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PURGATOIRE. LES SI FFRAGES l’OUR LES MORTS (ORIENT


à ses apôtres et qu’il est monté aux cieux au bout de quarante jours, l'Église a déterminé que les troisième, neuvième et quarantième jours seraient consacrés à la mémoire de chaque défunt, les solennisant par l’offrande de ses prières et du sacrifice de la messe. Or, elle ne le fait pas en vain puisque déjà le sacrifice offert par.Judas Machabée fut agréable à Dieu et que Denys l’Aréopagite, Éphrem le Syrien, Cyrille de Jérusalem, Cyrille d’Alexandrie, promettent tant d’avantages aux défunts par le moyen de la prière et du sacrifice eucharistique. N. 28, col. 508 sq. D’ailleurs, le choix du troisième, neuvième, quarantième jour et du jour anniversaire était consacré dans l'Église grecque, comme ayant une origine apostolique. Voir Constitutions apostoliques, t. VIII, c. XLII.

L’auteur du De iis qui in fide dormicruut, rapporte, sous le nom d’Athanase, le texte qu’Eustrate attribue à Cyrille d’Alexandrie. N. 19, P. G., t. xcv, col. 265. Quoi qu’il en soit du véritable auteur qui semble bien n'être ni l’un ni l’autre, ce texte exprime la doctrine courante déjà au vie siècle.

De ces auteurs de langue grecque, il faut rapprocher le témoignage du Syrien saint Éphrem (ive siècle), dans son Testament : il demande qu’on se souvienne de lui, une fois mort, dans les prières des vivants. Il le demande surtout au trentième jour, car, dit-il, « les morts sont aidés par l’offrande faite par les vivants. » Testamentum, n. 72, éd. Assemani, Opéra græce et latine, t. ii, p. 401.

Liturgies orientales.

1. Le « Mémento » des

morts. — « La prière pour les morts, ainsi que leur mémoire pendant les offices sacrés, est une pratique perpétuelle et commune chez tous les chrétiens orientaux, qui la font remonter aux apôtres. » Ainsi parle Renaudot, Liturgiarum orienlalium collcctio, t. i, p. 193, que nous citons d’après la 2e édition, plus correcte, Francfort-sur-Mein, 1847.

Les Constitutions ajiostoliques auxquelles se réfèrent les Orientaux sont, on le sait, une compilation qui, tout au moins dans son terminus a quo, remonte au début du ve siècle. Dans la liturgie du VIIIe livre, on trouve la prescription suivante : « Prions pour le repos de tel (ou telle), afin que le Dieu bon, recevant son âme, lui remette toutes ses fautes volontaires et involontaires et que, dans sa miséricorde, il la place dans le lieu des âmes saintes. » C’est d’ailleurs, à peu de chose près, la formule qu’on rencontre dans toutes les liturgies orientales et qui correspond à notre Mémento des morts : après la lecture des diptyques qui renfermaient les noms des évêques et des fidèles morts dans la paix du Christ, le célébrant récitait l’oraison dite Oralio post nomina par laquelle prêtres et assistants demandaient à Dieu pour ces âmes le repos éternel.

La messe de saint Basile fait prier le prêtre « pour tous ceux qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection future ». fl demande à Dieu « de les faire reposer dans le lieu de lumière, d’où s’enfuit la tristesse ». Goar, Eù^oXôyt.ov sive rituale Grœcorum, éd. de Venise, 1730, p. 145 AB. La messe de saint Jean Chrysostome, si importante dans le rite byzantin, emploie des termes presque identiques. Ibid., p. 63 2.

Toutes les messes trancrites par Renaudot dans sa collection contiennent des prières analogues et souvent plus développées. Ainsi, parmi les liturgies d’Alexandrie (coptes), celle de saint Basile : « Souvenez-vous aussi, Seigneur, de tous ceux qui se sont endormis et reposent, prêtres ou laïques dans tous les ordres. Daignez, Seigneur, accorder à leurs âmes le repos dans le sein d’Abraham, Isaac et Jacob dans le paradis de volupté », t. i, p. 22 ; la liturgie de saint Grégoire de Nazianze : « Souvenez-vous, Seigneur, de nos pères et frères qui se sont endormis déjà dans la foi orthodoxe ;

donnez-leur à tous le repos, avec vos saints… », p. 33 ; la liturgie de saint Cyrille : « Souvenez-vous. Seigneur, de nos Pères, les archevêques orthodoxes, qui déjà sont morts, et de tous ceux… dont la mémoire ne nous est pas présente, mais qui dorment et reposent dans la foi du Christ. Daignez, Seigneur, accorder que leurs âmes reposent toutes dans le sein de nos pères… >., p. 41. Voir des prières analogues dans les liturgies coptes, transcrites du ras. grec-arabe, Bibl. nat., ms. 3023 ; laliturgic de saint Basile, Renaudot, op. cit., t. r. p. 71 ; celle de saint Grégoire, p. 103-104 ; la liturgie grei dite de saint Marc, p. 135-136. La liturgie éthiopi contient des formules semblables : « Nous vous prions aussi, Seigneur, pour ceux qui déjà se sont endormis, afin que vous leur donniez le repos, s P. 483.

Les liturgies jacobites présentent les mêmes particularités : les deux textes, ordo communis et ordo generalis, traduits par Renaudot, contiennent expressément le souvenir des défunts : « Souvenez-vous, Seigneur, de ceux qui sont morts, et donnez-leur le repos, à eux qui vous ont revêtu dans le baptême et vous ont reçu de l’autel. » Le diacre continue cette prière du célébrant en formant le vœu que ceux qui ont mangé le corps et bu le sang du Sauveur reposent avec Abraham, à la table de Dieu (nous dirions aujourd’hui au banquet éternel). On doit souligner la dépendance ici marquée entre la communion eucharistique et le salut éternel. T. ii, p. 10 ; cf. p. 37. La liturgie de Jacques, frère du Seigneur, contient une prière caractéristique : « Voici l’oblation présentée, et voici que les âmes sont purifiées. Que par elle soit accordé le repos aux défunts peur qui elle a été offerte. Cette oblation, présentée à Dieu par les vivants pour les défunts, expie l’iniquité de l'âme et par elle leur sont remis leurs péchés… Agneau de Dieu et pasteur mort pour vos brebis, donnez, Seigneur, par votre grâce, le repos aux fidèles défunts… Joie dans les sphères supérieures, espérances heureuses dans les inférieures, par les oblations que font les vivants pour leurs défunts. » Ibid., p. 43. Dans la liturgie de saint Xyste, pape romain, laquelle appartient néanmoins aux liturgies orientales, le souvenir des défunts intervient ; on demande pour eux à Dieu « une résurrection bénie d’entre les morts et, dans le royaume des cieux, une vie nouvelle et éternelle. » P. 137. La liturgie de saint Pierre, prince des apôtres, fait mémoire de tous les défunts du lieu où l’on prie et de tous lieux, mais principalement de ceux pour qui est offert le sacrifice. P. 150 ; cf. p. 158. Sous une forme différente, la liturgie de saint Jean l'Évangéliste insiste sur l’aspect universel de cette prière pour les morts : « Souvenez-vous, Seigneur, par votre grâce, de ceux qui sont séparés de nous et ont émigré vers vous, qui ont reçu votre corps et votre sang précieux, et ont été marqués de votre caractère, depuis le temps de la première institution chrétienne jusqu'à nos jours. P. 167. Voir aussi la liturgie des douze apôtres, dite de saint Lac, p. 173, et celle de saint Marc, p. 181, où l’on rencontre des traits analogues. Celle de saint Clément, p. 195-196, contient un très long mémento des morts : elle prie, demandant une « mémoire honorable et la félicité pour tous corps, âmes et esprits de tous nos pères, frères et maîtres, temporels et spirituels, qui sont morts dans n’importe quelles régions ou cités ou provinces, ou qui ont été étouffés dans la mer ou les fleuves, ou qui sont morts en voyage et dont aucune Église constituée sur la terre ne fait mémoire. » Cette insistance à prier pour tous, en développant sous divers aspects cette universalité, est ici très caractéristique.

D’autres formules analogues et tour, aussi touchantes se lisent dans la liturgie de saint Denys, évêque d’Athènes, p. 208-209, de saint Ignace, p. 221, du pape romain Jules, p. 226, 230 ; de saint Jean Chrysostome, p. 247, de Marouta, éveque de Takrit († 649). p. 266 ;