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I 1 I !)

l’SAUMKS I.IVHK DES). LES ATTRIBUTS DIVINS

I 120

vé : c’est une manière de décrire l’orage avec ses ténèbres et ses éclairs, avec ses nuées et ses bourrasques. La fumée monta dans ses narines ;

Le feu dévora par sa bouche J

Des charbons enflammés en jaillirent.

Il abaissa les tiens et descendit, Et nue nuée était sous ses pieds ; Il monta sur un chérubin et vola ; Il plana sur les ailes du vent ; Il lit des ténèbres son manteau ;

l’ont autour <le lui était l’épaisseur des nuées.

De la splendeur devant lui ont jailli

La gicle et les charbons de feu ;

.lahvé tonna dans les cieux

Et le Très-Haut lit entendre sa voix l].

Il envoya ses flèches et les dispersa,

Il lança ses foudres et les mit en déroute.

| ( wiii, 9-1 5. |

Citons encore cette seconde partie du ps. xxiv, qui forme, à elle seule, en quatre petites strophes, un tableau achevé de l’entrée de Jahvé dans son temple sous la forme d’un héros victorieux :

() portes, élevez vos sommets ; Surélevez-vous, entrées antiques ; Et le roi glorieux entrera.

Quel est ce roi glorieux ? C’est Jahvé, le fort, le héros, Jahvé, le héros du combat,

O portes, élevez vos sommets ; Surélevez-vous, entrées antiques ; Et le roi glorieux entrera.

Quel est ce roi glorieux ? C’est Jahvé des armées ; C’est lui le roi glorieux. (xiv, 7-10.)

Il n’y a pas davantage à s’arrêter aux comparaisons que les psalmistes établissent souvent entre Jahvé et le roc, le rocher, la forteresse, le bouclier, etc., pour montrer la sécurité dont l’on jouit auprès du Dieu en qui on se confie. Ces formules de style sont très fréquentes dans le psautier. Il suffira de citer ce début de psaume :

Jahvé est mon roc et ma forteresse [1 ;

Mon Dieu est mon rocher où je m’abrite ;

Il est mon bouclier et la corne de mon salut,

Ma citadelle et mon asile sauveur. (xviii, 3-4.)

Éternité.

Aucun concept n’est plus difficile à exprimer peut-être que celui de l’éternité de Dieu. Le psalmiste en affirme l’existence et, quand il cherche à nous en donner l’idée, il le fait par voie d’opposition avec notre vie et sa durée, nos changements et nos transmutations. Rien de plus délicat, d’ailleurs, que ces images de notre existence fugace, en regard de la plénitude qui est le propre de Dieu.

Jahvé [] tu demeures [] de génération en génération ; Avant que les montagnes ne fussent nées Et que la terre et le monde ne fussent enfantés, D’éternité en éternité tu es, ô Dieu.

Oui, mille ans a tes yeux

Sont comme le jour d’hier ] et la veille de la nuit.

Le sommeil les anéantit le matin.

Ils sont comme l’herbe qui disparaît.

Le matin elle fleurit et pousse ;

Le soir elle se fane et se dessèche.

Oui, tous nos jours s’en vont [] ;

Nos années s’évanouissent comme un son.

Les jours de nos années [] s’élèvent à soixante-dix ans.

Et, s’ils sont vigoureux, à quatre-vingts ans.

Mais leur total » n’est que peine et vanité.

Car il passe vite et nous nous envolons ! (xc, 1-10.)

Un autre psaume compare notre monde à un vieux vêtement qui tombe en lambeaux, tandis que Jahvé demeure immuable, éternellement semblable à lui-même :

Ne m’enlève pas au milieu de mes jours. Toi dont les années durent d’âge en âge. Jadis lu as fondé 1 i terre, Et les cleUX sont l’œuvre de tes mains.

Ils passeront et toi lu de.neures !

Eux tous tomberont en lambeaux Comme un vêlement.

Comme un habit tu les changeras et ils changeront.

Il Mais les années seront suis fin. (cil, 25-28.)

L’immutabilité éternelle s’affirme dans le passage suivant :

Jahvé déjoue le plan des nations,

Il réduit a néant les desseins des peuples.

Son plan, à lui, subsiste à jamais,

Les desseins de son cœur d’âge en âge. (xxxiu, 10-11.)

Science. —

L’intelligence divine s’étend à tout : elle « voit ce qui est élevé et ce qui est bas, ps. cxxxviii, 6 ; elle « sait les pensées de l’homme », ps. xciv, 1 1 ; elle « sonde les reins et les cœurs », ps. vii, 10 ; elle « connaît les secrets du cœur », ps. xliv, 22.

Le psalmiste nous représente Jahvé épiant du haut du ciel tout ce qui se passe sur terre :

Du haut des cieux, Jahvé regarde ! II voit tous les fils de l’homme. Du lieu de son séjour, il considère Tous ceux qui habitent la terre.

C’est lui seul qui a formé leur cœur,

Qui connaît toutes leurs actions ;

Point de roi qui vainque par le nombre des troupes.

Ni de guerrier qui se sauve par la grandeur de sa force.

Le coursier est impuissant pour la victoire, Et avec toute sa vigueur ne peut se sauver. Voici, l’œil de Jahvé est sur ceux qui le craignent [J Pour délivrer leur âme de la mort ( ]. (xxxiii, 13-1’. ». i

Les impies ont beau faire : ils n’échapperont pas à cette vigilance de Dieu ; rien n’est plus sot que leur langage :

Ils disent : « Jahvé ne voit pas ; Le Dieu de Jacob ne comprend pas. Comprenez, vous, les plus stupides du peuple Et vous, insensés, quand serez-vous avisés ?

N’entendrait-il pas celui qui a planté l’oreille,

Ou ne verrait-il pas celui qui a fait l’œil ?

Celui qui châtie les nations ne réprimanderait-il pas.

Lui qui apprend à l’homme la science ?. (xciv, 7-10.)

C’est une très belle réplique aux insensés : la science divine surpasse infiniment la nôtre, qui ne peut exister que par celle de Dieu. Cette science est mise en relation avec la présence de Dieu en toutes choses et particulièrement dans le plus intime de nous-mêmes. Nous sortons avec le ps. cxxxix de tous les anthropomorphismes qui demeurent dans les citations précédentes et nous entrons dans une conception extrêmement pure de la théologie la plus exigeante :

La parole n’est pas sur ma langue

Que déià, Jahvé, tu la connais toute…

Merveilleux pour moi est’ton’savoir

Si élevé que je n’y atteins pas. icxxxix, 4, 6.1

Et l’auteur se livre ensuite à une description détaillée de cette pénétration divine en tout son être, en toutes ses démarches, en tous ses actes. Voici, restituée par quelques corrections textuelles, cette description émouvante :

(lu irai-je loin de ton esprit. Et ou fuiraije loin de ta face ? Si je monte aux cieux. tu v es ; Si je me couche au sclieôl, t’y voilà.