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impulsion au mouvement en vue de la corporale union, arrêté en L896 par l’encyclique Aposlolicæ carte de Léon XIII, qui déclarait invalides les ordinations anglicanes.

5. Le jugement des archevêques à Lambeth < 1899). — Dans une lettre de 1899, l’évêque Creighton, reconnaissant avoir rencontré une grande résistance dans son essai d’interdire l’usage de l’encens et l’emploi de cierges allumés à l’évangile, soumettait ces deux cas à l’archevêque de Cantorbérv, a la conférence de Lambeth. Au même moment, alors qu’allait s’ouvrir la conférence de 1899, deux cents bénéficicrs présentaient plusieurs résolutions aux évêques sur l’obéissance canonique, obéissance due aux lois de toute l’Église catholique du Christ, sur le droit à la réserve de l’eucharistie et à l’usage de l’encens, pratiques conformes à l’usage de toute l’Église catholique et incluses dans la rubrique des ornements du Prayer book. Cf. Simpson, op. cit., p. 157.

Les archevêques décidèrent que l’usage liturgique de l’encens et celui des cierges allumés dans les processions n’étaient pas conformes à la loi et ils ordonnèrent au clergé de s’abstenir de ces pratiques. Les deux cents bénéficiers avaient placé leur intervention sur le terrain cathelique, les archevêques avaient répondu d’après le point de vue le plus étroit, le point de vue légal, s’appuyant sur l’acte d’uniformité de 1559. Pour l’encens, ils invoquent l’argument du silence, ne voulant pas se rendre compte, remarque Sanday, que l’usage liturgique de l’encens était bien établi dans l’Église universelle depuis l’année 385, qu’une telle décision renforçait l’insularité de l’Église d’Angleterre, alors qu’il importait d’élargir sa catholicité. La décision des archevêques causa du désappointement. Encore fallait-il qu’elle fût obéie. L’obéissance à l’évêque était cependant un principe catholique admis parles ritualistes ; mais comment auraient-ils pu se soumettre à des évêques qui, dans des vues surtout politiques, étaient tous choisis en dehors du parti et pris parmi les adversaires du revival catholique ?


IV. Le mouvement ritualiste au xx ( siècle. — 1° Les diverses tendances de l’anglo-ealholicisme.


Deux tendances se manifestèrent dès le début du mouvement ritualiste. Les uns s’efforçaient par leurs réformes de maintenir la continuité avec l’histoire de l’Église d’Angleterre depuis la Réforme ; ils conservaient les formes autorisées du culte anglican, en les interprétant dans le sens le plus catholique. Cette méthode avait l’avantage de conserver des expressions familières de culte, d’utiliser les services du Prayer book aimés par ceux qui avaient été élevés dans ces traditions. Malgré tout, ces services anglicans ne pouvaient que difficilement être adaptés à la dévotion catholique, notamment en ce qui concerne la présence réelle et le service eucharistique, plutôt impliqués qu’affirmés dans le Prayer book. De plus, le nombre des offices dans le Prayer book était singulièrement restreint, par suite de la suppression des fêtes : le clergyman qui voulait dire la messe chaque jour devait reprendre toute la semaine la messe du dimanche. Le Prayer book avait exclu la réserve des saintes espèces, la dévotion à la sainte Vierge et aux saints, la prière pour les morts. Enfin l’assistance conventionnelle au service de la communion, qui caractérisait la vie religieuse dans les siècles précédents, était dans un déclin de plus en plus évident. Le revival du xixe siècle avait fait sentir le besoin « l’une participation plus intime au culte divin.

La seconde tendance donnait satisfaction sur tous ces points. Elle s’inspirait directement de la vie de dévotion et de la littérature du catholicisme de l’Europe occidentale, tel qu’il s’est développé depuis la

Réforme. La loyauté envers l’anglicanisme devenait chose secondaire ; ce qui importait avant tout, c’était de développer la foi et la dévotion, d’atteindre les cœurs et les consciences. Cette tendance devait s’affirmer d’autant plus facilement au xxe siècle qu’une « génération s’élevait qui n’avait pas connu le Prayer book ». Knox, op. cit.. p. 233, Pour ceux qui n’avaient pas été élevés dans les traditions anglicanes, pour les générations façonnées par les tractariens et les ritualistes, c’était un handicap certain d’en appeler à des formulaires liturgiques mal adaptés à l’expression des croyances catholiques, de laisser de côté l’attraction et la variété des méthodes de dévotion de l’Église romaine. Aussi, tout en modifiant certaines pratiques du catholicisme occidental pour conserver une certaine continuité avec les traditions de l’anglicanisme, n’a-t-on pas hésité à introduire des pratiques romaines très importantes, telle que la réserve du saint sacrement, la dévotion à la sainte Vierge et aux saints, l’usage des statues et des images des saints.

Comme dans le cours du mouvement ritualiste, tout cela s’est réalisé contre la volonté de l’autorité ecclésiastique, des évêques. Mais ceux-ci avaient toléré de tels abus, de telles négligences, que les ritualistes se croyaient justifiés à ne pas leur obéir. Ils devaient être des révolutionnaires. Les premiers tractariens avaient cru pouvoir transformer lentement, par leur prédication et par leurs ouvrages, l’esprit de l’Église anglicane. Ils avaient échoué. Les ritualistes agirent illégalement pour le salut des âmes. Les efforts furent parfois peut-être désordonnés ; il y eut des avances et des reculs. C’est que le mouvement ritualiste fut une bataille de soldats. Depuis la mort de Pusey, il n’y eut personne pour prendre la tête du mouvement. « Il est caractéristique de cette période du mouvement que, si nous cherchons les noms de ses chefs, nous ne pouvons les trouver. L’homme le plus en vue fut un prêtre de paroisse qui demeura vicaire assistant jusqu’à la fin de sa vie, Arthur Henrv Stanton. » Knox, op. cit.. p. 231-239.

La division du parti ritualiste au xxe siècle ne se remarque pas seulement par l’affirmation de ces deux tendances. D’autres points séparent gravement les anglo-catholiques. Beaucoup se laissent attirer par les erreurs modernistes. Le modernisme, qui s’est large.ment infiltré dans l’Église anglicane, a touché également les milieux anglo-catholiques. Certains contestent l’historicité des récits de l’Évangile, pour ne rien dire de ceux de l’Ancien Testament. Selon eux, ces récits « ne sont vrais que dans le sens qu’ils expriment sous la forme de l’histoire la vraie notion de Dieu, l’amour de Dieu pour les hommes et la manière dont l’homme doit s’approcher de Dieu ». Knox, op. cit., p. 32. Ils rejettent l’inspiration des Écritures, la naissance virginale, la résurrection, la divinité de Jésus-Christ, qui n’est plus qu’un prophète… Une société fondée en 1898, Churchmen’s Union for the advancement of libéral religious thought, répand ces idées à l’aide d’une revue mensuelle, The modem churchman. Un moderniste notoire, le docteur Henson, fut nommé en 1918, évêque de Hereford, malgré la protestation de la Société du Saint-Sacrement, qui avait réuni vingt mille signatures contre cette nomination, laquelle constituait un véritable défi. Documentation calh.. t. xi, col. 134 et 142. Cf. G. Coolen, La crise moderniste dans V Église anglicane, dans Rev. apolog., t. xxiv, p. 119-126.

Un autre sujet de division parmi les anglo-catholiques est l’attitude à observer envers l’Église romaine. Alors que certains ne craindront pas de témoigner un grand respect pour le centre de la catholicité et de proclamer la nécessité de l’union avec le Saint-Siège, d’autres, et ce sera le plus grand nombre, demeureront