Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

L47

    1. PRÊTRE##


PRÊTRE. LA FONCTION

148

Lehrbuch der Kirchengeschichle, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 94, 135. -Mul^ré la synonymie des termes, un grand nombre de protestants modernes, à la suite de Hatch, refusent d’identifier les personnages, tandis que d’autres, à l’instar de Lightfoot, les identifient complètement. D’où, en cherchant dans les institutions sociales du temps le point de départ de l’institution des épiscopes et des presbytres dans la primitive Église, une grande confusion.

La plus simple explication la première en date, puisqu’elle a comme premier auteur Vitringa, De synagogavetere, Franeker, 1696 cherche dans la synagogue le prototype de l'Église. Cette opinion a été renouvelée par H.-.I. Holtzmann. Les communautés fondées par saint Paul en terre grecque étaient, au début, sans organisation ni constitution, et l’action de l’Esprit par les charismes s’y exerçait libre de toute règle : c’est la période pauliniste. Bientôt ces formes souples de l’association religieuse païenne furent éliminées par le régime des synagogues juives. Les npeaèû'zepoiinlaxoTtoi et les diacres correspondent aux archontes et aux serviteurs des synagogues, c’est la période juridique. Enfin seulement, dans la lutte contre l’hérésie, l’un des chefs s'éleva pour devenir l'évèquc unique et souverain, afin de maintenir l’unité.

Parmi les tenants de l’identité personnelle des ÈTcUTX07roi-7rpea6vrepoi, Rothe défend encore une sorte d’institution apostolique de l'épiscopat, en ce sens qu’après la destruction de Jérusalem les apôtres auraient décrété qu’après leur mort la gestion de chaque communauté serait remise aux mains d’un évêque. L’organisation de cet épiscopal serait surtout l'œuvre de saint Jean.

Baur estime qu’aux origines il y avait, dans une même ville, plusieurs communautés chrétiennes privées, èxxXr.CTiai x.aT' oi’xov, dont chacune était présidée par son doyen d'âge, -ptaolrspoç, qui recevait aussi le nom û'erdawxoç, en tant qu’administrateur de la communauté. La fusion de ces communautés amena, à leur tête, une pluralité d'èniaxonoi-npeaèûTepoi. C’est pour revenir à l’unité que l'évêque s'éleva bientôt au-dessus du presbytérion dans la communauté unifiée.

Mais déjà Ritschl imagine deux types primitifs de gouvernement ecclésiastique. A Jérusalem est réalisé le type judéo-chrétien : des presbytres égaux entre eux, présidés par l’un d’eux, le premier président en date ayant été Jacques, frère du Christ. Ce type aurait été appliqué à Alexandrie, jusqu’au milieu du iiie siècle ; sur ce point, Ritschl invoque l’autorité de saint Jérôme, Epist., cxlvi, P. L., t. xxii, col. 1192. Partout ailleurs s'était propagé le type ethnico-chrétien, dans lequel les besoins de la fonction disciplinaire ont suscité peu à peu un chef local au-dessus des TcpsoêÛTepoi-lTriaxoTcot. La formule définitive de cette organisation relève des épîtres ignatiennes (dont Ritschl d’ailleurs n’admet pas l’authenticité). D’Asie Mineure où elle vit le jour, cette constitution se propagea partout pour donner naissance à l'épiscopat catholique vers le milieu et la fin du iie siècle, au temps d’Irénée et de Tertullien.

Tout en rapprochant presbytres et épiscopes. Ré ville tient aussi pour leur distinction originelle « non pas en ce qui concerne la dignité, mais en ce qui concerne la fonction ». Toutefois, « ces fonctions se confondirent certainement ; ainsi le contrôle put être confié à des presbytres, et la cure d'âmes fut sans doute exercée maintes fois par des épiscopes ». Dans les Pastorales, « il y a une distinction très sensible entre les fonctions de l'épiscope et celles des presbyI ics, quoiqu’elles se touchent ou se rejoignent sur bien des points. Les origines de l'épiscopat, Paris. 1894, p. 179, 313.

C’est du côté des institutions grecques que Renan va chercher l’origine des épiscopes presbytres, sans construire cependant de système à ce sujet. Ce n’est qu’un rapprochement avec les associations religieuses, thiases

OU collèges, du monde grec, où l'épigraphie lui révélait des kr '"-, L', -', '.. des repeaSûrepoi. Les origines du christianisme, t. h. 1868, p. 353 ; t. iii, 1869, p. 218, etc.

Après la publication de Foucart, Les associations religieuses chez les Grecs, Paris, 1873, Weingarten pensa découvrir toute la hiérarchie catholique dans l'épigraphie des thiases : l’association chrétienne aurait commencé par le régime du patronat, chaque groupe possédant son r.p^a-y.-r^ç ; puis le régime du patronat se serait transformé en celui des collèges, le Tcpoavâ/nrfi ayant été remplacé par un ènlmtonoç, ou thiasarque, assisté de prêtres. Cf. Historische Zeitschrift, t. xi.v, 1881, p. 441 sq. Voir Ordre, col. 1197.

Encore qu’il garde la thèse fondamentale de la théologie protestante, Edwin Hatch admet, avonsnous dit, la distinction originelle des épiscopes et des presbytres. L'épigraphie établirait que les épiscopes sont les fonctionnaires chargés, dans les villes de Syrie et d’Asie Mineure, de la gestion des finances municipales. Chaque communauté chrétienne était administrée, au point de vue matériel et disciplinaire, par un conseil d’anciens ou presbytres. Mais ceux de ces presbytres qui étaient allectés aux finances furent nommés épiscopes. Les diacres étaient les assesseurs des épiscopes. Dans les grandes villes, où le service financier était plus considérable, on en centralisa toute la gestion entre les mains d’un épiscope chef, qui devint bientôt le type de l'évêque souverain.

Harnack reprend cette idée et la complète. On doit distinguer, dans les communautés chrétiennes primitives, comme une double organisation. La première partage la communauté en dirigeants, npeoë'jrepoi, et dirigés. veti)Tspot (l’interprétation est d’ailleurs substantiellement exacte, voir Ordre, col. 1216). Mais, parmi les dirigeants, l’administration — dons à recueillir, aumônes à distribuer, culte à exercer — est la fonction déléguée à des presbytres spécialement désignés sous les noms de diacres et d'épiscopes. Il y eut ainsi de simples presbytres et des presbytres-épiscopes. Ni les uns ni les autres n’avaient à s’occuper du ministère de la parole : c'était là le lot des apôtres, des prophètes ou des didascales, investis par vocation ou par charisme. Quand disparurent prophètes et didascales, les épiscopes les remplacèrent dans la Siaxovla toû Àv ov, en vertu non d’un charisme, mais de la délégation vraie ou supposée des apôtres. C’est la crise, amenée par le gnosticisme, qui, par besoin d’unité doctrinale, créa l'épiscopat monarchique. Voir spécialement la traduction du livre de Hatch ; les Prolégomènes à Die Lehre der zwôlj Apostel (Didacliè), Leipzig, 1884, dans Texte und Untersuchungen, t. ii, fasc. 1-2, et la Dogmengeschichte, 3e éd., t. i, Fribourg-en-Brisgau. 1894, p. 204 sq.

Pour K. Weizsâcker, les presbytres sont les plus anciens membres (à-xp/ai) de la communauté, les témoins des apôtres, comme les apôtres l'étaient de Jésus-Christ. C’est parmi les presbytres qu’ont été choisis les membres chargés de fonctions, les -poïaTx[J.EVOI, TjyojjiEvoi ou ÈKlaxonoi, l’investiture de ces fonctions appartenant sans doute aux suffrages des presbytres. Connue Harnack. Weizsâcker admet que prophètes et didascales ont été éliminés par les épiscopes. Le ministère de la parole, devenu le lot des épiscopes, fut centralisé entre les mains d’un épiscope suprême : les autres épiscopes sont ainsi tombés au rang des presbytres, avec cette différence que les « deutéropresbytres avaient une fonction, tandis que les « proto-presbytres n’avaient qu’un titre. Das apostolische Zeiialler, Fribourg-en-Brisgau, 1892. p. 613 sq.