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PUSÉYISME. LUTTES DOCTRINALES — L376

). Du texte : Les péchés seronl remis à ceux à i|ui vous les remettrez*, il déduit que le pouvoir

d’absoudre a été donné à l’Église et a ses ministres. Il montre ensuite les traces de ce pouvoir dans les formulaires <le l’Église anglicane. Le Times du 3 février s’élève contre cet essai de faire revivre cette pratique odieuse et dépravée du romanisme. Mais le fait que Pusey s’appuyait sur le Prayer book empêche le vicechancelier de l’université de le poursuivre.

La pratique de la confession peut ainsi se répandre : elle est fréquente dans les nouvelles communautés religieuses fondées par Pusey ; on y habitue les enfants à partir de l’âge de sept ans ; on adopte pour l’administration de ce sacrement les règles et le cérémonial de l’Église romaine. Cependant Pusey attendra jusqu’en 18 H) pour se confesser : le sentiment qu’il avait de ses fautes, qu’il jugeait si graves, le faisait hésiter à s’en décharger sur un autre. Liddon, Life of Pusey, t. iii, p. 93-98. C’est Keble qui reçut sa première confession le 1° décembre 1846 et qui approuva la règle de vie que s’était tracée son pénitent. Cf. Liddon, ibid., p. 104-108 ; Thureau-Dangin, op. cit., t. ii, p. 1O3-104. Manning, Keble, Church, retirent de la confession un grand profit spirituel.

Avec Pusey, Keble travaille à la restauration du sacrement de pénitence ; Manning le recommande, non pas seulement comme un moyen de tendre à la perfection, mais comme un précepte. Il entend les confessions dès 1840, ajoutant à la confession la direction spirituelle. De nombreux clergymen, sans en référer aux évêques, ou même malgré eux, font de même. Cependant les évêques s’elïorceiit de s’opposer à cette reviviscence. Blomfield, évêque de Londres, refusa, en 1843, la licence d’officier à un clergyman qui, dans un sermon, avait justifié et recommandé cette pratique.

Ce n’est qu’en 1858 que les attaques contre la nouvelle pratique prirent quelque violence. Le Rév. Alfred Pool, vicaire de Saint-Barnabas, Pimlico, est accusé de poser aux pénitents des questions indélicates, ce qu’il nie, et d’encourager les confessions habituelles, ce qu’il avoue. Tait, nouvel évêque de Londres, lui retire sa licence et le prive de son vicariat. Liddell.curé de Saint-Paul’s, Knightsbridge, intervient sans succès auprès de Tait pour justifier son vicaire. Il écrit alors à l’évêque et à l’archevêque pour leur dire qu’il prend fait et cause pour l’accusé : « Je suis prêt à défendre mes principes et mes pratiques devant les tribunaux et à en accepter les conséquences quelles qu’elles soient. » Sp. Simpson, op. cit., p. 106.

On ne connaît pas la réponse de Tait ; mais, dans son premier mandement, l’évêque écrivait : « Si ce que je juge une dangereuse invitation systématique de leurs fidèles à la confession continue à être maintenu par un clergyman de ce diocèse, je me sentirai obligé de surveiller très rigoureusement ces pratiques et je le tiendrai pour responsable des maux qui s’en suivront. » Simpson, op. cit., p. 106. C’était l’attitude de l’ensemble de l’épiscopat : ce que les évêques condamnaient, ce n’étaient pas des abus possibles, mais l’usage. Ils ne niaient pas, il est vrai, que la confession à un prêtre dans de rares circonstances ne put être tolérée, mais ils entouraient cet usage de telles restrictions et de telles suspicions que c’était, en fait, le supprimer.

Ce qui gênait les évêques dans la répression, c’était le Prayer book, qui donnait raison aux tractariens. Déjà, en 1855, le Times le reconnaissait : « Tant que la rubrique ne sera pas changée, ce ne sont pas les euangelicals, mais ceux qui confessent et absolvent, qui sont d’accord avec les termes du Prayer book. » En 1861, YEdinburgh review suggérait prudemment le retrait des paroles de l’ordination, que l’on inter prétait comme donnant le pouvoir de confesser. Lu 1867, un légiste, .J.-C. Fisher, écrivait dans son ouvrage sur La pureté liturgique que le maintien du protestantisme national exigeait que l’on satisfît au désir du parti evangelical de changer les formules de l’ordination et de l’absolution dans la visite des malades. Simpson. op. cit., p. 1 15. Au lieu de demander la modification du Prayer book, certains préféraient interpréter les textes de l’ordination et de l’absolution : on ne peut leur donner le sens déclaratif dans lequel Notre-Seigneur employait ces paroles pour remettre les péchés, ce qui est un privilège divin ; elles ne peuvent avoir qu’un sens optatif, exprimant un désir pieux, une prière. C’est ce que demande le Rév. Edm. Clay, dans une adresse au Lord chancelier, en 1803. C’est également ce que fait un evangelical, le docteur Mac Neile. Il est réfuté, non seulement par les puséyistes, mais par un congrégationaliste, le docteur Meller, qui publie en 1867 des réflexions sur les interprétations des formules anglicanes par Pusey et Mac Neile, et donne pleinement raison au premier contre le second. Mellor, Ritualism, 1867, p. 165-168. Nous retrouverons la question du confessionnal posée devant la Convocation de Cantorbérv par les ritualistes. Cf. col. 1392 sq.

3. Le bill du divorce (1857). — Le vote de ce bill marque une nouvelle défaillance des évêques devant le Parlement. Le lien matrimonial pouvait être rompu par un acte du Parlement ; mais les dépenses qu’exigeait cette procédure rendaient le divorce très rare et en faisaient le privilège des hautes classes. Le nouveau bill tendait à rendre le divorce plus facile, en supprimant l’ancienne procédure. Il fut combattu par Pusey, Keble, Gladstone ; mais, à la Chambre des Lords, Tait et l’archevêque de Cantorbérv le soutinrent et contribuèrent largement à le faire voter. L’intervention de Wilberforce fut impuissante à contrebalancer l’influence des autres évêques. Cf. Life of Wilberforce, t. ii, p. 342-349.

4. Le symbole Quicumque ». — Les tractariens étaient prompts à se soulever pour la défense des points particuliers de la doctrine catholique. On comprend leur émotion quand l’ensemble de cette foi catholique parut être mis en danger par les attaques contre le symbole attribué à saint Athanase.

Le huitième des trente-neuf articles imposait l’acceptation de ce symbole : « Les trois symboles, celui de Nicée, celui d’Athanase et celui qu’on appelle communément le symbole des apôtres, doivent être acceptés en entier, car on peut prouver ce qu’ils contiennent par les témoignages les plus certains de la sainte Écriture. » Les gradués des universités, les clergymen devaient souscrire aux trente-neuf articles. Le Prayer book ordonnait la récitation du Quicumque au service du matin, au moins vingt-trois fois par an.

Sous l’influence du latitudinarisme du Broad Church, beaucoup de clercs hésitaient à souscriie aux trente-neuf articles, à cause de celui qui impesait le Quicumque ; ils s’en tiraient souvent en faisant des restrictions mentales ou en considérant la souscription comme une formalité qui n’engageait à rien. Dans maintes paroisses la récitation en était complètement omise. La raison de cette opposition au symbole se trouve dans les clauses damnatoires du ꝟ. 2 : quam (/idem catholicamj nisi quisque integram inviolatamque seruaverit, absque dubio in œternum peribit. et du t. 40 : quam nisi quisque fideliler firmiterque credideri’, salvus esse non polerit. Pour ceux qui ne donnaient aucune importance au dogme, ces clauses damnatoires étaient inadmissibles. Ils menèrent uns campagne très vive pour la suppression du symbole, ou au moins pour l’élimination de ces clauses.

Déjà les tractariens avaient protesté contre la