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PRÉSANCTIFIÉS (MESSE DES). RITE BYZANTIN


servi pour le grand carême. D’ailleurs, on l’a rencontrée longtemps avant Doualhl dans le ms. 72 de la Vatlcane (1597). P. Dlb, Étude sur la liturgie maronite, Paris, 1919, p. 94..Mais nous n’oserions pas affirmer avec M. Codrington, Journal…, t. IV, p. 71, et Haussons, op. cit., p. 92, que les maronilrs mil conservé la messe des présanctifiés jusqu’au xve siècle, car ces auteurs ne donnent aucune preuve à l’appui de leur opinion.

A en croire Abraham Ecchellensis († 1664), la messe des présanctifiés ne se célébrait pas chez les maronites, au xvii » siècle :

I.itingiaprsesanctifleatorum neque fiunt apud maronitas neque al) ullo temporc fuerunt in usu ; uti refert David archiepiscopus in suis constitutionibus ; qui scripsit ante sexcentos annos. Cetera ? vero Christian » ; nationes, uti sunt jacobitæ, nestoriani, Armeni et Cophtitaî, célébrant quidem in quadragesimo jejunio, die dominico et sabbati (excepto), sed diverso ritu, uti habetur ex constitutionibus jacobitarum, c. iv, sect. I (Nomocanon Bar Hebrwi) in ha ; c verba : « nec celebretur in majore jejunio (i. e. quadragesima)… nisi die sabbati et dominico : in festo vero Annuntiationis, quoeumque contingat die… et missa celebretur ; similiter quod indiedimidii jejunii." Diversitasautem ritus in eosita est quod horum sacerdotes panem cucharisticum quem reservant in similibus liturgiis non assumunt alio die ut faciunt gra’ci sacerdotes in suis liturgiis pra-sanctilicatorum ; sed conservant illum in aegrotantium usum.

Pour les maronites, ils célébraient la messe ordinaire tous les jours du carême, excepté le samedi. Cf. lettre d’Abraham Ecchellensis à Nihisius, reproduite dans Allatius, De Ecclesiæ occidentalis alque orientalis perpétua consensione, col. 1663-1664. Cette affirmation d’Abraham paraît bien extraordinaire et en contradiction avec les preuves de l’existence de la messe des présanctifiés chez les maronites : les missels manuscrits la contiennent depuis 1597 ; Douaïhi, qui vit un peu après Abraham, en parle et le concile de 1736 la considère comme une très ancienne institution. Il se peut qu’il y ait des confusions dans la pensée d’Abraham Ecchellensis.

2. La célébration.

Les trois textes de la messe des présanctifiés chez les maronites sont identiques. Le ms. de Bekorki, n. 112, p. 433-452 ; le missel de 1716 ; l'édition de 1908, p. 142-164.

C’est après l’office de none du vendredi saint que la messe des présanctifiés se célèbre ; aujourd’hui, on récite none avant midi. L’avant-messe est presque comme dans la liturgie normale, avec préparation du calice, sans prendre d’hostie. On voit que le sedra est composé en vue d’une messe des présanctifiés, car on y parle de la sanctification du calice par l’union au corps.

Le diacre lit une leçon tirée de l'épître aux Hébreux, et le prêtre, l'évangile de saint Jean, xix, 31-37. Après le Credo, on donne le baiser de paix. Le célébrant chante une anamnèse, récite les diptyques et une litanie ; suit le dialogue normal du Sursum corda et enfin le Sanctus et le Vere sanctus es. De nouveau, on récite les diptyques avant l'épiclèse. Cette particularité de réciter deux diptyques est spéciale à cette anapiiore, à celle de saint Pierre et à la liturgie de saint Marc des Coptes. La procession se fait alors du reposoir à l’autel ; puis, une consignation comme celle qui se fait pour la première fois à la messe normale : mêmes prières, le prêtre ne touche pas le vin. Enfin, vient le Pater avec sa préface et son embolisme. Après l’inclination de la tête et les bénédictions usuelles, le célébrant élève l’hostie avec la seule main droite. Le calice n’est pas élevé, et alors tout se déroule normalement. Seconde fraction avec une commixtion réelle, comme à la messe quotidienne. Les fidèles étaient autorisés à communier par le missel de Douaïhi. D’après le missel de 1716, seul l’archidiacre peut communier sans que le

fidèles le puissent. Cf. Les lampes des liturgies, par les missionnaires libanais, Beyrouth, 1909, p. 112.

Mais il y a une tendance à permettre cette communion soit aux moines, soit aux simples fidèles, et, en 1933, l’archevêque maronite de Beyrouth annonça à la messe du jeudi saint qu’il autorisait les fidèles à communier le lendemain. Cette autorisation sera-t-elle maintenue après la publication du nouveau code oriental ?

Dans le rite byzantin.

La messe des présanctifiés est l’office normal du carême dans le rite

byzantin ; c’est la messe de tristesse, celle des jours de mortification. C’est pourquoi elle est encore fort en honneur et chez les catholiques et chez les dissidents. Si l’on célèbre en carême la messe normale les samedis, dimanches et fêtes, les autres jours on ne célèbre ou plutôt on ne devrait célébrer que la messe des présanctifiés.

| Disons seulement un mot du rite arménien. De nos jours, les Arméniens ne possèdent pas la messe des présanctifiés. L’on ne peut pas savoir comment cette liturgie fut introduite dans leur rite, ni quand et jusqu'à quel moment elle était pratiquée. Elle exi-tait certainement en Arménie du xin 8 au xve siècle, puisque nous possédons deux mss. arméniens de cette anaphore. L’un est à la bibliothèque de Lyon : le second à Venise. Cf. F. E. Brightman. Liturgies Eastern and Western, t. i, Eastern liturgies, Oxford, 1896, p. xcvin. ]

1. Renseignements généraux.

De tous les rites, le byzantin pur est le seul à célébrer très souvent la messe des présanctifiés, et quelques auteurs vont jusqu'à affirmer que cette messe est proprement byzantine et que les autres rites n’ont fait que l’emprunter à cette liturgie. Il nous semble, au contraire, que son origine est plutôt syrienne. En elïet, le texte de la messe des présanctifiés est assez développé dans le rite byzantin ; et pour arriver à cet état, il a dû falloir un certain temps ; au contraire, la liturgie syrienne de la consignation du calice est courte, même dans les mss. du xiie siècle. Par conséquent, cette liturgie est plus ancienne, plus primitive ; en tout cas, l’ensemble de la liturgie byzantine provient d’Antioche ; il n’est pas invraisemblable que la messe des présanctifiés en vienne également.

a) Texte. — Le plus ancien ms. contenant la messe des présanctifiés du rite byzantin est le Barberinus 77 (vme ou ixe s.), sans nom d’auteur. On n’y trouve que la partie du prêtre. Brightman en a publié le texte, op. cit., p. 345-352.

La bibliothèque Vaticane possède deux mss. syriaques de la messe des présanctifiés : le Val. syr. 40 (1553) contient les trois liturgies byzantines en syriaque à l’usage des Byzantins de Syrie. Celle des présanctifiés ne porte pas de nom d’auteur, mais il y est dit qu’elle se pratique après none. Le Val. syr. 41 (xive s.) attribue celle des présanctifiés à saint Basile. Assémani, Bibliotheæ apostolicæ Vaticanse codicum mss. catalogus, t. ii, Rome, 1758, p. 280 sq.

Cette anaphore est attribuée à différents personnages. Sophrone de Jérusalem († 638) dit que, de son temps, les uns l’attribuaient à saint Jacques, d’autres à saint Pierre ou à d’autres saints. Cf. Commentarius liturgicus, n. 1, P. G., t. lxxxvii c, col. 3981. Dans le Codex liturgicus, t. vii, p. 73, de J.-A. Assémani, elle est attribuée à saint Marc. D’autres parlent de saint Basile, de saint Germain de Constantinople (t vers 733), d’Athanase, ou encore d'Épiphane de Chypre († 403). Mai' soutient fortement cette dernière opinion. Cf. P. G., t. xi.ni, col. 533-538 ; Brightman, op. cit., p. xcm ; Le Brun, Explication, t. u. p. 376 ; J.-B. Pitra. Juris ecclesiastici Grœcorum historia et monumenta, t. ii, Rome, 1868, p. 296, 321, en note ; Goar, EûxoXiytov sive rituale Grœcorum, p. 177 sq.