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PHÉVOSTIN DK CRÉMONE

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Pré vos tin a bien humblement écouté et compris - la doctrine. M.Bliemetzreider n’est pas de cet avis. Theol. revue, t. xxvii, l’.)2X. p. 138. Mais si Prévostin a véritablement suivi les cours <lu futur évoque <le Paris (Maurice n’a sans doute pas continué son enseignement après son élévation à l’éplscopat), il faut taire naître Prévostin avant 1 150.

Nous ignorons tout de ses premières études. Ses écrits nous laissent parfois reconnaître des souvenirs du trivium et du quadrivium. Il est logicien averti, comme on le voit dans le 1. I de sa Somme, où il emploie la grammaire et la logique pour mieux faire comprendre les problèmes théologiques. Il a d’ailleurs assez de mépris pour les logiciens de carrière,

Prévostin a certainement étudié le droit canon, car, dans sa carrière agitée, il fut souvent employé par la papauté comme juge délégué, pour trancher des différends entre monastères et seigneurs, pour enquêter sur la conduite des évoques, pour rétablir la discipline dans des maisons religieuses, toutes missions qui exigeaient une connaissance plus qu’élémentaire du Décret. Mais il est difficile de dire où et quand il a fait ces études ; c’est aussi le cas de maîtres comme Pierre de Poitiers, Pierre le Chantre, Etienne Langton et autres contemporains, qui eurent une carrière analogue.

Ses études théologiques, il les fit sans doute à Paris, car sa première œuvre, les Questiones magistri Præpositini cancellarii Parisiensis, qui ont dû être composées vers 1180, se révèle comme composée en cette ville. On y lit par exemple (Mazar. 17 OS, fol. 236d) : Nec Sequana crescil pro lagena aquæ infusa, sed tantum pro aqua pluviali. On peut croire qu’il continua à enseigner à Paris jusqu’à ce qu’il fût nommé écolàtre à Mayence, vers 1195, présomption qui trouve un appui dans le récit d’une vision qu’eut à Paris Jean de Matha, à la suite de laquelle il se serait décidé à fonder l’ordre des trinitaires. Jean, déjà maître, personnage en vue certainement, venait d’être ordonné prêtre et avait prié l’évêque de Paris ; Maurice de Sully, l’abbé de Saint-Victor, Robert, et son maître Præpositus, d’assister à sa première messe, durant laquelle il eut une vision. Voici le texte (Paris, lat. 1703, fol. 1 v°) : Eral quidam bonus clericus Parisius, regens in theologia, nomine Præpositus, et hic quasi philosophus repulabatur, sub quo atius magister cœpit et rexit Parisius, cujus nomen erat lohannes ProvinciaUs… Puisqu’on sait la date de cette première messe de Jean de Matha (le 28 janvier 1193, fête de sainte Agnès, dit le même ms.), on peut envisager un enseignement régulier de Prévostin à Paris à ce moment. Une autre confirmation se trouve dans une série de sermons prêches par Prévostin à Paris (Paris, lat. 14 859), dans laquelle il parle de la prise de Jérusalem par Saladin (1187) comme d’un événement récent.

Il est vrai que Guillaume d’Auxerrc, Summa aurea, Paris. 1500, p. 52, déclare que Prévostin avait exercé le ministère pendant plusieurs années parmi les hérétiques : Qui diu conversatus est inter eos, et paucos poluit ad viam veritatis reducere. Mais nous sommes porté à croire qu’il faut placer à Mayence cette période d’activité missionnaire, car les preuves ne manquent pas que le catharisme était très répandu dans la Rhénanie. Et, dans un de ses sermons que nous plaçons dans le cycle de Mayence, Prévostin dit :.S>(/ anle omnia qu ; rrile ab eo de fuie, quia vix est aliquis hodie qui non sit infectas aliqua hæresi ; si dubitat de incarhatione Filii, pula quod habucril verum corpus, se<l fantasticum… ; si dubitat de matrimonio credens quod vir cum uxore mtoari non potest. Salzbourg, Stiftsbibliothek, VI, 32, fol. 57 a. Le voilà donc au milieu d’un peuple infecté de doctrines nettement cathares.

Prévostin apparaît dans les textes comme écolàtre le Mayence le 3 janvier 1195. Bôhmer, Regesta archiepiscoporum Magunlinensium, xxx, n. 313. t. rr, p. 97.

On a mis en doute l’identification du Prévostin de Mayence et de celui de Pari ». Cependant, les relations entre Paris et Mayence étaient étroites à cette époque ; Bliemetzrieder, loc. cit., a signalé une lettre de Pierre de Blois à Conrad de Wittelsbach, archevêque de Mayence, Epist., cxi.m, P. L., t. ccvii, col. 429, où il est fait allusion au séjour à Paris de ce dernier comme étudiant. Nous avons d’autres indices des relations qui unissaient Mayence et Paris à ce moment. Alexandre III, sur les instances de l’archevêque de Mayence, restaura au maître parisien Gerardus Puella (cité par Prévostin, Paris, lat. 14 520, fol. 3 b) une prébende qu’il avait in regno Teutonico, sans doute dans le dioièse dudit archevêque. Charlul. unir. Paris., t. i, p. 9. Un autre maître parisien, Jean Beleth — qui peut bien avoir été un des professeurs de Prévostin montre qu’il connaît la liturgie de Mayence. Prévostin, comme Lombard, peut avoir eu d’autres raisons d’être en rapport avec Mayence. Son célèbre compatriote, Sicard de Crémone, auteur du Mitrale et de Distinctiones sur le Décret, avait été scolasticus à Mayence en 1183-1181. Reg. archiep. Magunl., xxx, n. 17, 18. C’est ce qui ressort clairement d’un passage de son Decrelurn dans le ms. de Vienne, Palat. lat. 21~06, fol. 72 : Ego vero Sigehardus Cremonee filius natione, et Moguntinse filius Ecclesiæ spiritualis translatione, œmulos patienter sustineo. .., etc.

En tout cas, Prévostin, quelles que soient les raisons qui l’y aient fait appeler, fut choisi comme écolàtre de l’école cathédrale de Mayence. En 1196, il est chargé de l’honorable mission de juger une affaire d’exemption monastique, comme juge a lalere Sanctæ Sedis. Dans les années qui suivent, il est l’objet d’une autre distinction de la part de Rome. Innocent III le délègue avec l’évêque de Bamberg pour chasser du siège de Wurtzbourg l’évêque Conrad de Hildesheim, qui s’en était indûment emparé. Potthast, Regesta, n. 352 et 942. Vers 1200, ce sont les chanoines de Mayence qui, à leur tour, le délèguent pour défendre l’élection qu’ils ont faite comme archevêque de Liutpold de Worms, contre Siffrid d’Eppensteyn. A la suite de cette mission, Innocent III chargea son légat en Allemagne, le cardinal Guy de Préneste, d’enquêter sur l’affaire. Mais Liutpold n’avait pas attendu la décision pontificale et s’était établi dans l’Église de Mayence. Le légat se prononça contre lui. Prévostin fit-il à cette occasion une opposition personnelle au légat, ou fut-il simplement considéré par la curie romaine comme le personnage le plus représentatif du chapitre rebelle ? Toujours est-il qu’il eut la peu agréable aventure de reco voir d’Innocent III, en 1203, une lettre sévère dont voici le début : « A maître. Prévostin, écolàtre a Mayence, spiritum sanioris consilii. Nous avons cru jusqu’ici que la sagesse régnait chez les vieillards, et que la prudence ornait ceux qui ont fait de grandes études ; mais nous constatons avec douleur que tel n’est pas votre cas, car vous vous êtes mis à déraisonner dans votre vieillesse, vous qui étiez si plein de sagesse dans vos jeunes années, et vos longues études n’ont fait de vous qu’un insensé. » Potthast, Regesta, n. 1881. Nous ignorons quelle fut la suite immédiate de cette pénible affaire, mais Prévostin dut se soumettre, car nous le retrouvons à Paris en 1206, de nouveau juge délégué du Saint-Siège, et chancelier de l’université, pour remplacer Homard Chabert, qui était nommé évoque de Genève.

De cette date à sa mort, il eut une vie très pleine, prêchant, enseignant peut-être, s’occupant des affaires du Saint-Siège. Il apparaît pour la dernière fois comme chancelier dans un acte passé, dans le diocèse de Meaux, en août 1209, On peut voir qu’il était encore chancelier en septembre de la même année, car son successeur, Jean de Chandelles, qui, d’après AJbéric