Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/641

Cette page n’a pas encore été corrigée
1267
26
PURGATOIRE. LES NÉGATIONS PROTESTANTES — L268
août l. r >30 ; éd. De Wette, t. iv, p. 156. Et immédiatement il envoie ; uix ecclésiastiques de l’assemblée

d’Augsbourg un Avertissement où se trouve violemment condamné le principe même de la satisfaction pour les pécheurs : « Dire : Il faut que tu satisfasses pour tes péchés, c’est dire : Il faut que lu renies le Christ, que tu rétractes ton baptême, que tu blasphèmes l'Évangile, que tu accuses Dieu de mensonge, que tu ne croies pas à la rémission des péchés, que tu foules aux pieds le sang et la mort du Christ, que tu violes le Saint-Esprit, que tu montes au ciel par tes propres moyens… Qu’est-ce que cette foi, sinon la foi des Turcs, des païens et des Juifs ? Eux aussi voulaient satisfaire par leurs œuvres. Toutes les abominations sont sorties de là : messes, purgatoire, offices des morts, confréries, indulgences, etc. » Vermahnung an die Geistlichen versammelt auf dem Reichstage zu Augsburg, W., t. xxx, 2 « part., p. 289-290. C’est alors que paraît le premier écrit dirigé directement contre le purgatoire : Widerruf vom Fegfeuer, W., t. xxx, 2e part., p. 367 sq. C’est une longue diatribe contre la thèse catholique de l’existence du purgatoire, contre les preuves scripturaires qu’on a coutume d’apporter et contre les marchandages que cette doctrine introduit dans la religion. Le Dieu Mammon fait de la Bible tout ce qu’il veut !

6. Les articles de Smalkalde établissent définitivement la doctrine toute négative de Luther. Négation de l’utilité des satisfactions pour soi-même ou pour autrui. Part. III, a. 3, De psenitentia, dans J.-T. Millier, Die symbolische Bûcher, Gûtersloh, 1912, p. 315, n. 20. C’est en partant du principe de la satisfaction qu’on a « relégué » pour le purgatoire ce qui pouvait être encore à désirer dans la satisfaction faite ici-bas. Ibid., n. 21. C’est donc un comble d’abomination de prétendre que la messe, même offerte par un vaurien sans foi ni loi, puisse délivrer l’homme de ses péchés dans cette vie ou au purgatoire. Donc encore superstitions que les messes de vigiles, d’obsèques, de septième, de trentième jour, d’anniversaire, ainsi que le jour des défunts : le purgatoire et toutes les solennités qui s’y rapportent ne sont qu’un masque du diable (mera diaboli larva). Tout cela constitue « une contradiction avec le premier article qui enseigne que la libération des âmes est dans le Christ seul et non dans les œuvres des hommes. De plus, au sujet des morts, rien ne nous a été commandé par Dieu. Donc toutes ces pratiques, même s’il ne s’y mêlait rien d’erroné ou d’idolâtrique, pourraient être omises. Part. II, a. 2, De missa, op. cit., p. 303, n. 12. Sans doute on objecte l’autorité d’Augustin au sujet de sa mère Monique. Mais Augustin n’a rien enseigné ; il rapporte simplement une recommandation de sa mère : simple dévotion particulière. Ibid., n. 14. Tout ce qu’on fait pour les défunts n’est qu’une invention humaine, comme le culte des reliques. Il faut s’en tenir à la règle de foi contre laquelle même un ange ne saurait prévaloir. Quant aux prétendues apparitions, ce sont d'éhontés mensonges et des contes. Ibid., n. 16, 17. Désormais, Luther ne parlera plus du purgatoire que pour le tourner en dérision. Il se moquera du pape, qui à prix d’argent vend les messes, les vigiles, les indulgences en faveur d'âmes du purgatoire qu’il ne connaît pas. Part. III, a. 3, De psenitentia, p. 316, n. 26-27. De ces moqueries les Tischreden (Propos de table) sont remplis. Cf. W. (éd. des Tischreden), t. ii, n. 1873 ; t. iii, n. 3695 ; t. iv, n. 4449, 4819 ; t. v, n. 5316, 5989, 6022, 6033, 6200, 6427 ; t. vi, n. 6845.

Mélanchlhon.

Les peines dues au péché

échappent, dit Mélanchthon, au pouvoir des clefs. Loci communes (2 a setas), De satisfactione, dans Corp. reform., t., xxi, col. 49. En conséquence, pas d’indul gences ou de suffrages possibles. Ailleurs, dans le chapitre sur le sacrifice de la messe, il esquisse la théorie sur laquelle roulera toute la doctrine de la Défense de la Confession d’Augsbourg : le sacrifice ne peut être appliqué à autrui, mais on peut prier pour autrui. Ibid., col. 485.

Ainsi donc, Mélanchthon ne niera pas expressément le purgatoire ; dans la Confession d’Augsbourg, il passe sous silence cette question. Dans la Défense, il l’aborde à plusieurs reprises, dans le sens indiqué par les Loci. Le principe de la justification par la foi seule commande toutes les déductions. C’est faire injure à la réparation offerte par le Christ que supposer encore nécessaire une satisfaction de notre part. Apologia, a. 6, De confessione et satisfactione, dans J.-T. Millier, Symbolische Bûcher, p. 200, n. 77. Les catholiques ont transporté dans l’autre vie cette idée d’une satisfaction humaine. Le facile âignos fructus psenitenlise équivaut pour eux à : « Souffrez les peines du purgatoire dans l’autre vie. » Ibid., p. 192, n. 39, 40 ; cf. p. 189, n. 25. Pour légitimer cette conclusion, il faudrait montrer que les peines éternelles ne sont remises qu'à la condition d’une compensation de peines temporaires au purgatoire, ce que n’enseigne pas l'Écriture. Ibid., p. 200, n. 77. Et voici qu’ils veulent racheter les satisfactions dues par les défunts avec les indulgences et le sacrifice de la messe ! Apologia, a. 12 (5), De psenitentia, p. 169, n. 15. Or, d’une part, c’est mal comprendre les indulgences que de leur attribuer de l’efficacité pour délivrer les âmes du purgatoire. Ibid., a. 6, De confessione et satisfactione, p. 262, n. 78 ; cf. p. 170, n. 26. D’autre part, les papes ont transféré l’application des messes aux âmes du purgatoire, a. 24 (12), De missa, p. 262, n. 64, délivrant ainsi ces âmes des peines du purgatoire par la simple application d’une messe, qui aux vivants même ne saurait profiter sans la foi !

La doctrine positive de Mélanchthon est exposée, dans la même Apologia, dans l’a. 24 (12) sur la messe. La messe ne confère pas la grâce ex opère operato ; si elle est appliquée aux vivants et aux défunts, elle ne mérite ex opère operato aucune rémission des péchés, coulpe ou peine. Ce qu’elle fait, c’est vaincre par la foi les terreurs du péché et de la mort. P. 250, n. 11.

S’il en est ainsi, il est inutile de célébrer la messe pour les défunts et d’admettre un purgatoire. Ibid., p. 268, n. 90. Sans doute, il faut croire que la cène du Seigneur a été instituée pour la rémission des péchés, et c’est de véritables péchés qu’il s’agit. Et pourtant la messe n’offre pas une satisfaction pour le péché, car elle deviendrait ainsi l'égale de la mort du Christ : la rémission de toute faute ne peut s’obtenir que par la foi ; la messe n’est donc pas une satisfaction, mais une promesse, un signe sacré (sacramentum) qui requiert la foi. En appliquant les messes aux défunts, on va donc contre l'Écriture. N. 92. Le canon de la messe grecque « applique » la messe aussi bien aux saints du ciel qu’aux défunts ; donc il ne s’agit pas de satisfaction à offrir à Dieu ; c’est une simple mémoire, une action de grâces. Id., p. 269, n. 93. Quand les catholiques allèguent les témoignages des anciens Pères sur Voffrande du sacrifice (oblatio), il ne s’agit en réalité que de prières pour les défunts, et nousmêmes ne les interdisons pas (scimus veteres loqui de oratione pro mortuis, quam nos non prohibemus) ; mais nous rejetons absolument (improbamus) une application de la cène du Seigneur pour les morts, ex opère operato. J.-T. Mùller, op. cit., p. 269, n. 94. Si vérius a été condamné, c’est qu’il refusait de prier pour les morts, et ce n’est pas pour avoir nié que la messe constituât un sacrifice pour les vivants et pour les morts. Ibid.. p. 269, n. 96. Et Mélanchthon de con-