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RAINOLDS (GUILLAUMK — RAISON


vinislicas pcrfidiæ cum mahumelana collatio et ulriusque seclæ confutatio, Anvers, 1597, Cologne, 1603, in-8°.

Pits, De illustribus Angliascriptoribus, an. 1594 ; source où ont puisé Feller, Richard et Giraud, Glaire ; notice plus complète dans Dictionary o/ national biography, t. XXVII, 1896, p. 182.

É. Amann.
    1. RAISON##


RAISON. — Cet article veut être simplement une sorte de répertoire des points de doctrine touchés par le magistère de l'Église relativement à la raison humaine. Nous rappellerons donc l’enseignement de l'Église touchant : 1° La valeur et l’usage de la raison en matière religieuse. 2° Les rapports mutuels de la raison et de la foi.

I. Valeur et usage de la raison humaine en matière religieuse. — La valeur de la raison humaine en vue d’une connaissance certaine des vérités religieuses étant une question primordiale dans l'économie du salut, l'Église a défendu contre les sceptiques, les idéalistes et les fidéistes la valeur de la raison, précisant même quelles vérités religieuses d’ordre naturel notre raison était capable d’atteindre sans le secours de la grâce et sans la lumière de la foi, tout en rappelant les limites dans lesquelles doit se maintenir la raison, qui, étant faillible, peut errer et doit savoir s’imposer ces limites.

1° Possibilité d’une connaissance certaine de vérités naturelles par la seule raison. — Il y a d’autres certitudes pour l’homme que celles de la foi. Prop. 1 1 de Nicolas d’Autrecourt, condamnée par Clément VI, Denzinger-Bannwart, n. 558. Sur la doctrine de Nicolas d’Autrecourt, voir ici t. xi, col. 561 sq. — Sans la révélation et la grâce, la raison, même non éclairée par la foi, peut connaître certaines vérités religieuses. Prop. 22 de Baïus, condamnée par saint Pie V, Denz.Bannw., n. 1022. Voir t. ii, col. 70 ; prop. 41 de Quesnel, condamnée par Clément XI, Denz.-Bannw., n. 1391. Les thèses que Bautain dut souscrire sont une manifestation nouvelle et plus explicite de cet enseignement. Denz.-Bannw., n. 1622-1627. On notera tout particulièrement la promesse que la S. C. des Évêques et Béguliers lui fit souscrire, le 26 avril 1844, de ne jamais enseigner « qu’avec la raison seule on ne puisse avoir la science des principes ou de la métaphysique, ainsi que des vérités qui en dépendent, comme science tout à fait distincte de la théologie surnaturelle qui se fonde sur la révélation divine ». Denz.Bannw., n. 1627, note. Voir ici, t. ii, col. 482, 483. Bonnetty dut pareillement reconnaître que « l’usage de la raison précède la foi ». Denz.-Bannw., n. 1651. Voir ici, t. ii, col. 1024, et Foi, col. 189-190. — Même enseignement relatif à la part que la philosophie, par l’usage de la seule raison, peut avoir normalement dans l’acquisition de la vérité, dans l’encyclique Grauissimas inler de Pie IX contre Frohschammer. Denz.Bannw., n. 1670. — Le concile du Vatican ne fait que confirmer ces enseignements antérieurs en déclarant dans la session iii, c. iv, De fide et ratione : « L'Église catholique s’est toujours accordée à admettre et elle tient qu’il y a deux ordres de connaissance distincts, non seulement par leur principe, mais encore par leur objet : par leur principe, parce que nous connaissons dans l’un, au moyen de la raison naturelle, dans l’autre au moyen de la foi divine ; par leur objet, parce que, outre les vérités auxquelles la raison naturelle peut atteindre, l'Église propose à notre foi des mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus que par la révélation divine… » Denz.-Bannw., n. 1795.

2° Précisions fournies par le magistère relativement aux vérités déterminées, dont la connaissance certaine est du domaine de la raison. — L'Église ne signale expressément que les vérités qui ont un rapport avec la foi et la vie religieuse. Sans doute, la connaissance

de ces vérités présuppose la valeur objective des grands principes directeurs de la connaissance : principe d’identité, principe de raison suffisante et de causalité, principe de finalité. La valeur de ces principes pour la raison humaine est suffisamment marquée dans les assertions générales rappelées au paragraphe précédent et dans les déterminations plus précises qui suivent.

1. La première et la plus importante des vérités signalées par l'Église comme pouvant être connue avec certitude par la raison humaine est l’existence de Dieu. Thèses de Bautain, n. 1, Denz.-Bannw., n. 1622 ; prop. 2, contre Bonnetty, Denz.-Bannw., n. 1650 ; encyclique Gravissimas inler, Denz.-Eannw., n. 1670. Le concile du Vatican a même fait de cette assertion un dogme de la foi. Sess. iii, c. n et can. 2, Denz.Bannw., n. 1785, 1806. Voir ici Dieu, t. iv, col. 824 sq. Le serment antimoderniste de Pie X a précisé que cette connaissance de l’existence de Dieu par la lumière naturelle de la raison était réalisée par une véritable démonstration : cerlo cognosci, adeoque demonstrari etiam posse pro/ileor. Denz.-Bannw., n. 2145. La thèse 1 souscrite par Bautain portait d’ailleurs que « le raisonnement peut prouver avec certitude l’existence de Dieu ». Il avait également promis « de ne pas enseigner que, avec les seules lumières de la droite raison…, on ne pût donner une véritable démonstration de l’existence de Dieu ». Denz.-Bannw., n. 1622, 1627, note 2. Même formule dans la deuxième assertion contre Bonnetty, n. 1650, et dans l’encyclique contre Frohschammer, n. 1670. Tant de concordance dans l’explication philosophique du cerlo cognosci posse font incliner certains auteurs à proposer la possibilité de la démonstration de l’existence de Dieu également comme un dogme de foi, alors que la majorité des théologiens la considèrent simplement comme une vérité proche de la foi. Pie XI se contente d’affirmer que « le dogme solennellement promulgué au concile du Vatican a été interprété parfaitement (prœclare) par Pie X ». Encycl. Studiorum ducem, 29 juin 1923, Acta sanctæ Sedis, 1923, p. 317.

2. L’infinité des perfections divines (contre Bautain, thèse 1, Denz.-I5annw., n. 1622) ; la nature et les attributs divins (encycl. Gravissimas inler., n. 1670) ; Dieu principe et fin de toutes choses (Conc. du Vatican, sess. iii, c. ii, n. 1785) vraisemblablement aussi l’attribut de créateur (id., can. 1, n. 1806), telles sont les autres vérités se rapportant à Dieu et que le magistère considère comme accessibles à la raison laissée à ses seules lumières.

3. Parmi les vérités anthropologiques, le magistère a indiqué comme accessibles à la raison humaine, la spiritualité, l’immortalité de l'âme (troisième proposition souscrite par Bautain, sur l’ordre de la S. C. des Évêques et Béguliers, Denz.-Bannw., n. 1627, note 2). La deuxième proposition contre Bonnetty rappelle que la raison peut « prouver la spiritualité et la liberté de l'âme raisonnable ». Denz.-Bannw., n. 1650.

4. L'Église a surtout insisté sur la possibilité pour la raison humaine d’arriver par ses seules lumières à la connaissance certaine des motifs de crédibilité, ou préambules de la foi. Voir prop. 21 janséniste, condamnée par Innocent XI, Denz.-Bannw., n. 1171 (cf. ici l’art. Foi, col. 192), dont il faut rapprocher la prop. 25 du décret Lamentabili, Denz.-Bannw., n. 2025 (cf. Foi, col. 194). Certains documents énumèrent divers motifs de crédibilité : la divinité de la révélation mosaïque. prouvée avec certitude par la tradition orale et écrite de la synagogue et du christianisme (thèse 2 souscrite par Bautain, Denz.-Bannw., n. 1623) ; la vérité de la révélation chrétienne, prouvée par les miracles de Jésus-Christ, et dont la réalité nous est attestée avec certitude par des témoins oculaires,