Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/115

Cette page n’a pas encore été corrigée
1643
1644
RAINIER DE PISE — RAINOLDS (GUILLAUME


val gardait sa valeur, et que, si l’on voulait faire, non pas un dictionnaire de théologie générale, mais un dictionnaire thomiste, comme on en a parfois émis la prétention, le mieux serait encore de reprendre la vénérable Pantheologia déjà complétée par Nicolaï. Cependant le principal intérêt de la Pantheologia (qui a peut-être été commencée dès 1301), n’est pas là. Il est dû a ce que ce livre représente une interprétation pour ainsi dire authentique de la théologie tratitionnelle, avant qu’on ait essayé de l’utiliser, de l’accentuer contre des théologies modernes. On s’aperçoit alors que la probabilité morale est au Moyen Age presque une certitude morale, ce qui n’est pas sans intérêt pour les thèses du probabiliorisme. On s’aperçoit aussi que la théorie thomiste de la liberté humaine n’a rien à voir avec la théorie des jansénistes sur ce sujet, tout en sauvegardant l’active présence de Dieu partout, dans les destinées comme dans les consciences. Nicolaï jouait un tour aux jansénistes en rééditant Rainier. Le thomisme de Rainier est d’ailleurs accueillant, en particulier pour saint Bonaventure et pour la Somme dite d’Alexandre de Halès.

Quétif-Écliard, .S’en’p/orcs orrf. prxd., t. i, 1710, p. 633-036.

M. -M. GORCE.

RAINIER DE PLAISANCE ou RAINIER SACCHONI (1190-1258), ancien évêque /autistes) cathare, devenu inquisiteur dominicain à Plaisance, après avoir été dix-sept ans non seulement hérétique, mais hérésiarque ». Il procéda avec une telle rigueur contre ses anciens coreligionnaires qu’il fut chassé de la ville par le tyran l’berto l’alavicini et par ses alliés 1rs Turriani de Milan qui s’appuyaient sur les hérétiques. Rainier de Plaisance a laissé deux ouvrages : 1° Une Summa de catharis et leonistis seu pauperibus de Lugduno, éditée à Paris, 1548 ; rééditée dans Martène et Durand, Thésaurus noiuis anerdolorum. t. v, 1719, col. 1559-1775 ; 2° Un Liber aduersus waldenses, édité par Gretser en 1613, puis dans la Bibliotheca Patrum, Lyon, t. xxv. Les livres de Rainier de Plaisance, en particulier pour ce qui concerne les cathares, sont d’une grande exactitude et d’une grande netteté dans l’exposé des doctrines hérétiques. On a pu s’en rendre compte là où il était corroboré par d’autres ouvrages, par exemple dans l’exposé de la doctrine docète contraire à la maternité de Marie. Nous connaissons par Rainier les idées précises d’un doctrinaire cathare, Jean de Lugio. L’ancien évêque cathare Rainier avait lu le livre de Jean de Lugio, et il était sur ce point mieux renseigné que les autres cathares, car on n’avait pas osé publier parmi eux cette théologie plus approfondie de leur doctrine, de crainte que des controverses opposassent davantage encore ceux qui étaient plus manichéens et ceux qui l'étaient moins. A la différence de Monéta de Crémone, (voir art. Moneta) qui expose longuement les doctrines cathares et les réfute plus longuement encore, Rainier ne réfute pas du tout et se borne à exposer brièvement ces diverses thèses cathares, pour que les inquisiteurs puissent les reconnaître. Mais il est néanmoins assez analytique pour distinguer les diverses écoles et opinions des hérétiques. C’est en cela surtout qu’il nous est précieux et qu’il a été utilisé pertinemment par E. Broeckx. Il mé rite bien l’intérêt que lui porte Ch. Mobilier dans ses études sur l’Inquisition. Encore faut-il le compléter par Monéta. surtout si l’on veut se faire une idée des polémiques entre cathares et orthodoxes.

Il est un point sur lequel la Summa de Rainier laisse dans un grand embarras ; c’est en ce qui concerne le nombre total des hérétiques cathares dans la chrétienté : In toto mundo non sunt calhari utriusque seras numéro quatuor millia et diela eompulatio pluries nlini

fada es/ inler eos. C. vii, On ne peut se résoudre

à admettre que les croyances cathares au nom desquelles des villes entières se sont soulevées contre la chrétienté n’aient jamais entraîné en tout que quatre mille personnes. Cependant, il ne faudrait pas faire état de cette anomalie apparente dans le texte de Rainier pour discréditer d’une manière ou d’une autre son témoignage sur la théologie cathare. En réalité cathare, du grec xaôocpoç signifie pur. Les cathares proprement dits étaient ceux qui avaient reçu le consolamentum, c’est-à-dire, les clercs, les ascètes, les théologiens du système. Comme dans toutes les formes de manichéisme, la différence était grande entre les personnages régulièrement religieux et l’ensemble du peuple qui méritait moins le nom de fidèle que le nom de sympathisant. Et voilà comment une apparente anomalie d’un texte de Rainier peut permettre de résoudre vraiment un problème parfois agité par les historiens, celui du nombre des cathares. Il n’y a jamais eu plus de quatre mille clercs à connaître la théologie compliquée et à pratiquer la morale inhumaine des albigeois. Mais au peuple on demandait moins une affiliation qu’une sympathie. Une bonne partie des populations du Nord de l’Italie et du Midi de la France flottaient ainsi entre des restes d’affiliation au catholicisme et des poussées de sympathies en faveur des clercs cathares. C’est ce qui explique à la fois le danger de l’hérésie subtilement proposée, la vigueur de la répression, la complète disparition non seulement de l’hérésie mais de ses traces, par exemple de ses livres qui étaient peu répandus et que l’Inquisition put facilement faire brûler.

Ch. Mobilier, Un traité inédit du XIIIe siècle contre les albigeois, dans Annales de lu faculté des lettres de Bordecux, 1RS ?, , p. 15 ; E. Brœckv, l.e catharisme, Hoogstraten, 1916 ; .1. Guiraud, Histoire de l' Inquisition au Moyen Age, t. i, Paris, 1035, p. xxm-xxiv ; Fabricius, Bibliotheca lalina médiæt in futur latinitatis, t. v, p. 350-351 ; Quétif-Échard, Scriptnres ord. pned., t. i, 1717, p. 154-155 ; Touron, Histoire des hommes illustres de l’ordre de Saint-Dominique, t. i, 1743, p. 313-310.

M.-M. Gorce.

    1. RAINOLDS Guillaume##


RAINOLDS Guillaume, né vers 1544 aux environs d’Exeter, fit ses études à Oxford, à Winchester School et à New-Collège, où il devint fellow en 1560, bachelier es arts en 1563, et maître es arts en 1567. Il reçut vers ce moment les ordres dans l'Église anglicane et exerça pendant quelque temps le ministère pastoral. Sous l’influence d’Allen, le futur cardinal, il se convertit au catholicisme, passa sur le continent à Louvain, puis à Douai ; c’est à Rome qu’en 1575 il fut reçu dans l'Église. Rentré à Douai, il s’inscrivit au collège anglais, en 1 577, puis au même collège, à Reims. Ordonné prêtre à Douai en 1580, il ne tarde pas à devenir professeur de théologie au collège anglais de Reims. Les dernières années de sa vie se passèrent à Anvers, où il administrait l'église du béguinage. C’est là qu’il mourut le 24 août 1594.

Il a laissé : 1..1 réfutation of sundry reprehensions, awils and false sleighles by which M. Whilaker tabouret h In de/ ace Ihe laie english translation and catholic annotations of the New Testament, and Ihe Book of discoverg of heretical corruptions, Paris, 1583, in-8° ; c’est une défense de la traduction anglaise du Nouveau Testament, qu’avait entreprise Gr. Martin, et à laquelle il avait lui-même travaillé ; cette traduction avait paru à Reims en 1582. — 2° De jusla Reipublicce <hris/ian : c in reges impies et lucreticos aulhoritale, Anvers, 1592. in-8°, sous le pseudonyme de Gulielmus Rossœus. 3. Treatise contegning Ihe truc catholike and apostolike faith of Ihe Holg Sacrifice and Sacrameni ordegned loi Christ al lus last Suppcr, with a decla ration of Ihe Berengarian hérésie renewed in our age, Anvers, 1593. ln-8°. I" Caloino-Turcismus, I. e. cal-