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PURGATOIRE. 1/ ÉPOQUE C A ROLINGIENNE


bunt, sic omnes, qui per grimes purgalorias pa : nas suivi esse creduntur, non une eudemque spatio lemporis cruciatus spirittuini suslinebunl, ut quod in reprobis discrelione pœnarum, hoc in istis, qui per ignem saluandi sunt , rnensura temporis agiletur. Prognoslica…, t. II, c. xix-xxiii, P. L., t. xevi, col. 483-486.

6. Bide le Vénérable.

Dans les œuvres de ce docteur, deux genres de textes sont à relever. Les uns,

empruntés aux œuvres exégétiques, font écho à l’enseignement doctrinal des Pères précédents. D’autres, tirés de l’Histoire ecclésiastique, s’attachent au récit de certains faits merveilleux, lesquels n’ont vraisemblablement pas de fondement bien sérieux. Ces récits, du moins, témoignent de l'état d’esprit des chroniqueurs concernant la notion du purgatoire. On peut d’ailleurs en dire autant des anecdotes dont saint Grégoire a émaillé ses Dialogues.

Au point de vue doctrinal, Bède est un disciple de Grégoire. Dans le Commentaire sur les psaumes (œuvre d’authenticité douteuse), au ps. xxxvii, 1, on distingue ceux qui seront repris par Dieu dans sa fureur, c’est-à-dire ceux qui n’auront pas construit l'édifice de leur vie sur le Christ, et ceux qui seront repris par Dieu dans sa colère, c’est-à-dire ceux qui auront bâti leur édifice sur le fondement du Christ, mais auront mêlé à l’or, le bois, la paille, le foin, c’est-à-dire auront commis des péchés véniels, plus ou moins considérables, Ceux-ci seront donc repris par Dieu dans sa colère, c’est-à-dire seront, avant le jugement dernier, placés dans le feu du purgatoire, afin que soit purifié tout ce qui en eux est impur. P. L., t. xcnr, col. 680. Comm » les auteurs précédents, Bède pense que les peines du purgatoire sont plus graves que tout ce qu’on peut imaginer. Ibid., col. 681 B. Voir également Hist. eccl., t. III, c. xix, P. L., t. xcv, col. 147.

Sur la durée du purgatoire, Bède sait qu’après le jugement dernier il n’y aura plus de purgatoire. Mais il estime que, si leur peine n’est pas abrégée par les prières, les aumônes et les suffrages des vivants, certaines âmes resteront en purgatoire jusqu'à ce jugement ; de ce nombre sont en particulier les âmes qui n’ont fait pénitence qu’au moment de la mort. Hom., i, n. 4, P. L., t. xciv, col. 30 ; cf. Hist. eccl., t. V, c. xii, P. L., t. xcv, col. 250.

Dans ce chapitre de son Histoire ecclésiastique, Bède rapporte la vision d’un chrétien mort, puis ressuscité, à qui le purgatoire et l’enfer ont été montrés. Le purgatoire renferme deux lieux différents. Dans l’un, à côté de tourbillons de flammes dévorantes, soufflent en ouragans la neige et les frimas : les âmes vont des flammes à la glace, sans trouver jamais de repos. Ces âmes sont « les âmes de ceux qui, différant la confession de leurs fautes et remettant sans cesse leur amendement, se réfugient cependant dans la pénitence au moment même de la mort et quittent leurs corps en cet état. Ceux-là cependant, parce qu’ils se sont confessés ou tout au moins repentis à l’heure de la mort, parviendront tous au royaume des cieux au jour du jugement. » L’autre lieu est un lieu agréable et fleuri. « Là sont rassemblées les âmes de ceux qui meurent ayant accompli de bonnes œuvres, mais qui cependant ne sont pas assez parfaits pour entrer immédiatement dans le royaume des cieux. Tous cependant, au jour du jugement, entreront dans la joie du royaume céleste et seront admis à la vision du Christ. Et tous ceux qui sont parfaits en toute parole, œuvre ou pensée, parviennent, aussitôt leur âme séparée du corps, au royaume céleste. » P. L., t. xcv, col. 250.

On trouve là déjà comme un avant-goût des spéculations théologiques postérieures sur l’inégalité des peines du purgatoire, intensité et durée.

7. Du viiie au xue siècle. — Nous avons déjà indiqué les auteurs qui durant ce laps de temps, ont continué,

sur les peines du purgatoire, l’enseignement traditionnel de l'Église latine. Voir Feu du purgatoire, t. v, col. 2259. Il n’en est peut-être aucun qui ne s’appuie sur I Cor., iii, 15, pour y trouver, soit directement, soit indirectement, mais le plus souvent directement, l’enseignement d’un feu purificateur dans l’autre vie. Pour un certain nombre même, c’est là tout leur enseignement : citons Rémi d’Auxerre, Ratifier de Vérone, Burchard de Worms, Rupert de Deutz, Hildebert du Mans. Saint Bruno invoque également II Pet., III, 10-12, et Bruno de Segni, Matth., xii, 31-32. Hildebert du Mans est vraisemblablement le premier qui ait employé l’expression : « le purgatoire ». Serm., lxxxv, P. L.. t. ci.xxi, col. 741. Plusieurs ajoutent à cette idée centrale l 'affirmation du soulagement des âmes souffrantes par les suffrages : ainsi saint Boniface de Mayence, Gérard de Cambrai.

Si les autres auteurs sont un peu plus explicites, ils manquent en général d’originalité.

Alcuin reconnaît que I Cor., iii, 15, se rapporte au feu du jugement ; mais il pense qu’on peut y voirie feu du purgatoire. C’est ce feu qui séparera les justes des impies, les justes encore entachés de menus péchés. De plus les mérites divers des justes (auxquels répondent les multee mansiones de l'Évangile) appellent divers degrés de purification. De fide SS. Trinitatis, t. III, c. xxi, P. L., t. ci, col. 53.

Raban Maur, après avoir invoqué en faveur du purgatoire le texte de Matth., iii, 11, donne de I Cor., iii, 13-15, une interprétation plus complète. Bien qu’on puisse entendre ce feu du feu de la tribulation, on peut l’appliquer au feu du purgatoire qui fera la séparation des justes, comme l’insinue Luc, iii, 17. In Matth., t. I, c. iii, P. L., t. cvii, col. 773. Toutefois, dans son commentaire sur I Cor., iii, 15, l’auteur observe que le feu doit éprouver même les justes complètement innocents. Il y aura donc comme un double feu, le feu spirituel qui touchera les parfaits dès cette vie, le feu de l'épreuve judiciaire dans l’autre : quos ignis spirilalis in prœsenli temporum examinât, in futuro judicio per ignem probabit. In I Cor., P. L., t. cxii, col. 36. Maisil ne faut pas s’abuser et croire que tout péché sera purifié : il ne saurait être question ici que des péchés moindres. Ibid., col. 38 A. Et, plus complet qu’Isidore de Séville (auquel il semble avoir emprunté plus d’un trait), l’archevêque de Mayence énumère un certain nombre de péchés pour lesquels aucune purification n’est à envisager en dehors de la pénitence de cette vie. Enfin le purgatoire sera de longue durée, longo tempore cruciandi. Col. 39 D. Tandis que les pécheurs non per purgatorium ignem transire merebuntur ad vitam, sed œterno incendio præcipitabuntur ad mortem. là., ibid.

Haymond d' Halberstadt est sur le purgatoire un des auteurs les plus complets du haut Moyen Age. Dans le De varietate librorum, il établit, par I Cor., iii, 15, l’existence du purgatoire, réservant aux péchés légers les expressions bois, foin, paille, qu’il oppose au fer, plomb, airain des péchés graves. C. i, P. L., t. cxviii, col. 933. L’or, l’argent, les pierres précieuses représentent les pensées que les justes ont pour Dieu (cogitare quæ sunt Dei) ; tandis que le bois, le foin, la paille, représentent les pensées qui s’attachent aux choses du monde. Le feu séparera les unes des autres. Mais, plus les justes auront donné d’affection aux biens périssables, plus tard aussi seront-ils sauvés ; quantomagis minusve bona pereuntia dilexerunl, tanto tardius citiusque salvari… Mais les criminels ne doivent pas attendre le salut dans l’autre vie, à moins de s'être repentis ici-bas de leurs crimes et d’en avoir obtenu rémission. Col. 934. Plus loin (c. v), traitant de la différence des peines, il insistera sur une idée analogue : tanto illis minus vel majus ignis purgatorii extendetur supplicium, quanto hic minus vel amplius bona transitoria dilexerunt. Col. 935.