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RABAN MAUR — RABBOULA


tion, et qu’il ne faut pas confondre prédestination et prescience : Dieu prédestine au salut ceux qui seront sauvés, mais il prévoit seulement la damnation des autres, qui n’aura pour cause que leur mauvaise volonté. Epislola ad Heberardam comitem, ibid., col. 15531562 ; Episl., p. 481-187.

Là-dessus, Gottschalk viril à Mayence vraisemblablement pour s’y justifier, et le synode d’octobre 848 eut ù se prononcer sur la controverse. Le résultat fut la condamnation de Gottscbalk, lequel fut mis en état d’arrestation et expédié à Hincmar, métropolitain de Reims, de qui il dépendait comme moine d’Orbais. Une lettre de Haban, qualifiée de « synodale » expose à Hincmar les conclusions du concile. Epislola synodatis ad Hincmarnm archiepiscopum lUicmenscm, P. L., t. cxii, col. 1574-1575.

Après diverses péripéties que nous n’avons pas à raconter ici, Gottschalk réussit à répandre ses idées en divers opuscules et à intéresser à sa cause des théologiens de valeur, comme Ratramne de Corbie, et Loup de Ferrières, des évoques comme Prudence de Troyes, etc., de telle façon qu’Hincmar se vit dans une situation fâcheuse, suspect, à son tour, d’avoir altéré dans un sens pélagien la pensée de saint Augustin, ce qui était évidemment la plus grave infidélité que l’on pût commettre à l’égard de la doctrine du maître. D’autre part, on l’accusait d’avoir manqué de douceur envers son prisonnier, qu’un concile de Quierzy avait fait fouetter, et qu’il détenait sous sa surveillance directe, non pas à Orbais, au diocèse de Soissons dont l’évêque Rothade lui était suspect, mais à Hautvillers dans son propre diocèse. Inquiet de la tournure que prenaient les choses, Hincmar écrivit donc à Raban pour avoir son opinion sur le fond du problème et des indications pratiques sur la conduite à tenir. Nous sommes un peu avant Pâques de l’année 850. A la lettre de Hincmar, Raban répondit aussitôt, lui envoyant ses propres écrits sur la prédestination, à savoir la lettre à Noting et la lettre à Éberhard, promettant une réponse plus complète plus tard. C’est la seconde lettre de Raban à Hincmar, elle n’est pas dans Migne ; mais on la trouve dans Diimmler, Episl., p. 487-489.

La réponse promise fut envoyée un peu plus tard : P. L., t. cxii, col. 1518-1530 ; Episl., p. 490-499. Elle n’ajoute rien de bien nouveau à ce que nous savions déjà par les lettres précédentes à Noting et à Eberhard, auxquelles, d’ailleurs, Raban renvoie ; il affirme être tout à fait d’accord avec Hincmar contre Prudence et Ratramne, qui ont tort de soutenir Gottschalk. Mais la vieillesse, dit-il, et la maladie l’empêchent d’intervenir désormais activement dans le débat.

De fait il n’interviendra plus, mais ses lettres constitueront des pièces importantes pour le procès qui va se continuer sans lui ; Hincmar sera heureux de pouvoir s’appuyer sur son autorité, mais un adversaire. Florus de Lyon, écrira que Raban dans sa lettre à Noting est « tout à fait en dehors de la question ». Dont Cappuyns, Jean Scol Erigènc, p. 120.

Une lettre de Raban à Hincmar sur la Trina Dr i las et publiée par Dummler, op. cit., p. 499-500, se place vraisemblablement avant celle que nous venons de citer : c’était là encore un des points de doctrine que Hincmar reprochait à Gottschalk. Dom Cappuyns, op. cil., p. 84 et 109.

I. Éditions. - I.e célèbre érudit.1. do Pamèle († 1587) avait préparé lis matériaux d’une édition complète de Raban Maur ; celle-ci ne parut que quarante ans après la mort de PanuMe, par les soins de Colvener, chancelier de l’université de Douai. Rabani Maurl opéra, a. Pamelio collecta, emissa studio G. Colvenerll, Cologne, 1626-1827, 6 vol., in-fol. C’est cette édition qui a servi de base à celle de la P. L., t. CVH-CXII, 1851-1852. — E. I> miniler a donné une édition

très soignée des œuvres poétiques dans Mon. Gertn. hist., Poètes Ici., t. ii, 1894, p. 159-258 ; et des lettres, même collection, Iii>ist., I. v, 1899. p. 379-533. — A. Knopfler a donne une édition du De inslitnlione clcricorum libri 1res, Munich, 1900 = Vcrôfljnllichungen aus dem kirclienhisloriselien Semiimr Munelien, n. 5.

II. Travaux.

1° Généraux. — Mabillon, Acta sanctor.

ord. S. Ben., éd. de Venise, t. vi, p. 1-45 ; du même Annales unL.S’. Ben., t. ii, passim, voir la table, p. 7Ô0-761 ; R. Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et eccles., 2e éd., t. xii : Kbert, Allgemeine Gesch. der Lilerat. des M. A., t. ii, p. 120-145 ; A. Hauck, Kirchengesch, Deulschlands, 3 C -4 C éd., t. ii, Leipzig, 1912, passim, voir table alphabétique, p. 8461 M. Manitius, Gesclt. der lat. Lileratur des M. A., 1. 1, Munich, 1911, p. 283-302 ; I.. Maître, Les écoles épiscopales et monastiques en Occident avant les universités = Archives de la hranee monastique, t. xxvi, 1924 ; Laistner, Thought and lelters in Western Europe A. D. 500 to 900, Londres, 1931.

Particuliers.

 Outre les introductions de Dummler et

Knopllcr, aux éditions citées, voir surtout : E. Dummler, Hrabanstudien dans Siizungsberichle der Berliner Akademie, 1898, t. i, p. 24-43 ; Kunsttnann, Hrabanus Magnentius Maurus, Mayence, 1841 ; E. Kohler, Hrabanus Mourus und die Schule zu Fulda, Leipzig (dissert, inaug.) ; sur les commentaires scripturaires : Schônbach, dans Silznngsbrrirhle der Wiener Akademie, phil.-hist. Klasse, t. cxlvi, 1903, fasc. 4, p. 79 sq. ;.1. llablitzel, Hrabanus Maurus, ein Beitrag zur mittelall. Exégèse = Biblische Sludien, t. xi, fasc. 3, FrK>ourg-en-R., 1906 ; sur la doctrine sacramentelle : F. J. Scliell, Hrabani Mnuri de sacramentis Ecclesiæ doclrina (programme de Fulda), 18-lf>.

H. Peltier.

    1. RABAUDY (Bernard de)##


RABAUDY (Bernard de), dominicain mort en 1731. Il appartenait à l’une des principales familles de Toulouse, ville où il fut prieur, inquisiteur, professeur à la faculté de théologie. Sa doctrine était un thomisme strict et appuyé sur l’augustinisme, mais sans esprit étroit de polémique dans les controverses de son temps. Comme les questions relatives à la méthode de la théologie l’intéressaient grandement, au point que les ouvrages qu’il a publiés concernent en grande partie ces questions de méthode, U savait faire leur part à la théologie positive et à l’histoire. Le plan de son ouvrage ou plutôt de son monument théologique était grandiose, mais la réalisation s’avérait extrêmement compliquée. II voulait répandre sous le titre de Exercitationes theologicæ ad singulas parles summæ sancti Tlwmse docloris angelici, toutes les idées de saint Thomas, les commenter, les doubler d’une théologie positive et d’une casuistique thomiste. Aussi, des trois volumes qui parurent à Toulouse, in-8°, 1713, 1713, 1715 : 654 p., 800 p., 931 p., les deux premiers étaient entièrement consacrés aux prolégomènes et le troisième ne contenait que le traité De Deo uno. Le P. de Rabaudy n’en publia pas davantage. D’autres parties de son œuvre, déjà préparée et concernant la théologie des sacrements, demeurèrent manuscrites. D’une lettre du maître général des dominicains, le P. Cloche, il semble résulter que c’est le courage plus que le temps qui fit défaut au P. de Rabaudy pour mener à bien l’énorme entreprise.

R. Coulon, Scriptores ord. prtedicatorum… suppl., fasc. 7, Paris, 1914, p. 507-508.

M. -M. Gorce.

    1. RABBOULA##


RABBOULA, évêque d’Édesse († 7 août 436). I. Vie. II. (Euvrcs et doctrines.

I. Vie.

Sur la vie de Rabboula, l’on est renseigné soit par un panégyrique, œuvre d’un contemporain et d’un admirateur assez fortement teinté de monophysisme, soit par un long épisode de la Vie du moine Alexandre, fondateur du couvent des Acémètes à Constantinople. Cette dernière, qui parle surtout de la conversion de Kabboula, se raccorde mal avec la précédente, qui ne laisse pas d’être suspecte, elle aussi.

Il naquit à KenneSrin (le nid des aigles), le Chalcis des Romains, près de Bérée (Alep). Son père était un