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figures marquantes de la Contre Réforme en France. Il naquit en 1518 à Chaumont-sur Aire, dans le duché de Par, au diocèse de Verdun, de parents de condition modeste. Son éducation scientifique fut confiée à son oncle, François Psaume, abbé du monastère « le Saint-Paul de Verdun, de l’ordre de Prémontré, qui l’envoya plus tard aux universités de Paris, d’Orléans et de Poitiers. A son retour a Verdun, son oncle résigna en sa laveur, en 1540, l’abbaye de Saint-Paul. Nicolas Psaume en devint abbé eomniendataire. Il lui répugnait cependant de rester un étranger pour la communauté qui lui était subordonnée et, dès le 25 janvier 1540, il lit profession dans l’ordre entre les mains de Nicolas Goberti, évêque de Panéade, abbé eomniendataire de Saint-Vanne, et évêque suffragant de Verdun. Pendant le carême suivant, Nicolas Psaume lut promu aux saints ordres, et après Pâques, il reçut la bénédiction abbatiale. Il alla ensuite compléter ses études à Paris, où il obtint le titre de docteur en droit canon le 16 décembre 1541.

Dès son retour à Verdun, l’abbé Psaume entra d’emblée dans la haute direction de l’ordre de Prémontré. A ce moment l’abbaye chef avait à sa tête, comme abbé commendataire, François de Pise, cardinal diacre de Saint-Marc, qui avait obtenu cette abbaye en cour de Rome, nonobstant le concordat de 1510 qui spécifiait qu’aucune abbaye chef d’ordre, en France, ne serait donnée en commende. Au chapitre général de l’ordre, réuni à l’abbaye de Saint-Martin de Laon en 1542, Psaume fut délégué pour présenter au roi les doléances de l’assemblée et obtenir son intervention à Rome pour libérer Prémontré. François I er accueil lit favorablement la requête et acquiesça au désir des ministres de voir nommer Psaume abbé général de Prémontré. Un contrat avec le cardinal de Pise aurait laissé à Psaume, de concert avec Josse Coquerel, abbé de Saint— Just-en-Beauvaisis, la haute direction de Prémontré et de l’ordre et conféré une pension annuelle au cardinal. Mais celui-ci profita des troubles qui agitaient la France pour rétracter ses engagements. Le roi députa alors Psaume à Rome, en qualité de procureur de l’ordre, afin de faire confirmer par le Saint-Siège la nomination arrêtée par le roi. Ce n’est qu’en 1543 que l’abbé put partir pour Rome, où il devait en même temps s’occuper de la canonisation de saint Norbert. Il ne put cependant mener à bonne fin sa double mission. C’est à Rome qu’il se lia avec les jésuites Salmeron et Postel.

L’ordre délégua Psaume pour le représenter au concile de Trente et lui adjoignit l’abbé Josse Coquerel pour cette mission. Mais l’abbé Psaume fut empêché par le cardinal Jean de Lorraine, qui lui transmit l’évêché de Verdun, avec l’agrément de Paul III, le 13 juin 1548. Il prit possession de son siège le 13 juillet et fut sacré le 26 août. Il céda l’abbaye de Saint-Paul au cardinal Chai les de Guise, en échange des revenus de l’évêché, tout en se réservant la juridiction spirituelle sur le monastère. Comme les trois villes épiscopales de Metz, Toul et Verdun relevaient encore de l’empire, Psaume encourut l’indignation de Charles-Quint pour avoir accepté l’évêché de Verdun sans l’agrément du suzerain. Pour renouer les liens. Psaume se rendit à Bruxelles et y reçut l’investiture laïque du comté de Verdun, le 5 octobre 1548. En 1549, fut tenu le synode provincial de Trêves, convoqué par l’archevêque Jean d’Isembourg. Psaume s’y employa à la rédaction des statuts. De retour à Verdun, il s’en procuia une édition (15 111), qu’il fit distribuer à tout son clergé. Entre temps, il rebâtit le palais épiscopal et récupéra nombre de biens aliénés de la mense.

Lorsque le concile de Trente fut convoqué derechef, en 1551, Psaume fut délégué par l’empereur (lettre au 23 mars 1551) et par l’archevêque de Trêves (lettre du

1 avril 1551 ; pour s assister.. Il devait excuser ce dernier auprès des légats pontificaux. Psaume arriva a Trente le’.’, mai. deux jours après l’ouverture de la i r’(xi’) session. Le rôle de l’évêque de Verdun, pendant cette seconde période, ne le mit point au premier rang. Ce n’est qu’à la congrégation générale du 23 novembre 1551 qu’il se lit remarquer par un discours persuasif contre les commendes. « Si cet abus ne cessait, dit-il, toutes les réformes projetées resteraient superflues et irréalisables. Quand le 1 I janvier 1552 une commission fut formée pour la rédaction des canons sur la messe et l’ordre. Psaume se trouva au nombre des dix-sept députés et eut une part active dans le travail.

A la suspension du concile, l’évêque revint dans son diocèse. Ce fut pour être mêlé très intimement aux négociations qui amenèrent l’entrée dans Verdun du roi de France, Henri II (12 juin 1552). La déception ne tarda pas. Pour assurer la défense de la place contre les troupes que l’empereur avait ralliées, le gouverneur fit détruire toutes les habitations des faubourgs et les églises voisines des murs d’enceinte. Dans ce désastre disparut l’église abbatiale de Saint-Paul, une merveille d’architecture. Cette destruction se fit si rapidement que Psaume eut à peine le temps de faire prendre copie des inscriptions à l’intérieur de l’abbatiale. Le même sort échut à l’abbaye même, ainsi qu’à l’église et à une partie du monastère des dominicains. Ce qui resta des bâtiments de ces derniers servit d’asile auxprémontréo expulsés de Saint-Paul, tandis que les dominicains furent forcés de se retirer dans l’hôpital de la ville.

La ruine spirituelle du diocèse, occasionnée par ces troubles, retint l’attention de Nicolas Psaume. Il réunit en 1553 un synode pour s’opposer à la propagande hérétique ; il parcourut et visita tout le diocèse et édita un Exposé de la messe. Il lutta contre les meneurs calvinistes Jean Poincignon et le gouverneur Bcucard, en s’appuyant tantôt sur la loi française, tantôt sur les édits impériaux, tantôt sur la force des armes. Pour s’assurer l’intégrale adhésion à la foi catholique chez ses subordonnés, il fit imprimer une profession de foi qu’il présenta à la signature du clergé, de la noblesse, des magistrats et des citoyens.

Lors de la nouvelle convocation du concile de Trente in 1562, Psaume répondit à l’appel aussi vite que le lui permirent les événements. Il quitta Verdun, le 2 octobre, à l’appel du cardinal de Lorraine et rejoignit les prélats français à Dijon. Ensemble, ils firent route à travers la France et le nord de l’Italie et arrivèrent le 13 novembre à Trente, où les Pères du concile les accueillirent avec enthousiasme. La présence du grand cardinal français était un gage d’union et une assurance pour l’achèvement de l’œuvre de réform ?. Aussitôt installé à Trente. Psaume eut une part importante aux travaux et discussions conciliaires. Il annota et résuma avec le plus grand soin toute la suite des délibérations dans un journal ou diarium, que nous possédons encore, et qui permet de souligner le rôle que joua l’évêque de Verdun dans cette assemblée.

Le concile s’occupait en ce moment de formuler les canons qui avaient rapport au sacrement de l’ordre en même temps qu’il discutait la question de la résidence des évêques. Dès le 2 décembre, Psaume prit la parole, après le cardinal de Lorraine, pour appuyer les recommandations que celui-ci avait faites aux Pères de procéder avec calme et modération à l’examen de ces graves et difficiles questions. Dans la séance du 4 décembre, le cardinal avait parlé avec autant de profondeur que d’éloquence de l’institution divine de l’épiscopat et de la primauté du pape. Le lendemain, l’évêque de Verdun défendit également avec une grande hauteur de vues les droits divins du Saint-Siège. Il fit valoir les mêmes arguments que Jacques Laynez, S. J.. théologien du pape, avait exposés dans la séance du