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    1. PURGATOIRE##


PURGATOIRE. APRÈS SAINT AUGUSTIN

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part, qu’il est très hésitant sur la nature même de ces peines : sa pensée oscille entre le feu métaphorique et le

feu réel. Ce sera, Minime toute, la position qu’adoptera l'Église ellemenuen proposant aux fidèles la roj ance au purgatoire.

5. Questions secondaires. Saint Augustin a exprimé sa pensée sur l’intensité des peines purificatrices de l’autre vie. Il ne faut pas se faire illusion : elles dépasseront toutes les douleurs de la terre. Parce que l’Apôtre a dit : salvus erit…, on méprise ce feu. -Mais prenez garde : ita plane quamvis salvi per ignem, gravior tumen erit ille ignis, quam quidquid potest homo pâli in bac l’ila. Et Augustin ajoute : Et nostis quanta hic passi suntmaliet possunt pâli. In ps. xxxvii, n. 3, t. xxxvi, col. 397.

La durée du purgatoire ne peut être conçue au delà du jugement dernier. La sentence finale ne connaît plus que les élus et les réprouvés. De civ. Dei, t. XXI, c. xiii, t. xli, col. 728 ; cf. c. xvi, col. 730. Et nous avons déjà vu que, si certaines âmes ont encore besoin de purification à ce moment, elles seront purifiées complètement par le feu du jugement. Augustin fait appel à ce sujet à l’autorité de Malachie, iii, l-(i, et d’Isaïe, iv, 4 : videtur evidentius apparere in illo judicio quasdam quorundam purgatorias pœnas futuras. De civ. Dei, 1. XX. c. xxv, col. 700.

Enfin, Vétat des âmes du purgatoire est suffisamment indiqué par Augustin au cours de toutes ses explications du quasi per ignem. Ce sont des âmes qui ont encore à expier, mais qui néanmoins ont gardé ou recouvré la grâce de Dieu. Dans V Enchiridion, c. ex, P. L., t. xl, col. 283, il redit que ceux-là seuls sont soulagés par les prières de l'Église, qui ont mérité durant leur vie, d'être aidés par les suffrages des vivants. Cf. De octo Dulc. queest., q. ii, P. L., t.XL, col. 157158. Enfin, il signale expressément que les enfants baptisés, morts avant d’avoir commis des fautes personnelles, sont délivrés non seulement de l’enfer, mais de toute peine purificatrice : non solum pœnis non juæparetur œternis, sed ne ulla quidem post mortem purgaturia tormenta patiatur. De civ. Dei. t. XXI, c. xvi, P. L., t. xli, col. 730.

Après saint Augustin.

1. Le cadre de l’enseignement. — La grande autorité de saint Augustin a réduit

les perspectives eschatologiques à leurs exactes proportions. Désormais l’idée d’une rétribution repoussée jusqu'à l'époque du jugement dernier est bannie de l’enseignement commun des auteurs. Seul Cassien fait encore exception, n’accordant aux âmes, avant le jugement général, qu’un avant-goût de ce qui les rttend après. Collationes, t. I, c. xiv, P. L., t. xlix, col. 503 B. La doctrine commune est ainsi formulée par saint Césaire d’Arles : « Quand le corps, pour lequel nous avons tant de complaisance, commence à être dévoré par les vers dans le tombeau, l'âme est présentée à Dieu par les anges dans le ciel ; et là déjà, si elle est juste, elle sera couronnée, ou, si elle est pécheresse, elle sera projetée dans les ténèbres. » Serm., ceci, n. 3, P. L., t. xxxviii, col. 1382. Cf. Gennade, De eccles. dogmat., c. lxxix, P. L., t. lviii, col. 998 C ; saint Grégoire, Moral., t. IV, n. 56 ; t. XIII, n. 48 ; In evangel., hom. xix, n. 4 ; Dialog., t. IV, c. xxviii, P. L., t. lxxv, col. 666, 1037, 1156 ; t. xxxvi, col. 365 ; saint Isidore, Sentent., t. I, c. xiv, n. 16, P. L., t. lxxxiii. col. 568 ; saint Julien de Tolède, Prognosticon, t. I, c. xiii, P. L., t. xevi, col. 468 ; saint Bède le Vénérable, Hist. eccl., t. V, c.xii, P. L., t. xcv, col. 250.

Tout naturellement la doctrine du purgatoire s’insère entre le moment du jugement particulier et l’entrée au ciel des âmes justes. Il semble que les hésita tions de saint Augustin sur la nature du feu disparaissent et que les auteurs envisagent un feu réel, analogue à celui de l’enfer. Nous arrivons ainsi par eux à

la conception latine, telle que nous la trouverons systématisée (he/ [es théologiens du Moyen Age.

2. Saint Césaire d’Arles. - - L’enseignement de saint Césaire est en corrélation avec sa doctrine sur les péchés. Césaire distingue deux sortes de péchés : les péchés capitaux (capitalia) et les péchés menus (minuta >. Des uns et des autres il dresse même une liste détaillée. Voir Césaire d’Arles, t. ii, col. 2180.

Les péchés capitaux non pardonnes conduisent infailliblement l'âme en enfer. Cf. col. 2182. Mais les péchés menus n’empêchent pas l’entrée de l'âme au ciel : ils doivent simplement être auparavant expiés, soit sur cette terre par les bonnes œuvres, soit dans l’autre vie par les peines du purgatoire. L’enseignement de Césaire sur ce point est très net et très ferme. Commentant I Cor., iii, 15, il écrit :

Ceux qui comprennent mil ce texte se laissent tromper liai' une fausse sécurité. Ils croient que, édifiant sur le fondement du Christ des crimes capitaux, ces péchés pourront être purifiés en passant à travers le feu et qu’ainsi ils pourront parvenir ensuite à la vie éternelle. Corrigez, mes frères, cette m.inière de comprendre : se llatter d’une pareille issue, c’est se tromper lourdement. Dans ce feu de passage ( Irtinsitoriu igné), dont l’Apôtre a dit : lui-même sent sauvé, mais comme à travers le feu, ce ne sont pas les péchés capitaux, m lis les péchés menus qui seront purifiés… Bien que ces péchés, selon notre croyance, ne tuent pas l'âme, ils la défigurent… et ne lui permettent de s’unir à l'époux céleste qu’au prix d’une extrême confusion… C’est par des prières continuelles et des jeûnes fréquents, que nous parvenons à les racheter…, et ce qui n’a pas été racheté par nous devra être purifié dans ce feu dont l’Apôtre a dit : (l’ouvrage de chacun) sera révélé par le feu ; ainsi le feu éprouvera l'œuvre de chacun. I Cor., ni, 13… Ainsi donc, pendant que nous vivons en ce monde, mortifions-nous…. et ainsi ces péchés seront purifiés en cette vie, de telle sorte que, dans l’autre, ce feu du purgatoire ou ne trouve rien ou ne trouve en nous que peu de chose à dévorer. Mais, si nous ne rendons pas grâces à Dieu dans nos afflictions et si nous ne rachetons pas nos fautes par de bonnes œuvres, il nous faudra demeurer dans le feu du purgatoire aussi longtemps que nos péchés menus l’exigeront pour être consumés, comme du bois, du foin et de la paille.

Que personne ne dise : Que m’importe de demeurer au purgatoire si je dois ensuite parvenir a la vie éternelle ! Ah ! ne parlez pas ainsi, très chers frères, car ce feu du purgatoire sera plus pénible que toute peine que nous pouvons concevoir, éprouver et sentir en ce monde… Serin. civ, n. 1 sq., P. L., t. xxxix, col. 1946-1948.

Le sermon se continue par des exhortations à la pénitence et pour les péchés graves, dont les flammes éternelles ne nous purifieraient jamais (n. 2, col. 1946), et pour les péchés menus, afin de ne pas demeurer longtemps dans la souffrance avant d’entrer sans tache et sans rouille, dans la vie éternelle. Ibid.. n. 5. col. 1947-1948.

Dans un autre sermon (cclii, n. 3, col. 2212), Césaire applique au feu purificateur de l’autre vie le « fleuve de feu » dont parle Daniel, vii, 10, en rapprochant cette expression de I Cor., ni, 15 : plus nos péchés fourniront de matière au feu, et plus notre séjour en ce feu sera long. Quanta fuerit peccati materia, tanta et perlranseundi mora ; quantum exegeril culpa, lantum sibi ex homine vindicabit quædam flamnuc rationabilis disciplina. L'âme non encore purifiée est semblable à la marmite vide. qu'Ézéchiel commande de placer sur des charbons ardents afin qu’elle soit dégagée de sa rouille. Ez., xxiv, 11.

On voit en quel sens réaliste a évolué la tradition latine en ce qui concerne la nature des peines purificatrices de l’autre vie !

3. L’auteur inconnu du De vera et falsa pœnilentia (qui est certainement d’une époque bien postérieure, voir Pénitence, col. 911) rappelle à celui qui cherche au moment de la mort une pénitence vraie qu’il doit s’at tendre à trouver la miséricorde divine plus