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    1. PURGATOIRE##


PURGATOIRE. LES PÈRES GRECS (IVe-VII « SIÈCLE)

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pensée de Cyrille, il s’agit du jugement.) Le Lils de l’homme viendra, selon l'Écriture qu’on a lue, vers son Père, dans les nuées du ciel, accompagné du fleuve de feu, dans lequel seront éprouvés les hommes. Si quelqu’un a des œuvres en or, il deviendra plus brillant ; mais si quelqu’un ne présente que des œuvres semblables à la paille et sans consistance, il sera brûlé par le feu (xaraxaleTou inzb toG rojpôç). Cal., xv, n. 21, P. G., t. xxxiii, col. 900. Il y a ici, de toute évidence, la même conception que chez Origène. Le feu est bien celui de la conflagration générale du dernier jour, mais il servira en même temps à la purification des œuvres que Paul a comparées a la paille, au foin, au bois. Il n’est pas question du feu de l’enfer, qui attend les damnés.

2° Saint Basile lait écho pareillement aux enseignements antérieurs sur le « baptême par le feu », dans son traité De Spiritu sancto. Après avoir établi la différence entre le baptême de Jean dans l’eau, en vue de la pénitence, et le baptême de Jésus-Christ, dans l’EspritSaint et le feu, il rapproche ce dernier baptême par le feu de l'épreuve qui se fera au jour du jugement, Invoquant l’autorité de l’Apôtre, I Cor., iii, 15, il rappelle que le jour du Seigneur révélera ce qui sera manifesté par le feu. C. xv, n. 36, P. G., t. xxxii, col. 132. Ce que sera la conclusion de cette épreuve par le feu, Basile nous le déclare dans ses homélies sur les psaumes : « Celui qui est à l’article de la mort, sachant qu’il n’existe qu’un sauveur et un libérateur, lui dit : J’ai espéré en toi, sauve-moi de mon infirmité et délivre-moi de la captivité (cf. ps. vii, 1). J’estime que les vaillants athlètes de Dieu, qui, pendant toute leur vie, ont beaucoup lutté contre les ennemis invisibles, une fois placés au terme de leur vie, seront jugés par le prince du siècle ; s’ils sont trouvés ayant gardé quelques blessures, suite de leurs combats, ou quelques taches ou des vestiges de péché, ils seront enfermés ; mais s’ils sont trouvés sans tache et sans blessure, invaincus et libres, ils reposeront sous le Christ. » 77) ps. vii, n. 2, P. G., t. xxix, col. 232. On retrouve ce texte dans le De futuro judicio (inséré en appendice des œuvres de saint Basile), recueil de sentences basiliennes par Siméon le Métaphraste, P. G., t. xxxii, col. 1300.

Dans ces textes, l’expiation reste au premier plan ; la nature du feu du jugement est incertaine. Mais le Commentaire sur Isaïe est moins réservé : faut-il toutefois y voir une œuvre authentique de Basile ou simplement l’ouvrage d’un contemporain ? Voir Basile (Saint), t. ii, col. 446 et aussi Rev. des sciences rel., t. x, 1930, p. 47 sq. On y distingue différents jugements de Dieu sur les pécheurs. Certains qui jusqu'à là mort ont offensé Dieu par malice sont condamnés au feu éternel ; mais il existe un feu purificateur pour ceux qui ont péché légèrement ou qui, pendant cette vie, ont fait pénitence de leurs fautes graves. Ainsi, « en attachant notre âme aux plaisirs défendus, nous l’entraînons loin de Dieu et nous la soumettons à la cruelle tyrannie du démon inexorable, lequel, condamné au feu éternel, s’efforce d’avoir des compagnons de son supplice. » In Jsaiam, x. 20, P. G., t. xxx, col. 550. Mais Dieu a préparé un feu pour d’autres fautes : « S’il livre des attaches terrestres au feu vengeur, c’est par manière de bienfait pour l'âme… Dieu ne la menace pas de ruine totale, mais il indique la purification selon le mot de l’Apôtre : si l’ouvrage de quelqu’un est consumé… (allusion à I Cor., ni, 15). Ce feu purificateur ne saurait cependant consumer les péchés demeurés à l'état d’herbe verte, mais seulement ceux qui, par la pénitence, ont été desséchés à l’instar du foin : « Ainsi, en découvrant le péché par la confes- « sion, nous en faisons un grain aride, qui sera dévoré « par le feu purificateur (toù xaOxpTixo’j Tiupôç). » En conséquence, si nous ne desséchons pas ainsi notre péché comme une herbe aride, le feu ne pourra le dévo rer et le brûler. Ibid., ix, 16 sq., col. 519. Enfin, commentant Is., iv, 4, l’auteur s’empare de la double expression du prophète : saïujuinem Jérusalem purgabit in medio eorum in spiritu judicii et combustionis. II expose que trois acceptions sont possibles du baptême : la purification des souillures, la régénération par l’Esprit-Saint et cette probation dans le feu du jugement, qui doit être rapportée au temps de la conflagration finale, (/ ; èv tû rcupfe t/, : xpîerscoç (îdcToev Col. 312.

3° Saint Grégoire de Nazianze ne semble-t-il pas faire une allusion à la purification d’outre-tombe, lorsque, faisant l'éloge d’Athanase, il le compare au feu purificateur de la matière vile et perverse, nûp x.a6ap-rr)piov -r7, < ; « paoXrjç 6>, t)ç xal ; j.o/0v ; pà :.? Oral., XXI, in laudemvthanasii, n. 7, P. G., t.xxxv, col. 1089. Le texte suivant, emprunté à VOral. xl, in sanctum baptisma, n. 36, le ferait supposer. On a souvent cru trouver, dans ce dernier texte, un écho de l’erreur origéniste. La chose est loin d'être prouvée. Cf. Enfer, t. v, col. 69. Il semble bien que l’orthodoxie de Grégoire soit indiscutable non seulement ici, mais encore dans tous les textes où il parle d’un feu purificateur devant ouvrir le ciel au pécheur.

D’une part, en effet, saint Grégoire enseigne formellement l'éternité des peines infernales, Oral., xvi, in Palrem tacenlem, n. 7, t. xxxv, col. 944 ; n. 9, col. 946 ; Carm., II, i, n. 46. t. xxxvii, col. 1380 ; d’autre part, même dans cette Orat. xl, in sanctum baptisma, n. 36, il commence par affirmer, après le jugement terrible, la séparation définitive et le supplice de l'éternelle ignominie. P. G., t. xxxvi, col. 412. Ce n’est qu’ensuite qu’il rappelle ce qu’est « le feu purificateur (du baptême) que le Christ, mystiquement appelé feu luimême, est venu apporter sur la terre. La propriété de ce feu est de consumer la matière vile et les affections vicieuses de l'âme ; aussi le Christ veut-il qu’il soit rapidement allumé… Mais il y a un autre feu, qui ne purifie pas, qui venge les crimes commis : c’est le feu qui a dévoré Sodome et dont Dieu punit tous les pécheurs ; c’est aussi le feu qui a été préparé au démon et à ses anges ; c’est aussi le feu qui sort de la face de Dieu et qui brûle autour de Dieu tous ses ennemis ; ou bien encore c’est le feu le plus terrible de tous, celui qui est joint au ver sans sommeil, qui ne s'éteint jamais, qui punit éternellement les hommes scélérats. Tous ces feux ont la même force pour perdre et détruire ; ù moins toutefois qu’on ne veuille comprendre ici un feu plus doux et digne de Dieu, vengeur (du péché). » Ibid.. col. 412. L’interprétation suggérée par les éditeurs bénédictins et développée par Billot, De novissimis. Rome, 1903, p. 58, entend séparer complètement la cause du mitior ignis de celle des feux énumérés précédemment. Ce feu plus doux serait soit celui des pénitences acceptées en cette vie, soit celui du purgatoire dans l’autre vie.

Cette interprétation est rendue plus plausible encore par la comparaison des autres textes où vraisemblablement s’affirme la croyance au purgatoire. C’est d’abord, dans VOral. iii, n. 7, Ad eos. qui ipsum acciverunt…, une invitation à aimer Dieu, à fuir le vice, à pratiquer la vertu, à suivre les inspirations de l 'EspritSaint ; en un mot, à « édifier sur le fondement de la foi, non du bois, du foin, de la paille, matière légère et facilement combustible, puisque nos actions doivent être jugées ou purifiées par le feu (f, v£y.a av 77Up ! xpîvTjTai Ta i]iézsç>ix y) xa0a£p7)Tai.), mais de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, matières solides et fermes. P. G.. t. xxxv, col. 524. C’est encore la formule archaïque du feu du jugement ; mais du moins l’idée de purification morale est incontestable. Ailleurs, Grégoire pleure sur ceux qui se croient absolument purs : au lieu de s’enorgueillir faussement, qu’ils prennent la voie tracée par