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PI RG TOI RE 01 ES flONS DIVERSES

i. ; i —,

Usation des Ames dans l’autre monde. Placer l’enter on le purgatoire dans le centre de. la tem (Suarai rappelle que la doctrine commune des théologiens situe le purgatoire en uo lieu unique et déterminé vers le centre de la terre, op. cit., disp. MA. Mit. ii, n. 3 I, el il le prouve par l’Ecriture, Phll., ri, 1 ; Apoc, v, 3 ; EcclL, xxiv, 15, etc., ainsi que par la raison, n. 5 7). discuter mit la proximité on l'élolgnement des autres lieux inforioitr^. limbes ou enfer (cf. Suerez, ibnl.. n. B 15), oot - semble Imaglnatil et arbitraire. Si le feu ilt l’enfer devait être un argument en faveur de cette opinion, il faillirait que ce fût un fou matériel comme le nôtre. Mais que sait-on de la nature de ce l’eu réelî Hion. absolument rien. Voir t.. col. 2223 2224. L’argument devient plus fragile encore avec le feu du purgatoire, dont la réalité même peu ! être contestée sans offenser la doctrine de l'Église. Le parti le plus sage est donc de s’abstenir de toute précision ; appartenant au monde des esprits et de l’au-delà qu’on pèse toute la valeur île ce terme : extra-mondial les lieux de l’enfer, du paradis, des limbes, du purgatoire échappent à coup sur a nos catégories, si non-, les concevons par analogie avec ce nue nous pouvons Imaginer Ici bas, sachons que ce n’est qu’une analogie, dont il ne nous est pas même permis de scruter l’exacte valeur et qui nous autorise simplement à affirmer qu’ils sont, sans pouvoir ilire ce qu’ils sont.

;. Reste A expliquer la présence de l’Ame dans ce

i lieu du purgatoire. D’après la philosophie thomiste, l’esprit n’est pas par lui-même en un lieu. L’ange peut être présent en certains lieux parce qu’il y exerce une action. Il semble difficile d’affirmer que l’Ame séparée soit présente de cette manière. Sylvestre île Ferrare accepte cette explication. In Sum. ami. génies. 1. III. > ixviii : niais comment expliquer l’action de l'âme en un lieu, indépendamment ilu corps ? Peut-être fautil simplement comprendre cette présence de l’Ame dans les lieux de félicité, de purification, d’expiation, par une détermination d’ordre purement intellectuel : en vertu d’une dispensât ion divine, l'âme serait déterminée à connaître en particulier uniquement les choses qui sont dans le lieu que lui assigne la justice de Dieu. ou les événements qui s’y passent : ainsi ce « lieu » deviendrait pour ainsi dire son séjour spécial et assigné. Cette explication, proposée par Billot, De novissimis. q. n. § 3. p. 45, ouvre des perspectives intéressantes sur la façon analogique de concevoir le lieu du purpatoire. Le théologien jésuite ajoute : Peut-être faut-il dire davantage, mais de ce davantage », je ne puis que confesser mon ignorance, i Ibid. Avons la même humilité.

2° Visions et révélation » privées concernant le purgatoire. — 1. La possibilité d’apparitions d'âmes du purgatoire ne saurait être mise en doute. Naturellement. il est vrai, les apparitions d'âmes séparées de leurs corps sont impossibles ; car aucune communication naturelle n’est possible entre les défunts et nous. Nous ne pouvons oir sans yeux, ni entendre sans oreilles, ni sentir ou agir sans les organes de la sensibilité ou de la motricité : donc les Ames des défunts - âmes encore au purgatoire ou déjà glorifiées - qui en sont privées, ne peuvent avoir de relations directes avec nous. Cf. Lépicier, Le monde invisible, p. 226 sq. C’est si vrai que les tenants du spiritisme ont voulu expliquer les apparitions d’outre-tombe par le corps Buidique que l’Ame conserverait perpétuellement et qui lui permettrait d’agir sur la matière, et. plus tard, de se réincarner. Toutefois, miraculeusement, ces apparitions sont possibles, quoique tout à fait rares et exceptionnelles. Cf. Apparitions, t. i. col. 1690. Il faut alors une permission, ou dispensation divine. Hoc quod morlui vivenlibus apparent, gualiterrumque… contingil per specialem Dei dispensationem. Saint Thomas, I ». q. i.xxxix. a. 8,

DICT. DE TIIÉOL. CATHOL

ad 2°". lai ce cas. il faudrait admettre que Dieu, par

un miracle (es ! inter dlvlnn miracula computandum,

ajoute saint Thomas), leur donnerait le pouvoir de

s’unir momentanément a un corps pour se rendre sen siMes aux vivants.

Mais il v a bien d.iut res explications possibles de ces

apparitions. Totil d’abord il faut noter celle a laquelle saint Thomas semble s’arrêter avec complaisance :

Ces apparitions se produisent par l’intermédiaire

d’anges lions ou niauv alS, même à l’inSU des ànies elles

mêmes. L’ange bon ou mauvais peut exciter directe

ment le sens ou l’imagination et provoquer des visions

analogues aux hallucinations ou aux rêves. cf. saint

I ho in as. 1 >, q. (Xi. a. 3. L’apparition, pour miraculeuse qu’elle demeure, n’est qu’une image subjective de la personne dont la réalité existe ailleurs. Sur ces différentes explications et le caractère miraculeux desappa rit ions de morts voir Lépicier. Le inonde invisible, p. 238-247.

2. Le /dit de ces apparitions. Certaines vies de saints sont remplies de récils merveilleux concernant les apparitions d’Ames du purgatoire. Nous y avons fait allusion au cours de cette étude, principalement à

propos de Hède le Vénérable et de saint Grégoire le

Grand. Le théologien n’a rien à dire sur le fait des apparitions ; c’est à l’historien de passer les récils au crible de la critique et de juger ce qui peut en être raisonnablement retenu. Une seule directive peut être donnée ici par la théologie : l’apparition d’une âme du purgatoire étanl un véritable miracle, elle ne saurait si produire que rarement (inlerdum). In bon nombre de récits devraient donc être tenus pour suspects. Voir l’appréciation de Cajétan, ci-dessus, col. 1272.

3. L’interprétation des visions et des révélations qui les accompagnent. - Nous avons également entendu Cajétan rappeler que l’enseignement de l'Église ne s’appuie pas sur des révélations privées, quelle que soit leur authenticité. C’est le cas de se souvenir de la recommandation de saint Paul, Gal., i, 8. Voir ici Foi, t. vi, col. 145 sq. Bref, visions et révélations privées ne sauraient ni compléter ni même expliquer le dépôt de la foi. La raison en est qu’il ne peut y avoir de certitude absolue ni de leur origine divine, ni de la vérité de leur contenu. Seule l'Église est chargée par le Christ d’interpréter et de proposer authentiquement la révélation et il s’agit uniquement de la révélation publique. Aussi l’approbation ou la recommandation accordée par le Saint-Siège à quelques révélations privées ne signifie pas que leur origine di ine est garantie, ou que leur contenu est vrai, mais que ces révélations, si elles sont interprétées raisonnablement, ne contiennent rien contre la foi et peuvent même contribuer à l'édification des fidèles. Il serait donc inadmissible que des visions ou des révélations privées soient présentées sur le même plan que l'Évangile, soit pour le compléter, soit pour l’expliquer.

L'Église catholique les tient : 1° pour possibles, puisqu’elle ne les écarte pas : i priori quand il y : i lira d’en soumettre à son jugement ; 2° pour réelles eu certains cas. puisqu’elle a autorise, approuvé même plusieurs, soit par des sentences permisse es ou laudatives, soit par la canonisation desaints personnages auxquels elles avaient été faites, soit par l’approbation ou l'établissement île fêtes liturgiques basées sur elles ; 3 poui relativement rares, puisqu’elles les examine toujours, sinon avec une méfiance positive, du moins avec une extrême circonspection ; 4° pour nécessairement subordonnées -. la révélation publique, et même pour justiciables de la théologie, qui est toujours appelée à les |ugerà la lumière de la foi catholique ; ">" pour étrangères au dépôt de la révélation générale ci universellement obligatoire,

puisqu’elle ne considère iainds comme herel iipics ceux qui refusent de les admettre, encore qu’ils puissent quelquefois être, en cela, imprudents et téméraires, ludiot, art. Révélation, dans Oict. apol., t. iv, col. 1008.

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