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PRÉSANCTIFIÉS (MESSE DKS ;. RITE PERSAN


censements. Si les mss. la placent au début de l’anaphorc, c’est pour remplacer le sedra ordinaire de la messe normale. Il y est parlé partout du corps et du saiij ; du Sauveur et l’on supplie le Seigneur de transformer le mélange de vin et d’eau contenu dans le calice en son sang vivilicatcur. Les diaconica du codex Sinaiticus donnent les litanies et le renvoi des catéchumènes et les litanies des fidèles. Il n’y a de spécial que la prière du voile. Cf. Brightman, op. cit., p. 496.

b. L’anaphore. — Dans la nouvelle édition, avant le Credo, le prêtre demande au Christ de bénir le mélange mis dans le calice et de l’unir a son saint corps, pour que la réception de ces mystères le délivre lui-même, ainsi que l’assemblée, de la corruption de l’âme et du corps. Missel, p. 232.

Après le Credo, le célébrant se lave les mains et bénit le peuple par la bénédiction tirée de saint Paul comme dans la liturgie normale.

c. La consignation. — Dans l’édition de 1843, il y a d’abord une première consignation. Le prêtre prend l’hostie, la fait descendre dans le calice, touche le vin trois fois, en forme de croix, et dit : « Le calice est consigné par le charbon propitiatoire du corps du Christ, notre Dieu, au nom du Père f et du Fils f et du Saint-Esprit f> une seule force, un seul pouvoir, une seule volonté, un seul vrai Dieu béni et exalté, de lui la vie éternelle. Amen. » Cette formule ressemble à celle de l’ancienne consignation dans la messe normale du rite maronite. Le célébrant remet l’hostie sur la patène ; après cela, une litanie diaconale est dialoguée entre diacre, prêtre et fidèles : pour la hiérarchie, pour les fruits, pour ceux qui ont offert, pour ceux en faveur de qui l’on a offert, pour ceux qui ont désiré offrir et n’ont pas eu le moyen. A ce moment, l’officiant procède à la fraction et à une nouvelle consignation, p. 63, et, cette fois-ci, il laisse tomber la parcelle (margarita) dans le calice.

La formule de la consignation, d’après l’édition de 1922, p. 234, et celle des mss. de Sévère, de saint Jean Chrysost orne ou de saint Basile ne présentent que des variantes minimes. La formule du ms. de 1760 et le Nomocanon, c. iV, sect. viii, donnent cette formule spéciale : Ut unial et sanctificet et transmittat mixtum, quod in hoc calice est, in salutarem ipsius Cliristi Dci nostri sanguinem in remissionem peccatorum, qui vaut d’être relevée.

Depuis ce moment, tout se fait normalement : récitation du Pater avec introduction et embolisme. Le diacre exhorte le peuple à incliner la tête ; le prêtre bénit, puis le diacre demande de regarder avec crainte. Alors le célébrant fait l’élévation, c’est-à-dire l’invitation à la communion qui présente quelques modifications selon les textes : sancta sanctis, ou bien sancta et prœsanctificata sanctis et puris. Dans l’édition de 1843, il est fait mention de l’élévation du calice.

La pensée des jacobites sur la transformation du vin en sang est hors de doute. Cf. M. Andrieu, op. cit., p. 232 ; Mai’, op. cit., p. 27 ; Revue de l’Orient chrétien, t. xxi, p. 36 sq. La formule de la consignation elle-même le prouve et le principe de cette transformation est la commixtion : consignation avec contact. Cf. Lamy, op. cit., p. 191 sq. Dans les actions de grâces, le sang est mentionné aussi bien que le corps. Cf. Rajji, op. cit., p. 35-36 ; Codrington, op. cit., t. iv, p. 80. Les prières préparatoires ne sont pas moins nettes. Cf. Mai’, op. cit., p. 21 ; Bedjan, op. cit., p. 51 ; Assémani, Bibl. orient., t. m a, p. 246.

d. La communion. — Le célébrant communie, et il l’a toujours fait et c’est même obligatoire comme nous l’avons vu à propos de la consignation privée. Le peuple communiait aussi, c’est le but de cette liturgie, car le prêtre consignait moins pour lui même que pour les fidèles, comme nous l’a raconté Bar Hébneus à propos de l’institution de ce rite par Sévère. D’ailleurs, le

Liber demonslralionis, du xiie siècle, critique les jacobites et les melchites parce qu’Us gardent la sainte réserve [jour communier les autres jours. Voir ci-dessus, col. 87.

Toutes les anaphores supposent la communion de l’assemblée puisqu’il y a action de grâces générale. Cf. Journal…, t. v, p. 373 ; Bedjan, op. cit., p. "il ; Mai, op. cit., p. 27. Le missel de 1813 et le ms. de 1760 disent que l’officiant continue la suite comme à la messe ordinaire ; de fait, on ne distribuait pas la communion, car les textes en question ne prévoient la liturgie que pour le vendredi saint. S. G. le patriarche syrien catholique a autorisé la communion du vendredi saint par exception. Le missel de 1922, prévoyant la liturgie des présanctifiés pour le carême entier, permet la communion de l’assemblée, p. 237 sq. Après la communion, les prières d’action de grâces sont récitées, les fidèles sont alors invités à incliner la tête, puis le diacre proclame le renvoi.

Dans le rite persan.

L’Église de Perse ne possédait

pas de liturgie propre des présanctiflés. Elle s’abstenait de toute liturgie en carême. Les saints canons interdisaient toute réserve. Nous avons entendu, col. 87, le métropolite de Nisibe, Élie Bar Shinaia († 1049), protester contre l’usage des melchites et des jacobites. Toutefois, la liturgie des présanctifiés a fini par pénétrer aussi dans l’Église de Perse.

1. Manuscrits.

Les mss. que l’on possède s’échelonnent entre le xvi « et le xviiie siècle. Il est à remarquer cependant que les auteurs qui leur sont assignés par les copistes vivaient du ixe au xiii c siècle.

Si l’on pouvait tenir pour certains ces deux renseignements, on dirait que les nestoriens ont pratiqué cette liturgie du ixe au xvir 8 siècle. Mais la critique de l’usage jacobite par Élie Bar Shinaia († 1049), au début du xie siècle, montre que cet office n’était pas alors en usage en Perse. En effet, métropolite d’une grande ville, Élie devait nécessairement être au courant des habitudes de son Église.

Quoi qu’il en soit, le Vat. syr. 45 a une cérémonie intitulée consignatio super calicem antequam ad allare deferatur, quum eo indigent in die magni conventus. Le même titre se trouve dans le Vat. syr. 66. Tous deux sont datés de 1529. Cf. Assémani, Bibl. apost. Vat., p. 302 et 363. Un ms. de l’université de Cambridge, add. 1988 (écrit en 1559), est attribué à Israël, évêque de Kashkar († 877) ; au British Muséum, l’add. 7181 (daté de 1570), et, à la Bibliothèque nationale de Paris, le Syr. 283 de 1684, portent presque le même titre. « Consignation du calice une fois qu’il est épuisé et qu’on veut consigner un calice qui n’est pas consacré, avec le corps. Composé par Mar Ébedjésus, évêque d’Eilam ou Gandisapor » ; cet auteur vivait au xme siècle, au temps du catholicos Sabriso’IV (12221224). Cf. Zotenberg, Catalogue…, p. 215-216 ; Codrington, Journal…, t. v, p. 535.

A la suite du texte contenu dans le ms. de Cambridge, on trouve un ordo intitulé : Consignatio calicis die necessilatis, antequam ad allare ascendat. Cf. Codrington, Journal…, t. v, p. 544-545. Cet ordo ressemble à ceux de la Vaticane signalés ci-dessus. En 1928, l’abbé Jos. de Kelayta a publié : The liturgy of the Church of the Easl, compared in détails wilh many ancient mss. which their name and date are given in the Syriac introduction ; il donne, p. 243, la cérémonie de la « bénédiction du calice dans un cas de nécessité ». Le groupe catholique de l’Église de Perse n’a pas cette messe et les deux éditions du missel ne la possèdent pas. Quant aux nestoriens, ils n’ont fait qu’emprunter cette institution à leurs voisins les jacobites ; la composition et la structure de leur anaphore le prouvent. C’est la même marche dans les gestes et les prières, et l’on a vu qu’il y a deux sortes de cérémonies, l’une