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PUSCil (SI(ilSioD) PUSÉYISME

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pendant quatorze ans chancelier de l’université « le Vienne et mourut à Gratz le 29 juillet 1735. il publia une Theologia speculativa en.s volumes, Gratz, 17231730. D’une vaste érudition, il laissa en outre deux ouvrages d’astronomie et surtout une Chronographia sacra ducalus Styriæ, Gratz, 1715 (continuée par le P. Bueellini). De nombreux matériaux rassemblés par le P. Pusch sur l’histoire de I [ongrie ont été utilisés par le P. Érasme Frôlich dans ses deux ouvrages Diplomatarium Garstense, Vienne, 1754, el bii>lomataria sacra ducatus Styriæ, 2 vol.. Vienne, 1756.

Stoeger, S. J., Scriplores Provinciæ Auslriacæ Societatis Jesu, Vienne, 1856, p. 285-280 ; Sommervogel, Biblioth. de la Comp. de Jésus, t. VI, col. 1311-1812 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., I. iv, col. 1008.

J.-P. Grausi.m.

    1. PUSÉYISME ET RITUALISME##


PUSÉYISME ET RITUALISME.— — La sécession de Newman (18 15), précédée et suivie d’un (grand nombre d’autres conversions, avait porté un coup sensible au mouvement d’Oxford et paru légitimer l’accusation portée contre les tractariens de conduire à l’Église romaine. Si profondément qu’ils sentissent ces départs, ceux qui restaient dans l’anglicanisme ne désespérèrent pas de l’avenir. Pusey, dont l’influence parmi les tractariens n’avait cessé de grandir depuis son adhésion au mouvement en 1834, en devient le personnage principal et lui donne son nom le puséyisme.

Le but visé reste le même : restaurer les doctrines catholiques dans l’Église d’Angleterre et relever le niveau de la vie religieuse. Le mouvement conserve avant tout et par-dessus tout un caractère doctrinal, mais son centre se déplace. Ce ne sera plus la ville universitaire d’Oxford, où un nouveau libéralisme négateur des dogmes triomphait, mais Londres. Ce déplacement lui fait perdre son caractère académique ; de plus, s’adressant désormais aux prêtres des paroisses et au grand public, il doit devenir plus pratique.

Pour atteindre le peuple, surtout celui des paroisses pauvres des grandes villes, l’enseignement oral des doctrines catholiques se montre insuffisant et demeure inefficace. C’est par le côté extérieur qu’on s’efforcera d’atteindre ces populations ouvrières, qui ont peu à peu abandonné toute religion, par la restauration des cérémonies et de tout l’accessoire du culte, dont on se servira comme du véhicule normal de la vérité et comme du seul moyen propre à élever le niveau religieux. Le puséyisme devient ainsi le ritualisme. Pusey et beaucoup des anciens tractariens se montrent d’abord réfractaires à cette transformation. Mais Pusey lui-même comprenant que ces pratiques liturgiques nouvelles sont étroitement liées aux doctrines qu’il s’efforce de faire prévaloir, se rallie au ritualisme, à un ritualisme modéré, se montrant toujours opposé à toute exagération. A partir de 1806, les deux mouvements puséyiste et ritualiste vont de pair. Ils produisent au sein de l’anglicanisme une renaissance partielle de la doctrine et de la pratique catholiques, qui prendra au xxe siècle le nom d’anglo-catholicisme. I. Pusey. II. Le puséyisme (col. 1366). III. Le ritualisme (col. 1387). IV. Le mouvement ritualiste au xxe siècle (col. 1399). V. Conclusion (col. 1421).

I. Pusey.

Vie.

Edward Bouverie, deuxième

fils du premier vicomte de Folkestone, Jacob Bouverie, naquit le 22 août 1800 d’une ancienne famille de huguenots établie dans le sud de l’Angleterre. (Le nom de Pusey, qui est celui d’une propriété acquise par sa famille dans le Berkshire, avait été ajouté au nom de Bouverie peu avant la naissance d’Edward). En 1818, Edward entre au collège de Christ Cliurch, à Oxford ; en 1824, devenu fellow d’Oriel, il est en relation avec Newman et Keble. Il poursuit

ses études en Allemagne (1825-1827), à Gtevtingue, à Berlin, à Bonn. Il revient imbu du rationalisme allemand, que l’on remarque dans un ouvrage publié en 1828, dirigé contre J.-M. Bose, ardent champion du Iligh Church a Oxford. Quelques années plus tard, quand commence le mouvement tractarien, il aura abandonné ses idées libérales et se montrera en communauté de sentiments avec les auteurs des Tracts /or tlie. Urnes. Dans l’intervalle, il avait reçu du duc de Wellington la chaire de regius pro/essor d’hébreu à Oxford, chaire à laquelle était attaché le canonicat de Christ Church qu’il conserva jusqu’à sa mort.

Sur la part qu’il prit au mouvement d’Oxford, cf. t. xi, col. 1684 sq. Après la conversion de Newman, au milieu du désarroi général, Pusey sera tout indiqué pour prendre la direction du mouvement, en devenir le véritable, l’unique chef. On a souvent noté les différences profondes qui existaient entre Newman et lui : « S’il [Pusey] n’a pas le génie supérieur de Newman, son ouverture d’idées, sa pénétrante compréhension de tous les états d’esprit, son charme séducteur, sa prestigieuse action sur les âmes, il a l’autorité que lui donnent sa situation, sa science et surtout sa vertu. » Thureau-Dangin, La renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle, t. H, Paris, 1923, p. 40.

A partir de 1834, il suivra en droite ligne la direction tracée par les tractariens, ayant toujours en vue le même idéal : ramener dans l’Église d’Angleterre les doctrines catholiques d’avant la Réforme. Dans ce dessein il s’adonnera à l’étude des Pères et de la vie catholique dans les premiers siècles. Cette étude lui fera constater les lacunes de son Église, auxquelles il s’efforcera de remédier. Améliorer l’Église anglicane sera tout le programme et toute l’histiire du puséyisme. Au cours des controverses, Pusey sera contraint de concéder que, sur bien des points, c’est l’Église romaine qui a raison contre l’Église anglicane ; mais il ne conclura pas pour cela à la supériorité absolue du catholicisme romain et à la nécessité de quitter l’anglicanisme. Il regardera son Église comme une partie de l’Église catholique, séparée des autres parties par des circonstances malheureuses. Après Newman, il verra partir Faber, Wilberforce, Manning et d’autres ; l’idée qu’il pourrait les suivre ne se présenta pas à son esprit. Dans les périodes mêmes où se multipliaient les conversions de ceux que l’anglicanisme ne pouvait plus satisfaire, il ne se laissera pas aller à ces attaques faciles contre le romanisme, que certains croyaient nécessaires pour manifester leur loyalisme envers l’Église établie. Il parlera toujours de l’Église romaine en « termes tendres et respectueux et sans les aspérités habituelles des controversistes anglicans ». Lettre de Liddon à Newman, Life of Pusey, t. iv, p. 308. Dans les défaites doctrinales, lorsque, par exemple, il était question d( supprimer le symbole Quicumque, la seule solution qu’il envisageait comme possible était de résigner ses fonctions ecclésiastiques. L’idée d’une sécession ne l’a jamais effleuré.

L’explication de cette attitude est qu’il considérait l’anglicanisme, ainsi que le font encore les anglo-catholiques d’aujourd’hui, comme une des trois branches du catholicisme ; de plus, l’expérience religieuse lui donnait la conviction de l’excellence de son Église. Il constatait qu’elle produisait des fruits de sainteté en lui-même, dans son foyer, dans le groupe tractarien, dans tout le camp ritualiste. Elle avait donc en elle une vertu divine. Peut-être ne possédait-il pas toute la vérité ; mais la part qu’il en avait lui suffisait. Mgr Lagrange, évêque de Chartres, rapporte, dans la lettre pastorale qu’il écrivit à l’occasion de sa prise de possession, que Pusey lui déclara, alors qu’ils