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    1. PSAUMES LIVRE DES)##


PSAUMES LIVRE DES). LES.NOMS DIVINS

L 1 16

celui-ci soit un être individuel, ou qu’il représente Israël ; quand il s’exprime sur l’homme, c’esl pour montrer que sa véritable et seule tendance doit être dirigée vers Dieu : d’autre part, toute la révélation

sur les rapports entre Dieu ei l’ho le étant orientée

vers le.Messie, il n’esi pas surprenant que le psautier contienne une l’ouïe de données concernant le Messie,

dont le rôle sera de rapprocher encore davanl

l’homme et Dieu.

I. DIEU.

Noms divins.


Les noms les plus fréquemment employés dans les psaumes pour designer Dieu, sont Elôhîm et Jahvé ; on a relevé plus haut (col. 1096) le nombre de fois que ces deux noms sont cités dans le psautier : ce nombre est sensiblement le même de part et d’autre.

Primitivement le nom propre et personnel de Dieu, Jahvé, était d’un usage plus courant ; mais au cours des siècles, surtout après l’exil, le nom de Jahvé a été remplacé par celui plus général d’Elôhîm (Dieu) et aussi par’Adônâi (Seigneur), en vertu du même scrupule théologique qui poussera les massorètes à mettre sous ce tétragramme divin, devenu de plus en plus imprononçable, les voyelles des mots’Adônâi et Elôhîm, afin de faire remplacer par les lecteurs le terme de Jahvé par ceux d" Adônâi ou d’Elôhîm.

A côté du pluriel de majesté ou d’intensité Elôhîm (Dieu), on trouve aussi fréquemment la forme plus simple d’El et plusieurs fois le singulier Elôah qui a servi à former directement Elôhîm (voir xviii, 32 ; l, 22 ; cxiv, 7 ; cxxxix, 19). Pareillement, à côté de la forme complète de Jahvé, on rencontre à plusieurs reprises une forme plus brève du nom personnel de Dieu, lah, notamment dans l’expression « Louez Dieu » : Alléluia qui se décompose en hallelu-Iah.

A ce nom sacré de Jahvé, est parfois adjoint le pluriel féminin sebâ’ôt, qui veut dire « armées ». L’on aboutit ainsià la formule, " Jahvé desarmées.Cette formule est très ancienne dans la Bible. C’est une appellation traditionnelle en Israël. Primitivement, elle se rapportait sans doute aux armées de combat, formées par Israël et dirigées par Jahvé ; elle finit, semble-t-il, par désigner simplement le Dieu d’Israël (ps. lix, 6) ou même le Dieu de toutes les puissances cosmiques, le Dieu du monde entier. En un seul endroit, nous lisons aussi Dieu des armées (ps. lxxxix, 9), avec le mot Elôhîm (Dieu) correctement mis à l’état construit Elôhê ; encore la formule « Dieu des années » est-elle précédée du mot Jahvé : « Jahvé, Dieu des armées. » Si bien que l’on peut se demander si le mot Elôhê n’a pas été ajouté pour éviter l’expression « Jahvé des armées ». C’est du moins le scrupule qui a fait introduire en notre texte actuel le mot d’Elôhîm, à l’état absolu, dans les psaumes suivants : lix, 6 ; lxxx, 5, 8, 15, 20 ; lxxxiv, 9, où nous lisons les formules, incorrectes au point de vue grammatical, Elôhîm sebâ’ôt et Jahvé Elôhîm sebâ’ôt. La vraie formule est celle de « Jahvé des armées », conservée en son état normal dans les ps. xxiv, 10 ; xlvi, 8, 12 ; xlviii, 9 ; lxix, 7 ; lxxxiv, 2, 13.

Plusieurs fois, l’expression « Jahvé des armées » est en relation avec cette autre formule » Dieu de Jacob » :

Jahvé des armées est avec nous ;

Le Dieu de.Jacob est pour nous une citadelle.

Iixiai I, S. 12.1

Jahvé [] des armées, entends ma prière ;

Prôte l’oreille. Dieu de Jacob. LXXXIV, ’M

Ou, plus simplement le parallélisme s’établit entre Jahvé et le « Dieu de Jacob » :

Heureux celui qui a pour appui le Dieu de Jacob,

(’'lui don ! l’espoir est en Jahvé, son Pieu, u i i, .">. i

IN disent : Jahvé ne voit pas ; l.iDieu de Jacob ne comprend pas.

(xciv, 7.)

Ces parai] élismes montrent que, pour le Juif, le Dieu qu’il nomme et auquel il s’adresse est un Ùieu vivant.

Mon âme a soil de Jahvé, Du Dieu vivant.

(xi.ji, 3.)

Mon âme soupire et s’épuise

Après les parvis, Jahvé.

Mon cœur et ma chair exultent

Après le Dieu vivant. LXXXIV, 3.)

Jahvé possède une personnalité vivante. La vie fait partie de sa nature. Et cette vie, Jahvé la communique aux siens :

Près de toi est la source de la vie ; Par ta lumière nous vovons la lumière.

ix.xxvi, 10.)

Le Dieu vivant, source de vie, Jahvé s’est manifesté à la race israélite depuis les grands ancêtres. C’est le Dieu d’Abraham, ps. xlvii, 10, aussi bien que le Dieu d’Isaac et de Jacob, ps. cv, 7-10. Mais il est incontestable que le psalmiste a une prédilection pour l’expression « Dieu de Jacob », l’ancêtre Jacob ayant marqué peut-être davantage la race, à qui il a donné son nom d’Israël.

Je chanterai les louanges du Dieu de Jacob, (r.xxv, 10.)

A ta menace, Dieu de Jacob, ’Ils se sont endormis ceux qui montaient des chevaux’[(lxxvi, 7. » Sonnez de la trompette à la nouvelle lune, A la pleine lune, au jour de’nos fêtes’; Car c’est un précepte pour Israël, Une ordonnance du Dieu de Jacob. (lxxxi, 4-5.)

L’expression « Dieu de Jacob » est même devenue stéréotypée, à ce point que l’on nous parle du « nom du Dieu de Jacob », ps. xx, 2, de la « face du Dieu de Jacob », ps. xxiv, 6.

D’autres noms traditionnels sont appliqués à Dieu. Tout d’abord’Adônâi, qui signifie < Seigneur » (littéralement « mes Seigneurs » ). Ce terme se lit une cinquantaine de fois dans le psautier. Mais on rencontre aussi les formes plus simples d’où a été dérivé le terme d’Adonaï : le singulier’Adôn, par exemple dans ce passage où il est en correspondance avec Elôah :

Devant la face du Seigneur (’Adôn) tremble, ô terre, Devant la face du Dieu (Elôah) de Jacob (exiv, 7),

et le pluriel’Adônîm (ps. viii, 2, 10 ; cxxxv, 5 ; cxxxvi, 3 ; exiv, 7 ; « Seigneur de toute la terre », xcvii, 5).

En second lieu’Eliôn qui veut dire « Très-Haut ». Tantôt il est en apposition à Elôhîm et signifie alors « Dieu très haut » (ps. lvii, 3 ; lxxviii, 56) ; tantôt il est employé seul (ps. ix, 3 ; xxi, 8, etc.). Des trois passages où on le trouve avec Jahvé (ps. vii, 18 ; xlvii, 3 ; xcvii, 9), le premier et le troisième semblent justement avoir voulu gloser le mot’Eliôn par le terme de Jahvé, tandis que dans le deuxième passage, Jahvé est sujet de la phrase.

Le troisième nom est saddai, dont le sens le plus probable est « Tout-Puissant » ; rappelons à ce sujet le passage de l’Exode, vi, 2-3, dans lequel on nous rapporte ces mots de Dieu à Moïse : " Je suis Jahvé. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme’El saddai, mais sous mon nom de Jahvé je ne me suis pas fait connaître à eux. » Le mot de saddai se rencontre dans le psaume archaïque et malheureusement très abîmé, lxviii, 15, et dans le ps. xci, 1, où il fait parallèle à’Eliôn :

Assis à l’abri du Très-Haut (’Eliôn),

A l’ombre du Tout-Puissant (Saddai) demeure.

(On pourra comparer l’usage des noms divins, Elôah, . Elôhîm, saddai dans Job ; voir P. D lionne, Le livre de Jab. p. lu sq.)

Jahvé (ceu qui est ou celui qui fait être) se présente,