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    1. PUSÉYISME##


PUSÉYISME. L’ÉGLISE ROMAINE

1384

Pusey recruta de nouveaux desservants, qui continuèrent à suivre la ligne de conduite de leurs prédécesseurs dans leur enseignement et dans leurs pratiques, si bien que l’évêque crut devoir en suspendre quelques-uns : le résultat de cette mesure fut que tous les desservants sauf un abjurèrent entre les mains de N’ewman, à Leeds (1851).

Les événements se montraient plus forts que les raisonnements de Pusey. L’alfaire Gurham venait en effet de provoquer la sécession de clergymen et de personnages en vue : Maskell, H. Wilberforce, Dodsworth, Allies, Laprimaudaye, Lord Fielding, Monsell, futur Lord Emly, Bcllasis. Le désarroi fut encore augmenté par l’intervention des catholiques, de Wiseman, qui, dans la Revue de Dublin, avait montré les inconséquences des tenants des idées du High Church, de Newman surtout, qui, dans douze conférences sur « certaines difficultés éprouvées par les anglicans dans l’enseignement catholique », données à Londres au début de 1850, avait montré aux anglicans que la conséquence logique du mouvement était Home, l’anglicanisme étant soumis à un érastianisme irrémédiable, et avait réfuté les objections et les préjugés qui arrêtaient ses anciens amis à la porte du catholicisme.

L’année suivante, 1851, avait lieu la conversion de Manning, accompagnée de beaucoup d’autres. R. Wilberforce, archidiacre d’York, devait bientôt suivre son beau-frère Manning et son frère Henri, malgré les efforts faits par son frère Samuel, évêque d’Oxford, par Pusey, Keble, Gladstone, pour le retenir. La préparation d’un livre sur le principe d’autorité dans l’Église lui avait donné l’évidence de la fausseté de l’anglicanisme : il résigna ses fonctions d’archidiacre et alla abjurer à Paris (1 er nov. 1854). Cf. Life of Wilberforce, t. ii, p. 251-266.

Des sécessions aussi considérables donnaient raison aux libéraux et aux euangelicals qui voyaient dans le puséyisme un acheminement vers Rome : les accusations de papisme redoublèrent. Le 2 novembre 1850, l’évêque de Londres, Blomfield, avait dans un mandement blâmé, sans nommer Pusey, ceux qui préparaient la voie au sécessionnisme. S. Wilberforce, évêque d’Oxford, met Pusey en demeure de se justifier ou de s’amender, sous peine de mesures sévères. Il répond et, pour se justifier, attaque, en accusant les évêques d’avoir manqué à leur devoir dans l’alfaire Gorham. L’évêque insiste, veut lui interdire de prêcher et d’exercer ses fonctions de clergyman dans le diocèse d’Oxford. L’intervention de Marriott, de Keble, de Gladstone, empêcha l’évêque de mettre sa menace à exécution. En janvier 1851, Pusey répondait au mandement de l’évêque de Londres : A leller to (lie liighl Hon. and Right Rev. Ihe Lord Bishop of London, in expianation of some statement contained in a letter bu the Rev. W. Dodsworth. Il y faisait l’apologie du puséyisme, se défendant d’être le chef d’un parti, rejetant la responsabilité des sécessions sur les défaillances doctrinales, sur les divisions et le manque d’autorité des évêques.

En même temps, ces conversions jetaient le désarroi parmi les highehurchmen et surtout parmi les amis de Pusey. Les premiers cherchent à dégager leur responsabilité. Plusieurs de ceux qui avaient protesté contre le jugement du Conseil privé de 1850 proposent de manifester leur intention de repousser toute réconciliation et toute relation avec l’Église romaine tant que celle-ci ne sera pas réformée. Les amis de Pusey sont divisés. Keble serait disposé à une déclaration antiromaine pour sauver le parti. Pusey, malgré la surveillance et la suspicion dont il se sent entouré, et qui sont telles qu’il songe un moment à abandonner toute controverse, s’y refuse. A quoi d’ailleurs aboutirait une telle déclaration ? Si son attitude n’a pu convaincre ses adversaires de son attachement à l’Église anglicane,

quel pouvoir auraient ses paroles ? « Nous devons, dira t il dans un meeting, attendre l’heure de Dieu, jusqu’à ce que cette lièvre de crainte soit tombée ; ou, si rien d’autre ne doit les convaincre, ils le seront du moins en nous voyant mourir dans l’Église d’Angleterre. » Thureau-Dangin, op. cit., t. ii, p. 196.

2. Retour collectif à l’unité. — La volonté arrêtée de Pusey de demeurer dans l’anglicanisme et son désaveu de toute conversion individuelle ne l’empêchaient pas de rêver à une réunion de son Église au centre de la chrétienté. L’idée était née du mouvement d’Oxford. L’acceptation des doctrines et des pratiques de l’Église antérieure à la Réforme conduisait inévitablement à Rome : conversions individuelles ou réconciliation globale (réunion). Le docteur Lee, gradué d’Oxford, se fait le propagateur de cette idée de la corporate reunion. Un journal se fonde The Union, qui préconise l’union avec le Saint-Siège et avec l’Église universelle.

Les catholiques ne demeurent pas indifférents à ce mouvement. Wiseman en écrit à lord Shresbury en 1845. Ambrose Philipps de Lisle publie un livre sur L’unité future de la chrétienté et fait part de ses espoirs au cardinal Barnabo, préfet de la Propagande (1857).

Le 4 juillet 1857, les catholiques et les anglicans favorables à la réunion s’assemblent, décident d’offrir un calice d’or au cardinal Barnabo et fondent l’Association for the promotion of the union of Christendom, dont les statuts sont rédigés le 8 septembre. Mais cela excite la méfiance de certains catholiques, même de récents convertis, comme Ward, Manning : ils voient, dans l’idée de reunion, l’affirmation de la théorie des trois branches de l’Église divisée, alors que seule Rome est la véritable Église ; il ne saurait être question de transactions. Wiseman, d’abord sympathique, suit Manning et envoie un rapport à Rome. Barnabo refuse le calice. L’Association est condamnée par le Saint-Office le 16 septembre 1864. Une intervention de cent quatre-vingt-dix-huit clergymen à Rome n’aboutit qu’à une nouvelle condamnation, le 8 novembre 1865. L’association continuera composée uniquement d’anglicans. C’est d’elle que sortira, en 1877, sous l’inspiration de Lee, VOrder of corporate reunion, sorte de société secrète ayant pour but d’assurer la validité des sacrements par des réordinations sacerdotales et épiscopales faites par des évêques schismatiques.

Pusey était resté étranger à la fondation de l’Associaiion for the promotion of the union of Christendom. Il n’intervint qu’en 1865 ; Manning s’était cru visé par un passage d’un ouvrage écrit par Pusey à l’occasion de l’affaire des Essays and reviews : Case of the légal force of the judgement of the Privy Council. Dans la lettre qu’il écrit à Pusey à ce sujet, Manning refuse à l’Église anglicane d’être une partie de l’Église catholique ; il expose que, si l’Esprit-Saint agit dans l’Église d’Angleterre, il n’agit pas par elle ; il met sur le même pied les anglicans et les autres dissidents.

C’est à cette lettre de Manning que veut répondre le premier Eirenikon, publié en 1865 : L’Église d’Angleterre partie de V Église une, sainte, catholique du Christ, et un moyen de rétablir l’unité visible. Un « Eirenikon », dans une lettre adressée à l’auteur de Christian Year (Keble). Pusey revendique pour son Église le droit de se dire une partie de l’Église universelle. Pendant longtemps elle lui a été unie ; des circonstances malheureuses ont brisé l’union : on doit s’efforcer de la rétablir. Mais l’union extérieure n’est pas absolument nécessaire ; il a existé dans les premiers siècles des Églises indépendantes de Rome. Quant à l’union intérieure, elle existe, grâce à un principe supérieur de cohésion qui est le Christ. Au point de vue doctrinal, l’Église anglicane professe toutes les vérités essentielles du christianisme : les trente-neuf articles sont susceptibles d’une interprétation catholique (tract. 90). L’au-