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PUHGAT01KE. EXPIATION ET JUGEMENT


ne fait pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. four moi, je vous baptise dans l’eau pour la pénitence ; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi… Lui vous baptisera dans l’Esprit et dans le feu. Il a le van en main et il nettoiera son aire, et il amassera son froment dans le grenier, mais il brûlera la balle dans un feu qui ne s'éteint pas. « .Mal th., iii, 3, 8-10 ; Luc, iii, 3-9. Le baptême de feu dont il est ici question ne saurait être que le jugement. Voir Baptême PAR LE FEU, t. II, COl. 359.

Jésus lui-même prêche la pénitence en raison de la proximité du royaume. Matth., iv, 17. Il vaut mieux s’imposer la perte volontaire d’un œil ou d’un membre que d’exposer le corps entier à aller dans la géhenne. .Matth., v, 29 ; cf. Marc, ix, 46. Et c’est la pensée du royaume qui motive cette austère mesure. Matth., xvin, 3 sq. Les malédictions proférées contre Chorozaïn, Bethsaïda et Capharnaùm, qui, malgré les miracles du Christ, n’ont pas fait pénitence, se rapportent à leur sort au jour du jugement. Matth., xi, 21-24 ; cf. Luc, x, 13-15. Les hommes de Ninive se lèveront au jugement contre la génération incrédule, car eux du moins ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et cependant le Christ est plus que Jonas. Matth., xii, 41 ; cf. Luc, xi, 31-32.

D’ordinaire, la prédication apostolique, telle que nous la font connaître les Actes, se contente d’inviter les hommes à la pénitence. Toutefois, quand les apôtres développent leur pensée, il apparaît bien que cette pénitence prépare le retour du MessieJuge : « Repentez-vous, déclare Pierre aux Juifs de Jérusalem, et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, de façon que viennent les temps de rafraîchissement venant de la face du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été destiné d’avance comme Messie, Jésus. » Act., iii, 19-20. Le repentir et la conversion doivent ainsi précéder, afin que puissent venir des temps de rafraîchissement et qu’ait lieu la parousie du Christ. Cf. E. Jacquier. Les Actes des apôtres, Paris, 1926, p. 111. Un écho de cette prédication, à l’adresse de tous les méchants en général se retrouve dans II Petr., ii, 1-9. Voir aussi Jac, v, 3-8, et Jude, 15, 21.

Saint Paul ne parle pas autrement devant les Athéniens : « Passant par-dessus ces temps d’ignorance, Dieu fait savoir maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils se repentent, parce qu’il a fixé un jour où il doit juger le monde en justice, par un homm. qu’il a destiné, fournissant à tous la foi, en le ressuscitant d’entre les morts. » Act., xvii, 30-31. Paul voulait préparer les Athéniens à entendre le nom de Jésus : il leur annonce que Dieu exige des hommes la pénitence en vue du jugement que présidera celui qu’il a déjà ressuscité. Cf. Jacquier, op. cit., p. 538-539. Dans son épître aux Romains, s’adressant au Juif pécheur et orgueilleux, le même apôtre l’exhorte à la pénitence : « Estimes-tu que tu échapperas au jugement de Dieu ? Méprises-tu la richesse de sa bonté, ignorant que la bonté de Dieu t’invite au repentir ? Et alors, par ton endurcissement et ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor au jour de la colère et de la manifestation du juste jugement… » Rom., ii, 1 sq.

Les lettres aux sept Églises, dans l’Apocalypse, sont riches en enseignements de ce genre, bien qu’il ne soit pas toujours aisé de discerner la perspective eschatologique dans les menaces ou les promesses qui y sont faites. Jean fait parler le Christ. A Éphèse : « Convertistoi, et tes premières œuvres fais-les (de nouveau) ; sinon, je viens à toi. » ii, 5. A Pergame : « Convertistoi ; sinon, je viens à toi promptement. » ir, 16. A Thyatire : « Je lui ai donné (à la femme Jézabel) du temps pour qu’elle se convertisse… Mais à vous, et à tous ceux qui n’ont pas cette doctrine…, je ne jette pas sur vous d’autre fardeau : seulement, ce que vous avez,

tenez-y, jusqu'à ce que je vienne. » ii, 21, 24. Suit l’annonce du triomphe spirituel de l'Église, qui se consommera à la parousie. Cf. B. Allô, L’Apocalypse, l J aris 1921, p. 34. A Sardes : « Rappelle-toi comment tu as reçu et tu entendis, et observe-le et convertis-toi. Si tu n’es pas vigilant, je viendrai comme un voleur et tu ne sauras nullement à quelle heure je viendrai sur toi. m, 3. A Philadelphie, il recommande de continuer vigilance et fidélité et ajoute : « Je viens promptement. » iii, 11. La tiédeur de l’ange de Laodicée appelle une menace, iii, 16, qui n’est pas purement eschatologique ; mais la promesse faite au victorieux de s’asseoir sur le trône messianique est eschatologique et appartient à la perspective de la vie future. Voir aussi Apoc, xvi, 15.

Encore que ce rapport de l’expiation nécessaire au jugement ne signifie pas nécessairement que ce jugement soit prochain, la pensée de la première génération chrétienne semble s'être volontiers complu dans la proximité du retour de Jésus dans les fonctions de juge souverain : cette pensée correspondait d’ailleurs à une préoccupation fondamentale de l’enseignement du Christ : « Il suffit d’ouvrir tant soit peu l'Évangile pour reconnaître aussitôt que la parousie est bien véritablement l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, le premier et le dernier mot de la prédication de Jésus ; qu’elle en est la clef, le dénouement, l’explication, la raison d'être, la sanction ; que c’est enfin l'événement suprême auquel tout le reste est rapporté et sans lequel tout le reste s’eifondre et disparaît. » Billot, La parousie, Paris, 1920, p. 10. Nous n’avons pas à discuter ici le problème de la croyance personnelle et de l’enseignement des apôtres relativement à la proximité de la parousie. Nous constatons simplement un fait inhérent à nombre de prophéties : deux événements, dont l’un est le type et l’image de l’autre, quoiqu’il en soit séparé par des siècles dans sa réalisation historique, sont placés par la prophétie sur un plan unique, comme si l’un coïncidait dans le temps avec l’autre, quant à leur propre réalisation. Ainsi, la prophétie faite par Isaïe de la Vierge mère, dont la réalisation est présentée pour ainsi dire comme coïncidant avec les événements qui la provoquent ; ainsi encore la prophétie faite par Jésus-Christ concernant la fin du monde et dont la réalisation semble se confondre avec la destruction de Jérusalem qui en est l’image anticipée. Ainsi, dans le cas présent, le jugement particulier qui. pour chaque homme pris individuellement, marque en réalité le retour du Christ-Juge, est-il confondu, dans l’enseignement du Nouveau Testament, avec le jugement général dont il est la préparation et, pour chaque âme, l’anticipation. Voir sur ce sujet, Jugement, col. 1765.

Aussi, les exhortations à la vigilance et à la pénitence en vue du jugement s’expliquent sous la plume et dans la bouche des écrivains inspirés, parce que « la parousie, telle qu’elle nous est donnée par la révélation du Nouveau Testament, se présente à nous sous deux aspects bien différents qu’il faut avoir constamment sous les yeux… : premièrement, dans sa réalité future, au jugement général, et secondement, dans ses anticipations journalières en la mort de chaque homme eu particulier. Ce que saint Jérôme a très bien exprimé en disant : « Le jour du Seigneur (ou de la parousie) : « entendez par là, soit le jour du jugement, soit le jour « de la sortie du corps de chacun d’entre nous, car ce « <iui se fera au jour du jugement pour tous les hommes « pris dans leur ensemble s’accomplit au jour de la < mort pour chacun d’eux pris individuellement. » Billot, op. cit.. p. 145. Cf. saint Jérôme, In Joël., ii, 1, P. L., t. xxv. col. 965.

Cette observation proposée, un fait reste indéniable : les chrétiens de l'âge apostolique crovaient toucher à