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    1. PUSÉYISME ET RITUALISME##


PUSÉYISME ET RITUALISME. LES DIFFICULTES

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l’anglo-catholicisme. Elle arriva a grouper, en 1920, quarante mille membres, dont vingt-six évoques et quatre mille clergymen. Cf. F. Datin, Lord Halifax et la réunion des Églises, dans Études, t. ci.xxiii, 1922, p. 534. Peu après la fondai ion de l’English Church Union, les catholicisants acquirent un organe qui se dévouera à la défense de leurs idées et de leurs intérêts, le Church Times, dont le premier numéro parut le 7 février 1863.

De leur côté, les euungelicals et les protestants, dans le but d’obtenir des évêques et des tribunaux la condamnation des pratiques ritualistes, fondèrent la Church Association, en 1865. L’English Church Union réclamera la tolérance pour les principes et le cérémonial catholiques ; la Church Association en recherchera la suppression. La première opposera une résistance passive aux condamnations qu’obtiendront les poursuites de la seconde, qui sera qualifiée pour ce fait de Persécution Company limited.

Les deux associations commencèrent à s’affronter en 1866. A ce moment les ritualistes venaient de recevoir un appui considérable dans la personne de Pusey, qui jusque-là était resté indifférent, sinon hostile, à la réforme du cérémonial, ne lui attribuant aucune importance. Il ne portait pas les ornements eucharistiques à Christ Church, se contentant du surplis. Il voyait avec appréhension et regret l’introduction des observances rituelles par le jeune clergé et il disait que, si on l’avait écouté, l’émeute de Saint George’s in the East eût été évitée. Dans son premier discours à l’English Church Union, en 1866, il exposa que les tractariens craignaient que le ritualisme ne rendît tout le mouvement superficiel. Cette crainte était dissipée. Ce qui le décida à adhérer au ritualisme, ce fut l’opposition des chefs de l’Église, provenant de ce qu’ils y voyaient une représentation des doctrines eucharistiques : comme les opposants unissaient la doctrine et son expression, les tractariens devaient soutenir les ritualistes. Mais Pusey recommandera toujours d’éviter les exagérations : il est plus facile, disait-il, de changer un vêtement qu’un cœur. En 1867, dans une assemblée de l’English Church Union, il aura du mal de convaincre ses auditeurs qu’ils ne doivent pas aller contre la volonté des paroissiens. Liddon, Life oj Pusey, t. iv, p. 216.

Enfin, ce qui convainquit Pusey que la doctrine ne pouvait être séparée du rituel, ce fut l’essai des tribunaux de permettre l’une et de défendre l’autre : la doctrine de la présence réelle était autorisée par le jugement Bennett ; sa représentation aux yeux du peuple par les rites appropriés était défendue par le jugement Purchas. Cette distinction contraignit Pusey à faire de la pratique une question de principes.

La répression du ritualisme.

1. Le ritualisme

à la Convocation. — Les deux associations, l’English Church Union et la Church Association, ne tardèrent pas à entrer sur le terrain de l’action. Les pratiques ritualistes, l’introduction dans le service anglican de tous les accessoires extérieurs du culte catholique, sont dénoncées à l’archevêque de Cantorbéry comme illégales et opposées à l’uniformité de l’Église nationale. Ce qui est surtout visé, c’est le port des ornements eucharistiques, la présence de cierges allumés sur l’autel, l’usage de pain azyme au lieu de pain fermenté, l’addition d’eau au vin dans le calice, la position vers l’Est du célébrant, l’emploi de l’encens. De son côté, l’English Church Union demande que l’on ne change rien aux directives du Prayer book. Aux premiers Longley répondit qu’il fallait d’abord chercher ce que la loi permettait ; aux seconds, qu’aucun changement ne serait fait dans le Prayer book sans le concours de la Convocation. La question est portée à l’ordre du jour de la Convocation de la province de Cantorbéry de février 1866.

C’était la première fois que l’assemblée allait s’occuper du ritualisme. Jusque-là elle avait sagement évité de le faire, par suite de la difliculté que l’on prévoyait de réaliser l’accord parmi les évêques. YVilberforce, évoque d’Oxford, appartenait au High Church, mais avait horreur de tout ce qui était romain ; il trouvait dangereuse une démarche collective de l’épiscopat qui pourrait ne pas être acceptée ; il lui répugnait de faire appel aux tribunaux. Tait, évêque de Londres, qui était plein de mépris pour les innovations ritualistes, ne pouvait cependant s’empêcher d’estimer le zèle des novateurs, de constater le bien qu’ils faisaient dans les paroisses pauvres. Rejetant d’abord l’idée de poursuites judiciaires, il estime que c’est à l’évêque d’intervenir dans chaque cas particulier. Plus tard il réclamera l’intervention du Parlement et des pouvoirs publics.

Une première délibération eut lieu en 1866 : elle n’aboutit à aucun résultat. Dans la réunion de l’année suivante (fév. 1867), la commission du rituel émit une série de recommandations pour obvier au désordre liturgique de l’Église : on devrait suivre la règle qui avait prévalu dans l’Église d’Angleterre durant les trois derniers siècles ; si un changement était introduit, les paroissiens pourraient se plaindre à l’évêque, qui ordonnerait aussitôt de supprimer l’innovation. La plainte pourrait être déposée par les marguilliers ou par cinq paroissiens résidants. C’était un premier échec pour les ritualistes. Mais le plus difficile dans l’application de cette recommandation serait pour les évêques de se faire obéir. Tait s’était déjà plaint de l’indocilité de son clergé ; en 1868, il constatait que rien n’était changé. Neale avait résisté pendant seize ans à son évêque : « il n’avait modifié aucune pratique, si ce n’est dans certains cas pour aller plus loin ». Averton, The anglican revival, p. 141. Discrédités comme ils l’étaient, comment les évêques pouvaient-ils se faire obéir ?

En 1873, les ritualistes attirent directement l’attention de la Convocation sur la confession, moins prudents sur ce sujet que les tractariens. Un groupe de quatre cent quatre-vingt-trois clergymen ritualistes transmit à l’assemblée une pétition suggérant la nomination de confesseurs dûment qualifiés. L’intention était excellente, mais l’entreprise, téméraire, étant donnés les préjugés protestants. Il n’y avait rien à attendre des évêques ; même Wilberlorce, qui laissait pratiquer la confession dans son collège de Cuddesdon, y était opposé, parce, qu’elle était une habitude romaine. Après lecture de la pétition (mai 1873), Tait donna son opinion, considérant la confession sacramentelle comme une erreur. Mais le Prayer book faisait difficulté. La réponse à la pétition fut renvoyée en juillet. Dans l’intervalle, on discuta la question dans la presse et dans les meetings. A l’unanimité les évêques décidèrent qu’il fallait restreindre le plus possible ce que le Prayer book laissait subsister en fait de confession. D’ailleurs, le 35e article déniait à la pénitence le caractère de sacrement. En pratique on pouvait la tolérer exceptionnellement pour rassurer certaines consciences et donner l’ab. ; olution aux malades qui la demandaient. Mais on ne pouvait exiger la confession pour la communion, ni en recommander la pratique habituelle, ni en faire la condition d’une vie spirituelle plus élevée.

Pusey avait jugé excessive l’attitude des ritualistes ; il les défendit néanmoins parce que des principes auxquels il tenait étaient engagés. Il répondit par une déclaration signée de vingt-huit anciens tractariens et par un seul ritualiste, Mackonochie (6 déc. 1873). Il prouvait l’institution par Notre-Seigneur de moyens spéciaux pour la rémission des péchés, la reconnaissance du pouvoir d’absoudre d’après les formulaires