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PRIÈRE. ESPÈCES


in Deum, c’est Voratio (dans le commentaire de I Tina., c. ii, lcct. 1, Voratio est considérée comme une méditation sur les ob.iecrationes) ; en outre, toute prière doit être faite cum flducia impelrandi et hoc ex Dei misericonlia, et c’est pourquoi elle comporte une obsecratio, c’est-à-dire une contestai in prr Dei qratiam et ejus sanctilatim (in Phi !.), ou per sacra, sicut per passionem et crucem (in I Tim.) ; mais, parce que celui qui ne songerait pas à rendre grâces pour les bienfaits déjà accordés se rendrait indigne d’en recevoir de nouveaux, toute prière doit contenir une action de grâces ; c’est alors seulement que l’on peut présenter sa demande : et lune proponit petiiionem. Si nous y regardons de près, nous retrouverons ces quatre éléments dans t oui es les oraisons » de l’Église : primo enim tnaoeatur Drus (c’est Voratio) ; secundo lommemoratur diiunum benefldtun (c’est la graliarum actio) ; tertio petitur beneflcium ; quarto ponitur obsecratio : l’er Dominum nostrum, etc In PMI., toc. cit. Cependant, saint Thomas concède qu’on pourrait voir aussi, dans les quatre expressions pauliniennes, quatre sortes de prières se rapportant ad quatuor quir nos volumus in oratione obtinere. In I Tim., toc. cit.

L’art. 17 de la Somme, II"-JfI », q. lxxxiii, synthétise et clarifie encore huiles ces réflexions sur les parties « de la prière énumérées par saint Paul t parti*

a remplacé species, qui se trouvai ! dans le titre de l’art..’î des Sentences). Trois choses sont nécessaires pour la prière. D’abord, ut orans accédai ad Deum, ce qui se fait par Voratio, qui est un ascensus intellecttu

in Deum. Ensuite, qu’il y ait une demande, et eYst ce

qu’indique le terme de postulatio ; mais cette demande

pourra se taire de trois manières : ou bien ilrlrrniiiintr,

el ce sera la postulatio proprement dite ; ou bien inde terminale, el ce sera la supplii allô, ut cum i/uis petit pii’iui a beo ; ou bien enfin la demande sera Implicite el consistera dans l’exposé d’un fait, et ce sera Vins ! nuatio. Enfin, pour qu’il y ait prière, au moins prière efficace, requlritur ratio impetrandi qund petitur ; mais cela peut se trouver : vel ex parle Dei. el l’Invocol Ion de

ces motifs d’exaucement constituera Vobsecralio, qum

est per sacra ciailestalio ; i<cl c.r parle pelentis. et ce motif d’exaucement se trouvera dans l’action de grâce* rendue à Dieu pour ses bienfaits antérieurs. Cf. A.

Lemonnyer, La prière chrétienne de demande, dans La vie spirituelle, mars 1925, p.. r >71-. r >7l.

II. Ulli « PARTIES 80RJBCTIVB8 f)B l l PRtÈRB OU u : s pirr( : i ; i- : ri : s B8P&< B8 DB ri : ii RB8. Les parlies subjectives de la prière, lisions nous tout à l’heure en saint Thomas, se distinguent soit d’après la dlver

silé des choses « pic nous demandons, soil d’après les di l rérentes manières dont nous demandons, vel seenndiim

dlversilatem eoramqu.ee petuntur, vel secundum diversion mndum prtendi. Cf. supra, col. IK). En son me, cela revient à diviser la prière selon ses objets et selon ses

modes. Cette division peut cire maintenue avec la défi

nilion de la prière que nous avons adoptée.

1° Les différents objets de la prière. La prière,

ainsi que le sacrifice, a quatre objets : Vadoration, faction de grâces, le pardon des pèches. Vimpétration des

biens spirituels et temporels Les deux premiers objets regardent Dieu directement et sont, pour celle raison el sans contredit, les plus importants. Les deux derniers regardent nos intérêts, qui soûl subordonnés à ceux de Dieu, et que nous ne devons avoir en vue qu’après les siens. Le P, GroU, cité par II. liremond. Introd. à la philosophie de la prière, p. 229. Il y aurait

donc quatre sortes de prières, comme il y a, selon les

théologiens, quatre sortes de sacrifices, qu’ils dénomment : latreutlque, eucharistique, propitiatoire el

inipélrntoire ; cf. Hurler. Theol, dogm, coinpciul.. ie éd., t. iii, p. 381). On peut presque dire que c’est la division classique de la prière, celle que nous avons apprise

au catéchisme : « La prière est une élévation de notre âme vers Dieu pour l’adorer, le remercier, lui demander pardon de nos fautes et obtenir de lui les choses dont nous avons besoin. La division de Tanquerey. Précis de théol. ascéliq. et mystiq., p. 32ô, qui de prime abord ne reconnaît que deux buts à la prière, l’adoration et la demande, se ramène cependant à la division classique, puisque, sous le nom d’adoration, il entend non seulement « l’adoration proprement dite », mais encore l’action de grâces et la réparation de l’offense faite à Dieu par le péché.

A côté de cette division de la prière calquée sur celle du sacrifice, on trouve une division tripartite en prière de louange, d’action de ijràces et de demande. C’est celle de Brancati, cité par H. Bremond, Hist. Iitt., t. vii, p. 8-9, note ; de. Schilling. Lehrbuch der Morallheologie, t. m. p. 163, qui signale pourtant aussi l’adoralion (Anbetung) et remarque que la prière de demande (Btttgebet) devient une Abbitte, quand il s’agit de l’expiation ou de la remise de la dette que l’on con træle envers Dieu par le péché. Si par la’louange » de Dieu ces auteurs entendaient l’ « adoration >. les (in divisions concorderaient, puisque la prière de

demande englobe évidemment la demande de pardon » ;

C’est ce que fait remarquer Noldin : orationem VTOpi

tiatoriam, qua remtssio peccalorum ri panarum

tulaliir… ad uratinnem petitionit orneralim aeccplnm

pertinere manifestum est. Sum. theol. mor., 20 éd t. il. 1930, p. 139. Le même théologien, tout en distinguant la louange de l’adoration, déclare cependant

qu’on peut l’y rapporter, si bien qu’il aboutit, bu aussi, ; i une division tripartite : adoration, action de grâces, demande Ibid

D’autres théologiens paraissent distinguer de plus

nombreuses formes « le prières ; M^r Paulot, par exem

pie : « La demande n’est pas toute prière, si l’on entend la prière dans le sens large… L’adoration, l’admiration, la louange, l’action de grâces, sont des formes emi lieutes et variées de la vertu île » LlgioU L’esprit ii<

sagesse, 2° éd., p. 220. M. Saudreau : - Pour ces anus

(imparfaites), la prière est possible, elle l’est toujours mais la prière il’adoral ion. de lOUAUge, d’action de

grâces, de demande. Pour la prière d’adhérence

a ni re chose. Elles n’adhèrent guère a la volonté divine ;

elles v adhèrent seulement pour lis devoirs très e.r.i vis. cité par liremond. Hist. Iilt, I. vin. p

enfin le P. Baker : La prière est un acte affectueux de l’Ame Intellectlve envers Dieu, lui exprimant,

au moins Implicitement, notre entière dépendance comme étant l’auteur et la source de tout bien ; une

volonté aussi prompte qu’efficace de bu accorder tout

ce qui lui est diï. ce qui n’exprime rien moins que tout

l’amour, toute la soumission, toute l’adoration, toute ii gloire ci tout le culte que l’Ame ei toutes les créatures peuvent lui rendre, en s’humiliant. en s’ancautis saut devant lui ; et enfin un désir et une intention d’as pirer à une union d’esprit avec lui —, cité par Devine, Manuel de théologie mystique, p. 203. Dans son Traité de la prière, t. i. I. I. c. ni. Nicole trace le plan d’une médit al ion OU oraison mentale générale. C’est a dire

qui ne concernerait pas un sujet particulier, mais notre

vie religieuse envisagée dans la totalité de ses aspects essentiels ; cette oraison (livrait comporter six actes successifs ; un acte d’adoration, un acte d’action de

grâces, un acte de componction ou de contrition, un

acte d’espérance du pardon de nos fautes et des biens que Dieu promit a ceux a qui il les pardonne ». un acte de resolution « de tendre a Dieu et dohservei ses divines lois dans toutes nos actions », enfin un acte de demande du secours divin nécessaire a cet effet Récapitulons toutes les sortes de prières, ou d’actes qui peuvent se rencontrer dans la prière, qui viennent de nous être indiqués : adoration, louange, admiration.