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I’R [’DENCE

PRUDENCE DE TROYES

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du ive siècle. Nous apprenons par lui quelles si étaient représentées sur leurs murs et même comment 5 étaient traitées les thèmes classiques.

Nous n’avons pas Ici à porter de jugement littéraire sur l’œuvre <le Prudence : qu’il nous suffise <ic dire qu’on est d’accord pour voir en lui le plus grand poète du iv siècle. Les théologiens liront utilement ses œuvres, qui sont d’intéressants témoins de la foi « l’un laïque cultivé aux environs de l’an 100 ; ils n’y trou Veronl sans doute p ; is d’aperçus originaux, mais ils y apprendront comment un fidèle s’inspirait des enseignements de l’Église et comment il les traduisait pour l’édification de ses frères. C’est surtout comme moraliste que Prudence a exercé une influence durable : la Psychomachie marque le point de départ de toute une littéral lire.

L’édition, définitive sans doute, des ouvres de Prudence est désormais celle de J. Bergman, Aurelii Prudeniii carmin <i. dans le Corpus de Vienne, Vienne et Leipzig, 1920.

L’ouvrage d’A. Puech, Prudence, Paris, 1888, est classique. On verra encore E.-B. Lease, A synlactic, sti/listic and melrical study o Prudentius, Baltimore, 1898 ; J. Bergman, .1. Prudentius démens, der grossie christliche Dichter des Altertums, Tartu, 1922 ; P. Allard, Prudence historien, dans ]<ev. îles quesl. Iiistor., t. xxxv, 1884, p. 345-385 ; le même, Rome au TVe siècle d’après les poèmes de Prudence, ibid., t. xxxvi, 1881, ]). 5-61 ; A. Rosier, lier katholische Ilichlcr Aurelius Prudentius Clemens, Ein Beiirag zur Kirchen-und Dogmengeschichle des IV. und V. Jàhrhunderts, Fribourg, 1880 ; M. I.avarenne, Étude sur la langue du poète Prudence, Paris, 1933 ; le même, I^rudence, Psychomachie, introduction. texte et traduction française, Paris, 1933.

G. Hardy.

    1. PRUDENCE DE TROYES##


2. PRUDENCE DE TROYES, évêque de

cette ville au milieu du ixe siècle († 861). I. Sa personne. II. Ses œuvres. III. Ses idées théologiques.

I. Sa personne.

Son vrai nom est Galindo. Comme beaucoup de ses contemporains, il prit un surnom : Prudence, sous lequel il est plus connu. Espagnol d’origine, il vécut à la cour de Louis le Débonnaire, où il exerçait sans doute les fonctions de chapelain palatin. Sous Charles le Chauve, il devint évêque de Troyes. La date n’est pas facile à préciser. En 846, nous trouvons pour la première fois sa signature sur un acte officiel : une confirmation des privilèges de l’abbaye de Corbie, par un concile de Paris. Hefele pense avec beaucoup de raison que ce concile eut lieu en février 846. Hefele-Leclercq, Hisl. des conciles, t. iv, p. 126 ; pour le texte, cf. P. L., t. cxx, col. 30 D. D’autre part, la lettre XLie de Loup de Ferrières, adressée à l’évêque Prudence (éd. Levillain, dans Les classiques de l’hist. de France au Moyen-Age, t. i, p. 172), nous apprend que Prudence et Loup ont été chargés d’une visite d’inspection et de réforme dans divers monastères. Cette lettre, datée par M. Levillain du début d’avril 845, fait allusion à une autre mission accomplie par les mêmes l’année précédente. Cependant, comme on trouve le nom du prédécesseur de Prudence au bas d’un privilège de 813, on ne peut faire remonter plus haut que cette date, sa nomination au siège de Troyes. L. Duchesne, Fastes épiscopaux, t. ii, p. 452. Sur la part qu’il a prise à la controverse prédestinai ienne voir l’art. Prédestination, S. iv, passim, et spécialement col. 2912, 2921. 2925.

Prudence figure parmi les évêques marquants du royaume de Charles le Chauve. Il meurt en 861. Son nom se trouve en divers martyrologes, mais pas au martyrologe romain.

IL Œuvres. —— Elles sont publiées dans P. L., t. cxv, col. 965-4458.

4° Breviarium Psalterii (col. 1119-1458). « Abrégé <h psautier — ou mieux « Fleurs des Psaumes. Flores psalmorum. C’est une œuvre de piété. Le prologue explique que l’auteur a composé ce recueil à la de mande d’une noble dame » éprouvée ; mais cet abrégé pourra servir aussi aux voyageurs et a ceux qui sont empêchés de réciter les heures canoniales. Dùmmler pense que la noble daine— pourrait bien être l’impératrice Judith et donne comme dates possibles 830 ou s :  ;  :  ;. Voir Mon. Germ. hist., Epistol., t. v, p. 323, noie 4.

2° Florilegium ex sacra Scriptura (col. 1421-1440), Avec des citations de l’Ancien et du Nouveau Testament, Prudence, devenu évêque de Troyes, composa à l’usage des candidats au sacerdoce un recueil d’instructions diverses : Præcepta. A la suite de ces prsecepla, Migne donne, d’après dom Martène, clés extraits d’un pontifical de Prudence ; le mol exact serait « rituel ». Il n’est pas sûr d’ailleurs que Prudence soit l’auteur de ce rituel. D’après dom Vilmart, il s’agirait en réalité d’un missel du i Q siècle. Cf. Rev. bénéd., 1922. p. 282, et Cabrol, Les livres de la lilurgie laline, p. 53, 54.

3° Sermo de vita et morte gloriosx virginis Muune (col. 1367-1376). Panégyrique d’une sainte que Prudence avait connue. Cf. Molinier, Sources de l’hist. de France, t. i, p. 257.

4° Œuvres poétiques et correspondance. — — Rien ou presque rien ne nous en a été conservé. Un petit poème sur les évangiles indique son origine espagnole : Hesy.eria geiitus, Celtas adduclus et altus. Voir P. L., t. cit.. col ! 1 119-1420, et Mon. Germ. hist., Poelæ, t. ii, p. 679. Ce poème précédait une histoire évangélique olïerte par Prudence à son église de Troyes. — La seule lettre qui lui soit attribuée est adressée à son frère, évêque aussi, sans doute resté en Espagne. P. L., t. cit. col. 1367.

5° Continuation des « Annales de Saint-Berlin », de 835 à 861, dans Pertz, Mon. Germ. Hist., Scriptores, t. i, p. 449 sq., reproduit dans P. L., t. cit., col. 13771420. » Chronique officielle très exacte et le plus souvent très impartiale », dit.Molinier, op. cit., p. 246. Ce n’était pas l’avis de l’archevêque Hincmar, qui fut le continuateur des Annales après la mort de Prudence. Avant de reprendre l’œuvre, il exprime en termes assez durs son opinion sur son prédécesseur. Pertz, loc. cit., p. 455 ; P. L., t. cxxv, col. 4203. Il écrit : « Galindo, surnommé Prudence, évêque de Troyes, espagnol d’origine, fut un esprit très cultivé. Pendant quelques années, il combattit Gottescalcle prédestination, mais ensuite, rempli d’amertume contre certains évêques qui combattaient avec lui l’hérétique, il se fit le défenseur acharné de l’hérésie elle même. Il composa alors d’assez nombreux écrits peu cohérents entre eux et contraires à la foi. Quoique épuisé par une longue maladie, il n’a cessé d’écrire qu’en cessant de vivre. »

En ce qui concerne l’affaire de Gottescalc, Hincmar jugea donc nécessaire de retoucher l’œuvre de Prudence. A la date de 819, le compte rendu du synode de Quierzy qui condamna Gottescale ne lui parut point assez sévère pour l’hérétique. Voir les variantes données par Migne, P. L., t. cxv, col. 1402.

A la date de 859 (ibid., col. 1418), Prudence affirme que le pape Nicolas donna son approbation à la thèse de la double prédestination et du sang du Christ répandu pro credentibus omnibus. De cette approbation papale Hincmar déclare dans une lettre à Égilon, archevêque de Sens, ne connaître aucun autre témoignage : Quod per aliuni no.i audivimus nec alibi legimus. Il prie donc Égilon de s’en informer auprès du pape lui même. car. dit-il. il serait scandaleux ipie le pape approuvât l’opinion de Gottescalc. P. /… I. c.xxvi. col. 7H H.

C’est en effet sur la question de la grâce et de la prédestination que se concentre l’activité théologique de Prudence, à propos de l’affaire de Gottescalc, affaire qui occupa l’Église des Gaules depuis le concile de Mayence, en 818. jusqu’à la mort de Gottescalc,