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PUSÉYISME. LES ORDRES RELIGIEUX

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!)< cette tendance sortirent, en L860, les Essaya and reviews, contenant sept études, composées par sept auteurs différents, presque tous clergymen, L’ouvrage contenail des négations incomp u Ibles avec toute reli gion surnaturelle et révélée ; ses conclusions aboutissaient a la ruine des fondements scripturaires et théologiques du christianisme. L’éloge que, en octobre 18 iO, la Revue de Westminster lit de cette publication ai lira l’attention sur celle-ci. Wilberforce en dénonça les erreurs dans un mandement, puis la critiqua dans le Quarterly. L’émotion fut grande dans les cercles universitaires et dans les paroisses, l’usey, Keble et leurs amis, ne furent pas les derniers à relever les atteintes portées à l’autorité de l’Écriture et à la valeur des dogmes du christianisme ; highehurchmen et lowchurchmen oubliaient leurs divisions pour défendre la foi commune.

Pressés d’intervenir contre les sept (septem contra Christum), les évêques, au nombre de vingt-sept, adressent aux essayistes une lettre de reproche, rédigée par Wilberforce (févr. 1851). Saisie à son tour, la Cour des Arches condamne deux des essayistes, Williams et Wilson, à une année de suspension (déc. 18 >2). Mais, sur appel au Conseil privé, les deux essayistes étaient acquittés (8 févr. 1834). Le triomphe du Broad Church s’accrut encore lorsque Stanley fut nommé par la reine doyen de Westminster. Il ne se gêna pas pour constater que « désormais il est fixé pour toujours que l’Église d’Angleterre n’admît ni l’inspiration verbale de l’Écriture, ni l’imputation des mérites, ni l’éternité des peines ». Life of Stanley, t. ii, p. 44. Stanley devait faire de son abbaye de Westminster la citadelle du Broad Church, attirant les ministres non conformistes, les savants non chrétiens, entrant en relation avec tous les révoltés, le P. Hyacinthe, Renan, Dollinger, etc. En 1869, un auteur des Essays, Temple, sera nommé par Gladstone évêque d’Exeter, puis, en 1883, évoque de Londres et, en 1896, archevêque de Cantorbéry.

L’agitation continua. On s’éleva contre le jugement misérable rendu en l’occurrence, et contre l’évêque de Londres, Tait, que l’on accusa d’avoir trahi l’Église en votant avec la majorité pour acquitter les deux essayistes. Disræli devait le récompenser en le nommant, en 1868, archevêque de Cantorbéry. Pusey recueillit onze mille protestations de clergymen, environ la moitié des ecclésiastiques du royaume et cent trente-sept mille signatures laïques. A la C invocation de 183 4, Wilberforce fit condamner à une très forte majorité dans les deux chambres les Essays and reviews, comme « contenant une doctrine contraire à celle qui est reçus par l’Église d’Angleterre, en commun avec l’Église catholique tout entière ». L’Église établie affirmait sa volonté de maintenir la doctrine dans son intégrité, mais sans pouvoir rien faire contre ceux qui y portaient atteinte.

Pendant que se déroulait la controverse sur les Essays, une autre publication manifestait les mêmes tendances et soulevait la même opposition. Colenso, évêque du Natal, publiait à Londres, en 1832 et 1833, deux volumes sur le Pentateuque : il en rejetait complètement l’autorité et l’inspiration. De plus, il déclarait ne plus accepter le service liturgique de l’ordination, imposé par le Pray ; r book, parce qu’il affirmait la vérité de la Bible, et rejeter le service du baptême, parce qu’il faisait allusion au déluge.

L’évêque du Cap, Gray, dénonça son sulïragant et demanda sa condamnation. Pusey exposa à Tait le préjudice que causaient à l’Église d’Angleterre de telles doctrines, en montrant son impuissance à défendre la vérité. Wilberforce agit de son côté sur les évoques pour les amener à se prononcer contre Colenso. Tait hésitait à agir ouvertement. Tout ce que put obtenir Wilberforce, ce fut une lettre collective, signée par quarante et un évêques, demandant à Colenso de rési gner son évêché du Natal. Il refusa. La Convocation, essayant à son tour une intervention, ne put aboutir par suite de l’opposition entre les deux évêques de Londres et d’Oxford. De guerre lasse, l’évêque du Cap résolut d’agir seul. Après que Colenso, cité à comparaître, eut refusé de reconnaître sa juridiction, Gray le déposa et, au bout de quatre mois, n’ayant pas reçu sa rétractation, il proclama l’évèché vacant. La sentence de Gray fut annulée par le Conseil privé de la reine (20 mars 1865). L’évêque du Cap voulut passer outre ; il prononça l’excommunication majeure contre son sulïragant, mais, lorsqu’il s’adressa aux autres évêques pour obtenir leur appui, il ne reçut que de bonnes paroles.

Dans les deut alïaires, l’autorité civile avait tranché contre le dogme ; dans la seconde, la Convocation s’était montrée impuissante. Les puséyistes étaient les premiers à constater la carence de leur Église, l’impossibilité où elle se trouvait de préciser un point de doctrine ; bien plus, ils n’arrivaient pas eux-mêmes à préciser leur propre pensée sur les points discutés. On comprend leur inquiétude devant cette constatation, car, à l’opposé de leur Église, celle de Rome apparaissait dotée de la plus forte autorité possible pour maintenir l’intégrité de la foi. Pusey signalait à Tait que le « docteur Manning se servait avec succès » de ces événements pour arracher les âmes troublées à l’anglicanisme et les conduire à Rome. Thureau-Dangin, op. cit., t. ii, p. 441.

Restauration des ordres religieux.

L’idée de cette

restauration remonte aux origines du mouvement d’Oxford. En 1838, Newman, écrivant à G. Faussett, rappelait l’opinion de l’archevêque irlandais Bramhall, au xvie siècle, qui parlait favorablement de la vie monastique et la tenait pour compatible avec la religion réformée. En 1842, Pusey représentait à l’archevêque de Cantorbéry les « institutions monastiques comme un refuge contre les ennuis et la vanité du monde et un moyen offert aux individus pour atteindre une plus haute perfection. Certains y aspirent ; ils peuvent être restaurés dans une forme primitive… » Simpson, op. cit., p. 230-231.

Satisfaction ne tardera pas à être donnée à ce désir. En 1845, l’année même de la conversion de Newman, s’ouvre la première communauté de religieuses dans la paroisse de Christ Church, Albany Street : c’était le résultat de l’enquête que Pusey était allé faire en Irlande sur les formes de la vie religieuse et des renseignements que lui avaient fournis ses amis sur ce qui se passait sur le continent. Cette restauration lui tenait fort à cœur. Lorsque sa fille était à la mort, il lui avait demandé, le 22 avril 1844, de « prier, une fois en présence du Rédempteur, pour ces institutions auxquelles elle avait espéré elle-même appartenir ». Liddon, Life of Pu%ey, t. ii, p. 383. La règle de la nouvelle communauté était inspirée de celle de saint Augustin ; le bréviaire romain fut le modèle suivant lequel furent fixés les offices, les prières et les dévotions. Le but était de visiter les pauvres, de secourir et d’instruire les enfants délaissés, d’assister les mourants. L’organisation n’alla pas sans difficulté ; il y eut des tâtonnements ; l’accusation de romanisme reprit avec plus de force, si bien que Pusey, qui en avait assuré la directio n spirituelle, aidé par le vicaire de la paroisse, Dodsworth, se sentait découragé et déconseillait ceux qui se sentaient portés à l’imiter.

Ceux-ci pourtant allèrent de l’avant. Une nouvelle communauté, les sœurs de la Merci, est créée en 1848, à Devonport, avec la sanction de l’évêque d’Exeter. A la suite des attaques dont les religieuses sont l’objet, l’évêque fait une enquête, dont les résultats sont favorables. La supérieure, Miss Sellon, écrit sa défense. Lord Coleridge se déclare plein d’admiration. Life of Lord Coleridge, t. i, p. 189.