c. ii, Denz.-Bannw., n. 1786. Voir Révélation.

2. En lui apportant un surcroît de lumière, même