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PSELLOS (MICHEL


l’éducation de ses neveux. En lisant l’une et l’autre pièce, la morale de la fable Les animaux malades de la peste vous revient spontanément à la mémoire. Un byzantiniste contemporain écrit de lui : il avait l’âme médiocre, peu de courage et peu de sens moral ; il était capable de toutes les intrigues, de toutes les palinodies, de toutes les trahisons. >. Ch. Diehl, Préface à l’édition de la Chronographie de Michel Psellos par Emile Renaud (coll. byzantine Guillaume Budé), t. i, Paris, 1920, p. vi. Un autre, tout en n’étant pas plus tendre, plaide les circonstances atténuantes : « Aucune époque ne fut plus dangereuse pour le caractère d’un homme d’État que cette époque de changements perpétuels de souverains à l’esprit faible et accessibles aux influences les plus contraires. Psellos ne fut pas à la hauteur des exigences qu’un pareil entourage réclame de la force morale d’un homme : la plus belle parure de l’homme, la sincérité et l’honorabilité, il la perdit dans l’air dissolvant de la cour. » K. Krumbacher, Geschichte der byzanlinischen Lilteratur, 2e éd., Munich, 1897, p. 435. Les Byzantins, à en juger par les en-tête des écrits de Psellos dans les manuscrits, ont ignoré ces sévérités et lui prodiguent les épithètes de roxvaoçwTaTOç, de Tiu, i&>TaTOç et d’Û7rspTi(ioç. La gloire du savant et de l’artiste leur a fait oublier les petitesses de l’homme.

II. Écrits se rapportant aux sciences ecclésiastiques. — Michel Psellos est le type du polygraphe qui sait tout et qui écrit sur tout. Ses écrits sont innombrables. On n’en a pas encore dressé la liste complète et définitive. En 1886, Charles-Emile Ruelle, dans sa Bibliographie des écrits inédits de Michel Psellos, que nous savons incomplète, arrivait à un total de deux cent dix-huit numéros.’EXXyjvixôç quXoXoyiy.oç SûXXoyoç, eïxoc17tevTa£T7)p[ç, t. xviii(1886), TOxpâpTT)(xa toG « )’t6u, ou„ p. 591-614. Depuis ce temps, une dizaine environ de ces inédits ont vu le jour. D’autres ont été découverts.

Il va sans dire que nous n’avons pas ici à aligner la liste de toute cette production littéraire. Il nous suffira de signaler les principaux ouvrages et opuscules intéressant la théologie et les sciences ecclésiastiques en généra). Nous parlerons d’abord des écrits édités ; nous mentionnerons ensuite les inédits. Avant de commencer, faisons quelques remarques. Tout d’abord le nombre des ouvrages de notre polygraphe ne doit pas nous faire illusion sur leur importance. La plupart sont de tout petits opuscules, quelquefois de simples épigrammes. En dehors de la Chronographie, histoire anecdotique de l’empire byzantin allant du règne de Basile II (976) à 1077, qui tient en moins de 300 pages in-8°, Psellos n’a laissé aucune œuvre de longue haleine, Les plus longs écrits, après la Chronographie, paraissent être les deux discours sur Michel Cérulaire, l’Acte d’accusation et l’Oraison funèbre (80 pages chacun environ). Il faut noter ensuite que Psellos n’est original que par la forme et le style. Tout son fonds de science est emprunté. Son mérite est souvent de dire clairement et brièvement ce que d’autres avant lui ont exprimé longuement et plus ou moins confusément. Si l’on a beaucoup parlé jusqu’ici de Psellos philosophe et de Psellos littérateur, on n’a presque rien écrit sur Psellos théologien et exégète de l’Écriture et des Pères, auteur d’homélies et de panégyriques sacrés. Cette partie de son héritage littéraire a été la plus négligée, et c’est dans ce domaine que les inédits abondent le plus.

1° Voici d’abord la liste des écrits intéressant la théologie (au sens large du mot), réunis dans la Patrologie grecque de Migne :

1. Panégyrique de Siméon Mélaphraste, P. G., t. exiv, col. 183-200, suivi d’un Office (àxoXouOîa) en l’honneur du même, ibid., col. 199-208, dont le principal morceau est un canon. Les deux pièces ont d’abord été publiées par Allatius dans son De Symeonibus. Il

faut se garder de traduire ixoXouôloc par messe, comme le fait Clir. Zavos dans sa récente monographie : Un philosophe néo— platonicien du XIe siècle. Michel Psellos. Sa vie, ses œuvres, ses luttes philosophiques, son influence, Paris, 1920, p. 32.

2. Commentaire du Cantique des cantiques, en prose et en vers politiques entremêlés du commentaire des « trois Pères », c’est-à-dire de saint Grégoiie de Nysse, de saint Nil et de saint Maxime : texte grecet traduction latine ; d’abord publié dans le t. n de la Bibliotheca veterum Palrum, Paris, 1624 ; édition reproduite par P. G., t. cxxii, col. 537-086 ; œuvre assez étrange, où les paroles du Cantique sont appliquées à l’Église.

3. De omnifaria doclrina (A’.SxaLaX’.a 7tavTo8a : rT)) : Questions quodlibétiques au nombre de cent-cinquante-sept, dont les soixante premières intéressent la théologie dogmatique et morale. Elles débutent par une courte profession de foi trinitaire. Elles sont fort intéressantes et nous montrent en Psellos un véritable scolastique appliquant la philosophie à l’élucidation des données révélées. Psellos emprunte beaucoup à saint Maxime et à saint Jean Damascène. P. G., t. cxxii, col. 687-781.

4. Vers politiques sur le dogme (Uspl Sôyjxaro :. opuscule intitulé aussi dans les catalogues des manuscrits : Des sept conciles œcuméniques. L’auteur, après l’exposé de la foi orthodoxe sur la Trinité et l’incarnation, énumère les hérétiques et les hérésies condamnés par les sept conciles œcuméniques. P. G., t. cxxii, col. 811-818, reproduisant pour le texte grec l’édition de Meerman, Thésaurus juris, t. i, La Haye, 1751. Signalons un gros contresens dans la traduction latine, col. 811, lig. 17, à propos de la procession du Saint-Esprit : èx toû IlaTpoç ttjv TcpôoSov èo/Yjxàx ; Ù7rèp <pûenv èxTtopet>T7]v, oùj( ulïxrjv. xïv ayvwenro ; ô TpÔ7roç : qu’il ne faut pas traduire par : Ex Paire processum habet non ex Filio, mais par : non per modum fïliationis.

5. Dialogue sur l’opération des démons (Ilepi Êvep-faix ; 8aijj16vtov SiàXoyoç), P. G., t. cxxii, col. 819-876, d’après l’édition de Goulmin, Paris, 1615, ouvrage souvent édité, objet de plusieurs études anciennes et récentes, où Psellos réfute les pratiques magiques des sectes manichéennes, spécialement des messaliens ou euchites, et nous donne en passant ses idées sur l’angélologie. Traduction française par P. Moreau, Traité par dialogue de l’énergie ou opération des diables, traduit en français du grec, Paris, Guillaume Chaudière, 1573.

6. Grœcorum opiniones de dœmonibus (Tîva Trepi Satfxàvejv SoÇâÇûoaiv "EXXtjveç), P. G., t. cxxii, col. 875-882, opuscule dont le titre indique suffisamment le sujet.

7. Characteres Gregorii Theologi, Basilii Magni, S. Joannis Chrysostomi et Gregorii Nysseni (XapaxTrjpsç rpïjyopfou toû 0eoX6you…), P. G., t. cxxii, col. 901908 : appréciation d’ordre littéraire sur les docteurs nommés.

8. Réponse à un moine au sujet de la détermination de la mort de chaque individu (’AvriypaipT) 7tp6ç IpwTrjaiv

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TIVOÇ ji.OVa^OÙ TCpl ÔplCT^OÛ toû ôavdtTou), P. G.,

t. cxxii, col. 915-920 : solution de Psellos sur cette question souvent débattue chez les Byzantins, qui touche à la fois à la prescience divine et à la prédestination. Psellos parle en parfait scolastique avec les distinctions voulues.

9. Opinions sur l’âme, (AôEoct « epl iJwxtjç), P— G., t. cxxii, col. 1029-1076, ouvrage avant tout philosophique, qui intéresse aussi le théologien.

2° Après la Patrologie de Migne, le recueil le plus important des œuvres de Psellos est celui de Constantin Sathas Mecratovtxrj PiSXioOttjxï], t. iv et v, Paris, 1874 et 1876. Le t. iv contient :

1. La Chronographie (976-1077), p. 1-299, dont Emile Renaud a donné récemment une nouvelle édition avec