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PURGATOIRE. LES SUFFRAGES POUR LES MORTS (OCCIDEN1

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Le I Ie ( ?) concile de Braga, en 563, interdit de faire mémoire au sacrifice de la messe de tous ceux qui, de quelque façon que ce soit, se sont donné à eux-mêmes la mort ; leurs corps ne seront pas ensevelis au chant des psaumes. Can. 1 (>, I lefele-Leclercq, op. cit., t. iii, p. 1 80.

Le concile d’Auxerre (578), interdit d’accepter les offrandes pour les suicidés. Can. 17, Hefele-Leclercq, op. cit., t. iii, p. 219.

3. Enfin l’on troupe, dans nombre de conciles anciens, certaines réglementations concernant la célébration des messes pour les dé/unts. — Voici d’abord un canon d’un concile de Carthage, vers la fin du ive siècle : interdiction de célébrer la messe sans être à jeun, sauf à l’anniversaire de la Cène. Si l’on doit faire mémoire de personnes mortes l’après-midi, on se contentera de réciter de simples oraisons, s’il ne se trouve personne à jeun pour célébrer. Mansi, ConciL, t. iii, col. 885 A.

Le IIe concile de Braga (563) nous fait connaître une coutume priscillianiste qu’il réprouve : « Quiconque, le jeudi saint, n’assiste pas à la messe, à jeun, dans l’église à une heure déterminée après none, mais, suivant l’usage de la secte des priscillianistes, célèbre, à partir de tierce, la solennité de ce jour, en interrompant le jeûne après avoir assisté à une messe des morts, qu’il soit anathôme. » Hefele-Leclercq, op. cit., t. iii, p. 178. Quelques années après (572), le IIIe (IIe) concile du même nom réprouve un autre usage priscillianiste, qui est de consacrer aux messes des morts après avoir bu du vin. Can. 10, Hefele-Leclercq, op. cit., t. iii, p. 195.

Le IIe concile de Vaison (529) fait mention des messes pour les défunts à propos du Kyrie eleison et du Sanctus. « Aux messes du matin ainsi qu’à celles du carême et aux messes des morts, on doit dire trois fois Sanctus, ainsi que cela se pratique pour les messes solennelles. » Hefele-Leclercq, op. cit., t. ii, p. 1114.

Le synode romain de 502 considère comme une impiété et un sacrilège de détourner de leur destination les biens laissés pour les pauvres aux églises, en vue d’obtenir de Dieu le salut et le repos éternel pour l’âme du donateur. Hardouin, t ii, p. 978.

Voici une curieuse interdiction portée par le XVIIe concile de Tolèdî (694) : « Quelques prêtres disent des messes des morts pour des vivants afin que ceux-ci meurent bientôt. Le clerc qui dira une pareille messe et celui qui la lui aura demandée seront l’un et l’autre déposés, bannis et à tout jamais excommuniés, a Can. 5 ; Hefele-Leclercq, op. cit.. t. iii, p. 586.

On pourrait également citer les conciles d’une époque plus tardive, de Chalon-sur-Saône (813), can. 39, Hefele-Leclercq, op. cit., t. iii, p. 1145, et de Worms (868), can. 80, Hefele-Leclercq, op. cit., t. iv, p. 465.

Un certain nombre de textes patristiques et conciliaires sont entrés dans le Décret, I a part., dist. XXV, c. 4 Qualis (S. Grégoire), c. 5 Qui in aliud (Ps. -Augustin), Friedberg, col. 94 ; II a part., caus. XIII, q. ii, c. 2124, col. 728-729 ; caus. XXVI, q. vi, c. Il (Conc. d’Épaone), col. 1039 ; III » part., dist. V, c. 35 Nullus, col. 1422.

La liturgie.

Les textes rapportés plus haut de

Tertullien et de saint Cyprien indiquent assez nettement que déjà au iiie siècle la liturgie comportait le Mémento des morts. Voir col. 1231. Au fur et à mesure de notre enquête, nous avons relevé des allusions au Mémento des morts à la messe. Saint Augustin en témoigne au ve siècle. Les anciennes liturgies en fournissent d’ailleurs maintes preuves par les prières intitulées Post nomina, super diptycha. Voir Muratori, Liturgia romana velus, Venise, 1748, t. i, p. 761 ; t. ii, p. 223 ; Mabillon, Liturgia gallicana vêtus, 2° éd., Paris, 1729, p. 278, 289. Le canon de la messe romaine est décisif : Mémento, Domine, famulorum famularumque luarum qui nos prsecesserunt cum signo fidei et dormiunt in somno pacis. Ipsis, Domine, et omnibus in

Christo quiescentibus, locum re/rigerii, lucis et pacis, ut indulgeas, deprecamur.

Le Mémento des morts est très certainement » une portion authentique du canon romain dans les deux recensions A et B ». Bisiiop, On the early texts o/ the Roman Canon, dans The Journal oj theol. studies, t.iv, p. 577. Il ne figure pas cependant dans le sacramentaire gélasien, ni dans le ms. 164 de Cambrai, ni dans le ms. Val. Regin. 837. Mais on le trouve dans le ms. Val. Ottob.’il’i, aussi bien que dans le missel de Bobbio, Paris, Bibl. nat., lot. 13 246, dans le Missale de Stowe, Bibl. de l’Académie royale d’Irlande, et dans le Missale Francorum, ms. Val. Regin., 257. S’il manque dans ces quelques exemplaires, c’est, dit Mgr Duchesne, parce que « cette formule servait de cadre aux diptyques des morts, que l’on récitait sur un texte spécial, un rouleau, un tableau ou autre chose de ce genre. » Origines du culte chrétien, Paris, 1908, p. 185, note. Ordinairement, en efïet, après la lecture des diptyques qui renfermaient les noms des évêques et de » fidèles morts dans la paix du Christ, le célébrant récitait l’oraison dite Oratio post nomina, par laquelle prêtre et assistants, demandaient à Dieu pour ces âmes le repos éternel. Duchesne, op. cit., p. 124. Sur le Mémento des morts dans le canon romain, voir dom Cabrol, art. Canon, dans Dict. d’archéol., t. ii, col. 1868.

Dans le rite ambrosien nous retrouvons le texte romain à un mot près : Mémento etiam, Domine, etc., lucis ac pacis ut indulgeas, deprecamur, Cf. Paul Lejay, Ambrosien (Rite), dans Dict. d’archéol., t. i, col. 1411.

La liturgie mozarabe offre de nombreux exemples du souvenir des morts. Dom Férotin a publié un certain nombre de textes dans le Liber sacramentorum mozarabicus, 1912. Voir dom Cabrol, Diptyques, dans Dict. d’archéol., t. iv, col. 1069-1071. Sur la lecture des noms des morts à la messe, voir ici Mozarabe (Messe), t. x, col. 2529.

Dans la messe gallicane, les noms des morts étaient lus même en temps que ceux des vivants, à l’offertoire, avant la préface. Voir dom Cabrol, art. Diptyques, loc. cit., col. 1074, et ici Messe dans la liturgie, t. x, col. 1375. On trouvera, empruntés aux différents textes d’anciennes messes gallicanes, de nombreuses formules où revient le souvenir des morts. Voir l’art. Diptyques, loc. cit., col. 1071-1073. Pour le Mémento dans la messe celtique, voir ici t. x, col. 1382.

Sur les sacramentaires qui n’ont pas le Mémento des morts après la consécration, voir Diptyques, loc. cit., col. 1077 sq.

Dans le sacramentaire grégorien on trouve une série de messes pro defunclis : pro episcopo dejunclo ; pro sacerdote de/uncto ; unius defuncti ; in die depositionis, sive tertio, septimo trigesimoque ; in anniversario ; plurimorum defunctorum. P. L., t. lxxviii, col. 214-218. Ces dernières indications nous remémorent que, dès les premiers siècles, l’usage s’est introduit de célébrer la mémoire des défunts à des jours déterminés. D’après les Constitutions apostoliques, t. VIII, c. xlii, c’est le troisième, le neuvième, le quarantième jour et le jour anniversaire. Ces dates sont conservées dans l’Église grecque. Voir ci-dessus, col. 1207. Le quarantième jour est attesté également par saint Ambroise. Voir col. 1 232. En fixant le neuvième jour, les Constitutions semblent se référer aux usages civils du novemdiale. Le septième jour, dit saint Augustin, auctoritatem habet in scripturis. .. septenarius numerus propter sabbati sacramentum prœcipue quielis indicium est. Quæst. in Heptateuchum, t. I, q. ci.xxii, P. L., t. xxxiv, col. 596.

L’épigraphie.

L’épigraphie, en Occident comme

en Orient, atteste la prière et l’offrande du saint sacrifice pour les morts. Mais cette question historique a déjà été abondamment traitée ici, à Communion des saints (Monuments de l’antiquité chrétienne), t. iii,