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PURGATOIRE. LES M G ATIONS PROTESTANT ! L270

dure que la doctrine catholique concernant la remis

sion des péchés par un sacrifice extérieur est une

doctrine renouvelée « lu Judaïsme ou même du paganisme. Ibid.. d. 07-98. a noter que, il.mson commentaire >ur la I i' » r.. m. 13-15, Mélanchthon entend le

feu îles tentations de la vie présente. Opéra, tlans

Corp. re/orm., t.. p. 1068.

3° Calvin. Calvin n’a jamais eu les ménagements » de Luther ou de Mélanchthon. Après avoir tonne contre les Indulgences, il fond vigoureusement sur le

purgatoire : Maintenant, pareillement qu’ils ne nous rompent plus la tête de leur purgatoire, lequel est par cette OOignee COUpé, abattu et renverse lusques a

la racine. Car h n’approuve point l’opinion d’aucuns

(sans doute fait-il allusion a la Confession d’Augsbourg) qui pensent qu’on doive dissimuler ce poinct et se garder de faire mention du purgatoire, dont grandes

noises, comme ils disent, s’esineuvent et peu d’editieation en vient. Certes, ie senne bien aussi d’advis qu’on laissast tels fatras derrière, s’ils ne tiroyent

grande conséquence après eux : mais veu que le purgatoire est construit de plusieurs blasphèmes et est de iour en iour appuyé encore de plus grans, et suscite de gr.uis scandales, il n’est pas mestier « le dissimuler. Cela possible se pouvolt dissimuler pour un temps, qu’il a esté inventé sans la parolle de Dieu, voire avec folle et audacieuse témérité invente : qu’il a esté reçeu par révélations ie ne saj quelles, forgées « le l’astuce de Satan : que pour la continuer on a meschamment corrompu aucuns lieux de l’Escriturc… i Et. relevant que le purgatoire n’est pas autre chose, sinon une peine que soulïrent les âmes des trépassez en satisfaction de leurs péchez ». il conclut qu’une telle conception est un blasphème contre la satisfaction offerte par le Christ. Institution chrétienne, I. III. c. v, n. 6, Œuvres, t. iv (Corp. re/orm.. xxxii), col. 168.

Quant aux témoignages des Écritures, Calvin les repousse, lis papistes invoquent Matth., xii, 32 ; Marc. iii. 28 ; Luc.xii, 10 : « Je demande s’il n’est pas évident que le Seigneur parle là de la coulpe du péché. > Donc le purgatoire est inutile pour expliquer Mais Calvin veut « bailler une solution plus claire ». Voulant montrer comme un péché ne peut être remis ni en ce monde ni en l’autre, il explique que Jésus-Christ a en vue deux jugements : « Pour ce que le Seigneur voulait oster toute espérance de recevoir pardon d’un crime tant exécrable, il n’a pas esté content de dire qu’il ne serait jamais remis ; mais pour amplifier il a usé de cette division, mettant d’une part le Jugement que la conscience d’un chacun sent en la vie présente et d’autre part le ingénient dernier qui sera publié au jour de la résurrection. Donc aucun pardon, ni maintenant ni au dernier jour, tel est le sens exact des textes. Ibid.. col. 168-169. Ces enfers dont il est question dans l’hil.. n. in. ce n’est pas le purgatoire : ce texte exprime simplement la seigneurie souveraine du Christ en tous lieux. Ibid., col. 169-170. Reste II Mac.xii, 39-46. Calvin explique le but de Judas Machabée faisant prier pour les morts. Ce but concerne les vivants, afin de leur donner estime pour ceux qui étaient tombés, pour que ceux au nom desquels il offrait fussent accompagnez aux fidèles qui estaient morts pour maintenir la vraye religion. Ibid., cil. 171. Mais. ; i coup sur. le zèle de Ju « las Machabée 'tait inconsidéré ». Ibid.

Enfin, il attaque la i forteresse invincible I Cor., m, 12-15. Mais le feu dont il est question ici n’est que « croix et tribulation, par laquelle le Seigneur examine les siens pour les purifier de toutes leurs ordures ». Ibid. Et. de fait, cela est beaucoup plus vrai que d’imaginer un purgatoire. Ce t feu » est donc une métaphore, tout comme l’or, l’argent, les pierres

précieuses, l.e -jour du Seigneur n’est pas autre

chose « pie sa présence qui se révèle a chaque tribulation. l.e i foiulement » sur lequel se bâtit l'édifice, ce sont les principaux et nécessaires articles de la foi. ('.eux qui édifient avec du bois, de la paille, « In foin, ce sont « eux qui s’abusent en d’autres choses : leur ouvrage périra. « l’arquov. conclut Calvin, tous ceux qui ont contaminé la sacrée pureté « les EscritUTeS par Geste Dente « 't ordure du purgatoire, il faut qu’ils laissent périr l’ouvrage. » Ibid., col. 173.

l.e plus difficile est « le réfuter l’argument tiré de la

tradition, c’est-à-dire de la pratique « le prier pour les

morts. Sans doute, avoue Calvin, cette coutume est « lesià introduite devant tre/e cens ans…. mais ie leur

demanderai selon « nielle parolle « le Dieu, et par quelle révélation, et suvvant quel exemple cela a esté faict ». Ibid., col. 171. Or il n’y a rien dans l'Écriture qui autorise la prière pour les défunts ; cette pratique est donc une illusion introduite par Satan, ou un emprunt aux coutumes simplement humaines ou païennes, i L’Escriture donne une bien meilleure consolation, en prononçant que ceux qui sont morts en Nostre Seigneur sont bien heureux, ajoutant la raison qu’ils se reposent de leur peine (Apoc, xiv, 13). » Sans doute, i saint Augustin au livre de ses Confessions recite que Monique sa mère pria fort à son trépas qu’on fist mémoire d’elle à la communion de l’autel : mais ie dy que c’est un souhait de vieille, lequel son fils estant esmeii d’humanité n’a pas bien compassé à la règle de l’Escriture, en le voulant faire trouver bon ». Ibid., col. 175. Les anciens Pères ont fait quelque mention des morts en leurs prières sobrement et peu souvent, et comme par forme d’acquit. Les « papistes » sont toujours après, préférant cette superstition à toutes œuvres de charité. Ibid., col. 176. L’interprétation de I Cor., iii, 12-15 du feu métaphorique de la tribulation se retrouve dans le commentaire de Calvin sur cette épître. T. xlix (Corp. rrform., i.xxvii), col. 537.

i Zwingle. — Zwingle est d’accord avec Calvin pour interpréter du feu métaphorique de la tribulation I Cor., iii, 12-15. Voir son commentaire, Opéra vol. vi, t. ii, Zurich, 1833, p. 1 13. Mais sa doctrine concernant le purgatoire est résumée dans les thèses de 1523 : th. lvii : « La vraie Écriture sainte ne connaît aucun purgatoire après cette vie » ; th. lx : < Que l’homme implore avec insistance Dieu en faveur des défunts pour leur attirer sa miséricorde, je n’y vois aucun inconvénient. Mais pour cela fixer un temps et en vouloir tirer un profit, voilà qui est non pas humain, mais diabolique. » E.-F. Karl Miiller, Die Dekenntnisschrijten der reformierten Kirche, Leipzig, 1903, p. 6.

Les thèses de Berne, 1528 (de Kolb et Haller), s’inspirent des idées même de Zwingle. La th. vu affirme qu’il n’y a pas de purgatoire dans l'Écriture, que tous les jours consacrés au culte deî défunts, vigiles, messes de funérailles, services, messes des septième et trentième jours, anniversaires, sont inutiles (vergeblich). Ibid., p. 30.

Dans la Fidei ratio de 1530, voici comment s’exprime Zwingle : Credo purgatorii ignis ftgmentum tam contumeliosam rem esse in gratuitam redemptionem per Christum donatam, guam lucrosa fuit auctoribus suis. Nom si suppliciis et cruciatibus scelerum nostrorum commerita eluere est nrcesse, jam frustra erit Christus mortuus, jam evacuatur (initia. A. 12, ibid., p. 92.

5° Les confessions de l'Église réformée. — 1. Confrssio helvetica prior (1532), a. 26 : Quod autem quidam tradunt de igné purgatorio, fidei christiana : « Credo nmissionem peccalorum et vilam œternam » purgatio nique plense per Christum, et Christi Domini hisce sententiis (on cite Joa., v, 21 : xin. 10) adoersatur. Ibid., . p. 217.