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    1. PSAUMES (LIVRE DES)##


PSAUMES (LIVRE DES). LA VIE RELIGIEUSE

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Quant à ceux qui attaquent Les fidèles de Jahvé, l’ange les poursuit, ps. xxxv. 6. Nous n’avons aucune donnée, dans le psautier, qui nous permette de préciser la nature de ces anges.

Des démons ou du diable, il n’est pas question dans le texte hébraïque. Là où la Vulgate (et les Septante) lit, ab incursu, et dumonio meridiano (xc, G), l’hébreu doit se traduire : « Ni la contagion qui dévaste en plein midi » (xci, 6). Là où la Vulgate lit : quoniam omnes dii genlium dsemonia (xcv, 5), l’hébreu doit se traduire : « Car tous les dieux des peuples sont des idoles » (xevi, 5). Là où la Vulgate porte : qui facis angelos titos spiritus (cm, 1), l’hébreu doit se traduire : « Il fait des rafales ses messagers » (civ, 4). Là, enfin, où la Vulgate dit : Et diabolus stet a dextris cjus (cvm, 6) l’hébreu se traduit : « Et qu’un adversaire se tienne à sa droite » (cix, G).

II. L’HOMME.

Nature de l’homme. —

L’anthropologie du psautier n’est pas différente de celle des autres livres de l’Ancien Testament. « Les auteurs sacrés n’ont jamais eu l’intention de nous faire une théorie complète du composé humain. Trois termes toutefois ont à cet égard une importance spéciale : ce sont les mots bâsâr, né/éS et rûah, traduits couramment par « chair », « âme » et « esprit ». L’identification du mot bâsâr est facile ; il désigne la chair, cette poussière, cette boue terrestre organisée par Yahweh en un corps humain, Gen, ii, 7. » J. Touzard, Le développement de la doctrine de l’immortalité, dans Bévue biblique, 1898, p. 209.

Le mot rûah se présente une quarantaine de fois dans le psautier ; mais la plupart du temps il a le sens de « vent ». i, 4 ; xviii, 11, 16, 43 ; xxxv, 5, etc. Lorsqu’il s’applique à l’homme, il désigne ou bien la partie supérieure de l’âme qui est le siège de l’affliction et de l’abattement, xxxiv, 19 ; li, 19 ; lxxvii, 4, des sentiments religieux et moraux, li, 12, 13, 14 ; xxxii, 2 ; lxxviii, 8 ; cxliii, 10 ; ou bien le principe de vie qui peut défaillir, cxlii, 4 ; cxliii, 4, 7, ou s’évanouir, cxlvi, 4 ; en ce dernier cas, l’homme retourne à la poussière. Cet esprit de l’homme appartient à Dieu ; c’est lui qui l’insuffle à l’homme pour le faire vivre, c’est lui aussi qui le retire pour le faire mourir : mais ce n’est pas un cas spécial à l’homme ; tous les êtres vivants sont pareillement dépendants :

Tu caches ta face, ils sont dans l’épouvante ;

Tu reprends leur souffle, ils expirent.

Tu envoies ton souffle, ils sont créés ;

Et tu renouvelles la face de la terre. (civ, 29-30.)

C’est à la garde de Dieu que le psalmiste confie cette rûah, qu’on la prenne pour le principe de vie, ou pour la faculté de vie supérieure :

En tes mains, je remets mon esprit,

Tu m’as délivré, Jahvé. (xxxi, G.)

Le psautier emploie bien plus souvent le mot de néfés, qui veut dire « âme ». On peut se demander si après la mort la rûah, le souffle, l’esprit est rendu à l’homme ; la réponse paraît bien négative. Mais l’âme ne périt point, elle continue de subsister, ainsi que nous le verrons, et tandis que, Dieu ayant retiré son souffle de vie, le corps ou la chair s’en va au tombeau, la néféS ou « l’âme » ne disparaît point, mais s’en va au séjour des morts (scheôl).

Souviens-toi, ’Seigneur’, de ce qu’est la vie, Pour quel rien tu as créé tous les fds des hommes. Quel est l’homme vivant qui ne verra pas la mort, Soustraira son âme au scheôl ? (lxxxix, 48-49.)

Nous reviendrons plus loin sur cette idée du scheôl. Pour le moment, retenons cette loi universelle de la mort, et aussi la constatation assez amère de la misère de l’homme. Cette constatation, nous la retrouvons en d’autres passages. Nous avons déjà cité les ps. xc, 3-10, et ciii, 15.

Jabvé, qu’est l’homme pour que tu le connaisses ? Le fds de l’homme, pour que tu penses à lui ? L’homme est semblable a un souffle ; Ses jours sont comme l’ombre qui passe, (cxi.iv, 3-4.)

Fais-moi connaître, ô Jahvé, ma fin ; Et la mesure de mes jours quelle est-elle ? [] [JQuelques palmes tu as données à mes jours ; Et ma durée est comme un rien devant toi.

[]Comme un souffle se tiennent tous les hommes ;

[ ](’.omme une ombre l’homme s’en va ;

[]Pour rien il s’agite ; il amasse ;

Et ne sait pas qui recueillera. (xxxix, 5-7. i

La brièveté de la vie est dépeinte sous les images d’un souffle, d’une ombre, de l’herbe qui se flétrit, et aussi sous celle de la sauterelle qui disparaît :

Comme l’ombre qui décline je m’en vais ;

Je suis ballotté comme la sauterelle. (ax, 23.)

Soixante-dix ans, peut-être quatre-vingts, ce total de nos années « n’est que peine et vanité, car il pas^e vite et nous nous envolons ». ps. xc, 10.

Et pourtant un psaume, qui nous est familier, ne laisse pas de chanter la grandeur de l’homme en des termes incomparables. Le psalmiste, e’mu de tant de dignité, entonne la louange de Jahvé devant le spectacle que lui offre la splendeur de l’homme, centre de toute la création :

Quand je contemple [J l’ouvrage de tes mains, La lune et les étoiles que tu as formées, Qu’est donc le mortel que tu songes à lui. Et le fils de l’homme que tu t’en occupes ?

Car tu lui as fait manquer de peu d’être un Dieu, Et de gloire et de majesté tu l’as couronné. Tu le fais présider aux œuvres de tes mains. Tu as tout placé sous ses pieds :

Brebis et bœufs tout ensemble,

Et aussi bêtes des champs,

Oiseaux des cieux et poissons de la mer,

Ce qui sillonne les sentiers des eaux. (vm, 4-9.)

Vie religieuse et morale.

M. H. Wheeler Fcbirson, The inner Life of the psalmists, dans Thepsalmists, Oxford, 1926, p. 46, a essayé de définir en quoi consistait essentiellement la vie religieuse et mcrale de l’homme d’après le psautier et il écrit : « La note tonique du psautier semble être donnée dans ces mots du ps. l, 15 :

Appelle-moi au jour de la détresse Je te délivrerai et tu me glorifieras,

mots qui, ainsi que le dit Gunkel, résument brièvement toute la vie du fidèle. »

Nous ne pouvons souscrire à cette opinion. Sans doute, ce verset du ps. l nous offre l’une des pensées les plus chères aux psalmistes : Dieu ne se laisse pas appeler en vain par son fidèle ; il vient à son secours ; et le fidèle n’a rien de plus à cœur que de glorifier celui qui l’a délivré. Mais c’est faire trop dépendre la vie religieuse de l’Israélite de la détresse où il se trouve. Antérieurement à ces sentiments, il y en a d’autres plus calmes, et tout aussi vrais ; ils correspondent à un état d’âme plus général, indépendant de la détresse momentanée du pieux Israélite.

Pour nous, la vie religieuse et morale du psautier se résume bien mieux dans la strophe suivante :

Une seule chose j’ai demandé à Jahvé ;

Cela je le recherche :

Habiter dans la maison de Jahvé

Tous les jours de ma vie.

Afin de jouir de l’amitié de Jahvé

Et d’admirer son temple. (xxvii, 4.)